Apprendre Ă naviguer la multiculturalitĂ© pour devenir soi â Rencontre avec Sarah
Mais aussi : du droit, des baleines et de la sécurité psychologique
Avec cette édition, je te propose de plonger en eaux intercontinentales pour parler : multiculturalité & construction personnelle, sécurité psychologique dans les conversations et droit animal.
La Ploufletter est un espace randomadaire Ă lâintersection entre le sens, lâimpact (socio-Ă©cologique) et lâinclusion pour les actif·ves et pros engagé·es. AthlĂšte confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue đŁ
Tu verras, ici on Ă©voque beaucoup le monde de la natation, alors voici quelques guidelines. La piscine, câest le monde â du travail le plus souvent. La ligne de nage, câest la voie que lâon choisit. Enfin, les nageur·ses â ou swimmers â, ce sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quĂȘte de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
Tu peux aussi :
Amplifier ton impact social en co-créant du contenu avec La piscine (pour les entreprises et solopreneur·ses à impact).
Faire rayonner ta marque et te rendre visible auprĂšs des swimmers en tâassociant Ă la Ploufletter.
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Sur ce, bonne sĂ©ance đ
đŁÂ au programme
Ăditâeau.
Apprendre Ă naviguer la multiculturalitĂ© pour devenir soi â Sarah Oirdighi.
Instaurer plus de sĂ©curitĂ© psychologique dans nos conversations â Checklist.
« Whale, i'm a real boy » - Les baleines, nos concitoyennes.
Quelques ressources pour aller plus loin.
đ Ă©ditâeau
Temps de lecture : 1min
Coucou toi, comment ça va ? J'espĂšre que tu abordes cette derniĂšre longueur avant mai avec entrain â en attendant de pouvoir te dĂ©couvrir dâun fil au soleil. Ici, ça flotte ; au sens propre. Ă tel point que je me suis crue Ă DubaĂŻ le temps dâun trajet maison-piscine hier, flippant. (Je suis Ă deux doigts gantĂ©s de tâĂ©crire « Yâa plus de saisons » mais promis, je me retiens.)
Je pensais tâenvoyer cette Ă©dition hier, mais Substack, la plateforme qui tâenvoie cet email, en a dĂ©cidĂ© autrement. Toujours est-il que je suis joie de te retrouver aujourdâhui â ou bien de tâaccueillir par ici si câest la premiĂšre fois que tu tâimmerges dans une Ploufletter. Merci de me lire !
Avant dâoublier
Aujourdâhui, le programme dâentraĂźnement est dense. Je te propose un tour du monde en 16 minutes â rien que ça â entre : le Saint-Laurent (avec Sarah), la PolynĂ©sie (Ă dos de baleine) et la France (pour parler sĂ©curitĂ© psychologique) ; le tout depuis ton transat.
Fasten your bouĂ©e, weâre about to take off đđŸââïž
Je te laisse, see you en fin dâĂ©dition.
Apolline đ
PS : les parisien·nes, rĂ©servez votre 16 mai au soir, il se peut que je change de piscine municipale le temps dâune table ronde đ
đĄÂ apprendre Ă naviguer la multiculturalitĂ© pour devenir soi â sarah oirdighi
Temps de lecture : 10min
Ma rencontre avec Sarah se fait en décalé, en quasi asynchrone, un vendredi de mars.
Lorsque la visio se lance1, il est Ă peine 9h outre-Atlantique. Sarah nâa pas encore commencĂ© sa journĂ©e de travail et sâapprĂȘte tout juste Ă partir pour un tournage Ă plus dâune heure de chez elle. De mon cĂŽtĂ© de lâocĂ©an, lâambiance diffĂšre. Lâhorloge de mon ordinateur affiche 15h, mon esprit ventriglisse doucement vers le week end qui arrive ; et je vois de mon bureau mes palmes, masque et tuba qui dĂ©passent de mon sac.
Sarah a posĂ© ses valises au QuĂ©bec â Ă MontrĂ©al pour ĂȘtre plus exacte â il y a sept ans. Avant dâĂ©lire ce complexe sportif comme rĂ©sidence principale, la jeune femme a vĂ©cu : au Maroc â dâoĂč elle est originaire â, en France â oĂč elle a Ă©tudiĂ© â, et en SuĂšde â oĂč elle a nagĂ© le temps dâun Ă©change universitaire.
DĂšs les premiers mots Ă©changĂ©s, jâesquisse un sourire.
On dĂ©cĂšle dans la voix de Sarah quelques intonations quĂ©bĂ©coises maĂźtrisĂ©es. Quelques anecdotes partagĂ©es et rires plus tard, elle se met mĂȘme Ă employer des tournures locales â « Elle a bien fait sa job », « Câest correc » ; le tout mixĂ© Ă des expressions françaises.
Ăa me rend encore plus curieuse dâen apprendre sur la maniĂšre dont Sarah navigue entre toutes les cultures dans lesquelles elle baigne. Et ça tombe bien parce que câest lâordre du jour đ
Au dĂ©but, je lisais Sarah pour son expertise sur les rĂ©seaux sociaux. Puis, un jour, en barbotant sur Linkedin, jâai dĂ©couvert un post oĂč elle Ă©voquait :
đđŸââïžÂ Son rapport Ă lâimmigration,
đđŸââïžÂ Les compĂ©tences que lâon dĂ©veloppe en changeant de bassin culturel â que lâon parle adaptabilitĂ© ou force dâesprit â ,
đđŸââïžÂ Et, en creux, sa propre Ă©volution â tant identitaire que professionnelle. De fait, aprĂšs avoir travaillĂ© en agence, Sarah a plongĂ© dans le grand bain de lâentrepreneuriat en 2023.
Wait, what?
Un message, une invitation, et une connexion internet en vrac â de mon cĂŽtĂ© â plus tard, nous voici prĂȘtes Ă Ă©changer et dive deep dans son histoire.
se construire Ă lâintersection
Pour sâimmerger dans la conversation â en guise dâeau sur la nuque â, jâai commencĂ© par poser LA question Ă Sarah « tu voulais faire quoi ou devenir qui plus jeune ? », curieuse dâen apprendre plus sur les aspirations de cette nageuse au palmarĂšs international.
Cette interrogation mâa fait comprendre que la multi-culturalitĂ©, Sarah la porte en elle depuis toujours.
Hello Sarah, merci encore de prendre le temps dâĂ©changer avec moi aujourdâhui ! Pour commencer, je voulais te poser une question que jâadore et qui mâintrigue toujours quand je rencontre quelqu'un : toi, tu voulais faire quoi ou devenir qui quand tu Ă©tais plus jeune ?
Wow, câest dur. Je ne peux pas te donner de rĂ©ponse, jâai commencĂ© ma vie avec une crise identitaire donc je serais incapable de te rĂ©pondre.
Comment ça ?
Jâai grandi au Maroc avec un pĂšre Marocain et une mĂšre Française. Je passais mes vacances dâĂ©tĂ© en France.
Et, lâhistoire du Maroc est particuliĂšre. On a longtemps Ă©tĂ© colonisĂ©s par la France â et dâautres pays â, et ça se ressent encore aujourdâhui sur le pays. Par exemple le français est la premiĂšre langue avant le marocain. On perd notre identitĂ© et notre culture au fur et Ă mesure que le temps passe.
Moi, jâai fait toutes mes Ă©tudes dans l'Ă©cole française. Donc, jâai appris le français, lâhistoire de la France⊠et pas celle du Maroc, alors mĂȘme que jây vivais. C'est vraiment particulier.
Ă ce moment, je mettais en avant la partie française de mon identitĂ©, parce que je savais que câĂ©tait cool, que ça me donnait un certain statut et que ça me permettait dâaccĂ©der Ă certains privilĂšges.
Ho, je connais des personnes qui ont poursuivi leurs Ă©tudes â entamĂ©es en France â dans un lycĂ©e français Ă lâĂ©tranger, mais pas le cas « inverse » oĂč tu fais partie du pays et tu vas dans lâĂ©cole Française. Câest un peu comme si on te dĂ©racinait. Ăa a dĂ» ĂȘtre dur Ă naviguer.
Oui, comme je te disais câĂ©tait vraiment une crise identitaire.
Et en grandissant, le rapport sâest inversĂ©. Je suis arrivĂ©e en France pour mes Ă©tudes supĂ©rieures, et câest lĂ que jâai subi plusieurs discriminations qui mâont fait me dire que câĂ©tait pas possible.
CâĂ©tait des petites phrases nulles tu sais, comme « comment tâes arrivĂ©e lĂ ? », « tu parles bien » etc. Alors pour y faire face, jâai rĂ©agi de la maniĂšre tout Ă fait opposĂ©e : jâai revendiquĂ© mon identitĂ© arabe Ă fond.
ouvrir la parole sur les discriminations
Cette immersion dans un nouveau bassin et le refus dâappartenance Ă une identitĂ© qui faisait pour autant partie de son histoire personnelle de la part de ses pairs mâa interpellĂ©. Son rĂ©cit mâa rappelĂ© les discussions que jâai pu entendre sur Kiffe ta race â oĂč lâinvité·e raconte le moment oĂč iel dĂ©couvre sa diffĂ©rence au travers du regard de lâautre â, ou celles que jâai parfois pu avoir avec des nageur·ses ou entre potes.
Dans ces conversations, je remarque souvent que nos rĂ©actions diffĂšrent beaucoup en fonction de notre niveau de conscience sur le sujet. Jâai donc questionnĂ© Sarah sur son rapport au racisme et « sa prĂ©paration ».
Mes parents ne mâont pas du tout parlĂ© de discrimination. Ils ont vĂ©cu dans lâaprĂšs-guerre, leur logique c'Ă©tait avant tout de se concentrer sur eux, de reconstruire leur pays, de trouver du boulot, pas de penser à ça.
Donc câest la gĂ©nĂ©ration dâaprĂšs [la notre] qui dĂ©couvre et doit dealer avec ça. Jâimagine quâon est beaucoup dans ce cas.
Est-ce que ce climat ambiant a participé à ton immigration Québécoise ensuite ?
Oui ! Je suis restĂ©e 3 ans en France â le temps de finir mes Ă©tudes â, et jâai voulu partir aprĂšs. Je me suis tout de suite dit que câĂ©tait temporaire.
Et comment tu le vis au Canada â enfin, au QuĂ©bec â aujourdâhui ? Comment tu te sens ?
Je ne dirais pas que les gens ne sont pas racistes au Canada, mais je les trouve plus ouverts, bienveillants. Ils sont plus curieux dâen apprendre sur qui tu es, ton histoire, ton expĂ©rience. Ils ne sont pas dans le jugement.
Ils nâont pas peur dâaborder des sujets autour du racisme. Câest malaisant, mais au moins, tu vois, on a la discussion. Câest vraiment une posture diffĂ©rente de la France.
trouver un miroir pour se construire
Avant de laisser Sarah ventriglisser dans sa journĂ©e de travail, on a pris le temps de sâimmerger dans la phase actuelle de son histoire : son Ă©mancipation et son engagement sur les rĂ©seaux â dont elle a dâailleurs fait son mĂ©tier.
Je vois que lâheure tourne, il me reste deux questions avant de te libĂ©rer. Je me demandais dâabord : comment tu as fait pour apprendre Ă te connaĂźtre et te construire toi ?
Je dirais, en voyageant seule, en testant, en allant découvrir de nouvelles choses.
Et au-delĂ du voyage, est-ce quâil y a dâautres choses qui ont pu te porter ?
Oui, lâĂ©tat dâesprit canadien !
Au Canada, tout est possible. Personne ne vient te dire que tu ne peux pas devenir x ou y comme en France, ou mĂȘme au Maroc. Il nây a pas de limite Ă lâambition et ça, ça mâa permis de vraiment devenir moi et tester autant de choses que je voulais.
Les rĂ©seaux mâont aussi beaucoup aidĂ© Ă trouver des personnes vers qui me tourner, me renseigner, ou pour prendre la parole moi-mĂȘme. Câest un process. Et je me suis rendue compte que jâavais beaucoup Ă©voluĂ© quand jâai vu quâon a commencĂ© Ă parler de dĂ©coloniser nos mindsets.
Super intéressant !
Morale de lâhistoire : allons tous·tes piquer une tĂȘte dans le Saint-Laurent pour se trouver ? (Non.)
Ma derniĂšre question tournait autour des rĂ©seaux : comme tu es Ă lâintersection de plein de choses, dâidentitĂ©s et de cultures, comment tu fais ou a fait pour trouver des roles models ?
[Rires] Câest simple : il nây en a pas ! Câest pour ça que jâai envie de proposer ce genre de contenu et de mettre ces modĂšles en avant.
En fait, je me retrouve pas dans les contenus partagĂ©s aujourdâhui. Soit je vois des femmes qui mettent de cĂŽtĂ© cette identitĂ© et nâen parlent pas ou Ă lâinverse des femmes qui ont plus un cĂŽtĂ© activiste et revendicateur. Mais pas de mix.
Ă la limite aujourdâhui on a Nesrine Slaoui qui a Ă la fois lâactivisme et le contenu plus dĂ©calĂ©, lifestyle quâelle propose parfois. AprĂšs il y a aussi tout un travail à faire sur la diffĂ©rence entre les femmes arabes, maghrĂ©bines ou du Moyen-Orient.
Je travaille sur un podcast autour de ça justement.
Je vois tout à fait ! AprÚs sur ce genre de contenu mixte il y a aussi Sally qui fait un peu ça, non ?
Câest vrai ! Quand il y avait eu lâaffaire avec Air France2 câĂ©tait la premiĂšre fois que je pouvais voir quelqu'un qui avait un impact concret Ă partir des rĂ©seaux. Elle a quand mĂȘme rĂ©ussi Ă faire changer les choses et avoir un retour de lâentreprise. Je me suis dit yes, letâs go!
Les rĂ©seaux ont vraiment participĂ© Ă forger mon identitĂ©. Avant il nây avait que les gros mĂ©dias qui prenaient la parole mais ça change. Aujourdâhui, ça me semble vraiment important de faire ce travail Ă mon tour.
Au dĂ©but je me disais « non, câest pas pour moi, câest tough » mais câest tellement essentiel.
Merci beaucoup pour ton retour ! Jâai trop hĂąte de continuer Ă suivre tes aventures et plonger dans ce nouveau podcast que tu nous prĂ©pares. JâespĂšre quâon se reverra vite au bord du bassin !
đđŸ Si la question de reprĂ©sentation tâintĂ©resse, je tâinvite Ă aller piquer une tĂȘte du cĂŽtĂ© de la Ploufletter sur Riz Ahmed oĂč lâon revenait ensemble sur le discours de lâacteur autour de notre besoin dâouvrir nos imaginaires sociaux au-delĂ des stĂ©rĂ©otypes.
Et si tu veux tâimmerger dans lâunivers de Sarah, swim par ici ou par lĂ pour suivre les coulisses de son podcast.
đ pourquoi on kiffe ?
Je crois que câest la premiĂšre personne que je rencontre qui me parle aussi explicitement du besoin quâelle a eu de « dĂ©coloniser son esprit » pour se construire, et qui aborde aussi librement la question dâintĂ©riorisation de certains stĂ©rĂ©otypes, mĂ©canismes ou prĂ©jugĂ©s sur une population donnĂ©e... dont lâimpact se fait ressentir sur nos propres comportements.
Je me suis beaucoup retrouvĂ©e dans son envie de mettre en avant une identitĂ© plutĂŽt quâune autre en fonction de notre entourage vs. son approche actuelle beaucoup plus fluide.
Cette Ă©volution mâa fait penser Ă lâĂ©pisode du podcast Emotions de Binge Audio sur la confiance avec Navo â le co-auteur de la sĂ©rie Bref. Celui-ci y distingue deux maniĂšres dont se construit cette confiance :
â le locus externe â câest le regard que porte notre entourage / la sociĂ©tĂ© sur nous et/ou nos rĂ©alisations qui va dĂ©finir notre valeur,
â le locus interne â nous sommes seul·es juges de notre valorisation.Le premier cas, câest ce que beaucoup dâentre nous intĂšgrent â notamment via le systĂšme scolaire et la notation. Mais cette extĂ©riorisation se retrouve dans plusieurs autres domaines â comme les standards de beautĂ© ou le rapport au professionnalisme dont on avait parlĂ© en abordant la discrimination capillaire.
Arriver Ă retrouver le fil de flotteurs de tout ça demande un Ă©norme travail. Et je suis super admirative de voir que Sarah arrive Ă mettre des mots sur son processus de (dĂ©/re)construction aujourdâhui !
Jâadore lâapproche trĂšs lifestyle que Sarah a de lâactivisme et de la conscience quâelle a de la complexitĂ© de nos identitĂ©s.
Dâailleurs, câest exactement de cette maniĂšre quâelle aborde sa ligne Ă©dito. Elle distille des Ă©lĂ©ments (trĂšs) forts sur ses engagements et sa construction personnelle en alternant avec des Ă©lĂ©ments trĂšs ciblĂ©s sur son expertise numĂ©rique â sans pour autant sâenfermer dans une case.
Je trouve ça Ă la fois super malin car : cela permet de faire plonger des personnes qui ne seraient pas familiĂšres du sujet dans ces enjeux sociaux forts. Mais, câest aussi rappeler quâon est des personnes Ă part entiĂšre et doncâŠ. multiples !
LâidentitĂ© de Sarah sâest forgĂ©e Ă lâintersection du voyage, de sa multi-culturalitĂ©, de son intĂ©rĂȘt pour les rĂ©seaux, et de mille autres Ă©lĂ©ments.
Peut-ĂȘtre quâaccepter cette multiplicitĂ© â qui forge son unicitĂ© â et en jouer, câest la meilleure maniĂšre de lui rendre hommage ? (Viens, on sâen inspire aussi đ)
Enfin, je trouve es-sen-tiel le rappel que Sarah a fait sur le fait quâil nây a pas « de bonne ou de mauvaise question » lorsquâon aborde certains sujets touchy, mais plutĂŽt « de bonne ou mauvaise posture ».
Câest tout le travail que jâessaye de faire lorsque je parle de sĂ©curitĂ© psychologique, car lâobjectif nâest pas dâĂ©viter ces conversations parfois inconfortables, mais de crĂ©er un cadre sĂ©curisant pour les avoir.
Et en parlant de ça, je te prĂ©senteâŠ
đ instaurer plus de sĂ©curitĂ© psychologique dans nos conversations â checklist
Temps de lecture : 3min
Alors, comment faire pour adopter une posture plus safe dans nos conversations sur les sujets touchy sans se noyer dans le Saint Laurent ? Voici un petit kit chlorĂ© non exhaustif pour ce faire. Je lâai Ă©crit dans la continuitĂ© de ma discussion avec Sarah â donc pour parler discriminations pour mieux comprendre le vĂ©cu dâune personne â, mais il peut te servir dans plein dâautres situations.
đđŸââïžÂ Demande le consentement â et trouve le bon moment pour discuter. Assure toi que la personne avec qui tu souhaites Ă©changer est prĂȘte et dans de bonnes conditions pour accueillir ta parole et tes questions. (Comme ailleurs, le consentement peut Ă©voluer, alors je tâinvite Ă checker au fur et Ă mesure de la conversation que le sujet est toujours ok.)
Je tâinvite aussi Ă expliciter lâobjectif de lâĂ©change pour ne pas prendre la personne de court sur les sujets ou questions que tu aimerais aborder. Pas besoin dâenvoyer une invitâ sur Google Agenda pour plonger ensemble dans ces sujets â câest pas un entretien.
« Es-tu ok pour quâon ait une conversation sur x, y ,z sujet ? », « Jâaimerais mieux comprendre ton approche / ta perspective sur x, y, z sujet, tu es ok pour quâon en parle ? », enfin, assure toi de respecter les limites de celle-ci dans votre Ă©change. « Y a t-il des Ă©lĂ©ments que tu ne souhaites pas aborder ? »
đđŸââïžÂ Prends le temps de situer ton propos.
De cette maniĂšre, ton interlocuteur·rice est avertie sur ton niveau de conscience, de maĂźtrise ou dâapprentissage sur le sujet.
« Je dĂ©couvre le sujet jâaimerais en apprendre plus sur x, y, z », « Je suis toujours en cours de dĂ©frichage sur x, y, z »
đđŸââïžÂ Ăcoute les propos, lâexpĂ©rience de la personne.
Si tu nâes pas familier·e avec son vĂ©cu, tu peux paraphraser ou reformuler ce quâelle te dit pour tâassurer dâavoir bien compris.
En bref, joue la comme les QuĂ©bĂ©cois·es ! Pour ne pas citer Sarah (et siiii, oups), je rĂ©sumerais la posture Ă : « ĂȘtre curieux·se plutĂŽt que dans le jugement. » (Je te lâaccorde, câest plus facile Ă dire quâĂ faire.)
đđŸââïžÂ Faites des pauses.
Certains sujets peuvent ĂȘtre longs Ă traiter / aborder.
Vois ça comme un entraĂźnement natatoire Ă intervalle pour ton cardio : on peut alterner entre des phases intenses et des phases de repos pour rĂ©cupĂ©rer. Sur le moment, ça peut ĂȘtre frustrant, mais câest au repos quâon se rend compte du progrĂšs.
Pour la conversation, câest pareil. On peut ĂȘtre frustré·e de ne pas avoir pu tout traitĂ© en une fois, mais faire des pauses dans la discussion ou traiter le sujet en plusieurs fois, permet parfois dâaller plus en profondeur â en se laissant du temps pour dĂ©canter et assimiler.
đđŸââïžÂ Prends le temps de remercier la personne Ă la fin de votre Ă©change. Surtout si vous avez abordĂ© des Ă©lĂ©ments difficiles.
đđŸ Pour crĂ©er le guide je me suis servie de mes recherches pour la section « Ă©valuer le degrĂ© de sĂ©curitĂ© psychologique dâun environnement » de mon ebook. Jâai aussi crawlĂ© sur Jeunesse Ăcoute Canada qui fournissent plusieurs guides pour plonger dans la santĂ© mentale sous toutes ses formes â tabarnouche, câest vraiment des boss.
đ « whale, i'm a real boy » - les baleines, nos concitoyennes
Temps de lecture : 3min
Le saviez-tu ? (Avant de lire lâinfo, moi, non.)
Suite Ă la prise de parole du roi des MaĆris alertant sur lâurgence de protĂ©ger les baleines le 28 mars dernier, les gouvernements nĂ©o-zĂ©landais, Tahitien, et dâautres Ăźles de lâarchipel PolynĂ©sien ont octroyĂ© aux baleines ont le statut lĂ©gal de personne le 15 avril. ConcrĂštement, cela signifie quâelles obtiennent divers droits de libertĂ©, de mouvement, dâhabiter un environnement sain, etc.
Lâhistoire du peuple MaĆri et celle des baleines ont toujours Ă©tĂ© Ă©troitement liĂ©es.
Ă la fois guides et compagnes de navigation, ces derniĂšres ont aussi occupĂ© un rĂŽle important dans la survie et le dĂ©veloppement Ă©conomique des MaĆri. Ce, tant grĂące Ă la rĂ©cupĂ©ration des restes du mammifĂšre apportĂ©s par la mer â os ou ivoire â, que la chasse.
Câest ensuite, avec lâindustrialisation de la chasse au XXĂšme siĂšcle, que les NĂ©o-ZĂ©landais·es ont commencĂ© Ă sâĂ©lever contre cette pĂȘche. (Sources : MusĂ©e Te Papa Tongarewa)
Dans les faits, mĂȘme si cette dĂ©cision peut sembler insuffisante pour sauver cette espĂšce, câest un joli coup de palme pour leur protection.
Lâobtention de ce statut dont la procĂ©dure a Ă©tĂ© amorcĂ© en 2012, va permettre dâentraver â voire de ralentir â certaines actions mortifĂšres pour lâenvironnement des cĂ©tacĂ©s ou leurs conditions de vie.
Dâailleurs, ce nâest pas la premiĂšre fois quâun Ă©lĂ©ment naturel se voit octroyĂ© un statut juridique dans le pays !
En 2017, la Nouvelle-ZĂ©lande avait octroyĂ© une personnalitĂ© juridique au mont Taranaki et Ă la riviĂšre Whanganui â tous les deux emprunt dâune forte charge spirituelle pour les MaĆri. Depuis, ce statut a permis dâannuler ou de ralentir des projets qui porteraient atteinte Ă leur conservation. Câest dans ce mĂȘme esprit de protection que Tuheitia Potatau te Wherowhero VII â le roi des MaĆri â a exprimĂ© le besoin de reconnaĂźtre le mĂȘme statut aux baleines.
âđŸ Cette division des pouvoirs remonte Ă la colonisation anglaise.
Le 6 fĂ©vrier 1840, le traitĂ© de Waitangi reconnaĂźt les droits dâingĂ©rence locale Ă la Grande-Bretagne. Les MaĆris obtiennent toutefois le droit de souverainetĂ© sur les biens immatĂ©riels â et spirituels â comme ici. (Source : HĂ©rodote)
Symboliquement, câest une autre paire de manche de peignoir.
MĂȘme si la population indigĂšne ne reprĂ©sente que 6% de la population mondiale, elle protĂšge 80% de notre biodiversitĂ©. MalgrĂ© tout, aux yeux â embuĂ©s par le masque de plongĂ©e â de la loi, les populations autochtones sont considĂ©rĂ©es comme mineur·es : colonisation des terres, assimilation forcĂ©e, ingĂ©rence Ă©trangĂšre⊠et jâen passe. (Source : Amnesty)
ReconnaĂźtre ce statut de personne lĂ©gale aux baleines, câest aussi reconnaĂźtre, en creux, la culture MaĆri et sa lĂ©gitimitĂ© Ă entrer dans le dĂ©bat environnemental.
Cette reconnaissance juridique baleiniĂšre sâinscrit dans la lignĂ©e de moult autres actions des peuples luttant pour leur droit dâautodĂ©termination â comme au Paraguay, au PĂ©rou, etc.
En tout cas, tu te doutes bien que vu le branding de La piscine, jâĂ©tais o-bli-gĂ©e de te parler de cette actu ! Et, comme pour les enjeux liĂ©s Ă la mode, on voit bien que les questions sociales et environnementales sont Ă©troitement liĂ©es. (Car oui, ça introduit un sujet que jâaimerais dĂ©velopper â plus tard.)
đđŸ Pour tâimmerger plus avant dans la thĂ©matique â en attendant que je finisse ma propre exploration â, je te partage le site de Mikana et Espace Autochtone de Radio Canada, tous les deux recommandĂ©s par Flore Deshayes, travailleuse sociale et nageuse dâĂ©lite qui travaille sur ces enjeux. (Merci encore Ă elle !)
đ Â quelques ressources pour aller plus loin
đđŸÂ Pour prĂ©parer cette Ă©dition, jâai replongĂ© dans cet Ă©pisode du podcast Miroir Miroir de Jennifer Padjemi qui interroge nos reprĂ©sentations, notre rapport Ă la beautĂ© et nos corps.
đđŸÂ MĂȘme si Sarah est allĂ©e aussi vite quâun espadon â aka, trĂšs vite â dans son parcours, je te recommande cette Ă©dition de la Ploufletter sur les bienfaits de la lenteur pour trouver sa voix·voie.
đđŸ Je connaissais Nathalie Sejan pour ses collaborations avec Marion SĂ©clin. Jâai (re)dĂ©couvert son travail la semaine derniĂšre au dĂ©tour de la riviĂšâŠde mes suggestions youtube avec son TED Comment devient-on une bonne histoire ?
Dans ce talk, elle nous parle de notre rapport conflictuel au succĂšs â de plus en plus prĂ©coce â, des actions que lâon entreprend pour injecter du sens Ă notre quotidien et qui tissent une Ă une le rĂ©cit de nos trajectoires de nage, avant de nous plonger dans sa mission de faiseuse dâhistoires.
Une vidĂ©o Ă regarder for sure avant dâaller faire un plouf du cĂŽtĂ© de sa newsletter-blog oĂč de ses multiples productions audio toutes aussi chouettes les unes que les autres pour tâapproprier la crĂ©ativitĂ© sous un nouvel angle.
đđŸÂ Comme je te lâexpliquais dans la Ploufletter sur les JO, jâai mis trĂšs longtemps Ă dĂ©couvrir que bell hooks â une autrice souvent citĂ©e pour son travail sur lâamour â avait surtout explorĂ© la notion dâintersectionnalitĂ©. Depuis, je me suis immergĂ©e dans plusieurs de ses ouvrages. Je te reco tout particuliĂšrement : Where we stand: Class matters, et De la marge au centre â ThĂ©orie FĂ©ministe.
Ăa tâa plu ? Fais passer le mot !
Pour rappel si tu veux quâon travaille ensemble tu peux đđŸ
Plonger dans mes offres dâaccompagnement et de co-crĂ©ation de contenu pour amplifier ton impact social (Ă destination des entreprises et solopreneur·ses à impact)
Tâimmerger dans mon media kit pour tâassocier Ă la Ploufletter et te rendre visible auprĂšs des swimmers.
Ă trĂšs vite pour un nouveau plongeon đ
Apolline
En attendant la prochaine Ă©dition, on se retrouve sur Linkedin ?
Oui, ici on est low-carbon mais pas encore low-tech
En Ă©tĂ© 2023, Sally avait partagĂ© des vidĂ©os sur son compte racontant (et montrant) lâattitude discriminatoire du personnel de bord Air France sur un vol. Au vu des documents et lâinfluence de la jeune femme (plus dâ1M de followers sur instagram et 600 000 abonné·es Ă sa chaĂźne youtube), la compagne aĂ©rienne avait dĂ» rĂ©agir et rendre des comptes publiquement.