Whalecome dans cette édition un peu particulière ! Je t’y parle de mon été, de la vie dans (et hors de) La piscine ainsi que des raisons qui m’ont poussée à changer de ligne édito. Long story short : it’s same-same, but different.
La Ploufletter est un espace où l'on parle orientation et quête de sens sur fond de sociologie et mauvais jeux de mots. Athlète confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue 🎣
Tu verras, ici on évoque beaucoup le monde de la natation pour faire référence au fait de se lancer « dans le grand bain » à l’âge adulte. La piscine, c’est le monde – du travail le plus souvent. Le couloir de nage, c’est la voie que l’on choisit. Les différentes techniques de nages, les paliers que l’on passe. Enfin, les nageur·ses sur la planche ou dans le bassin, ce sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quête de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
Tu peux aussi
Plonger dans le carnet de jeu À l’eau pour lancer ton introspection
Découvrir le programme introspectif La culbute pour apprendre à te connaître et tracer ta voie
T’abonner à la Ploufletter si on t’a transféré cette édition 👇🏾
Sur ce, bonne séance 🐋
🐟 Avant le plongeon
Coucou toi ! J’espère que l’été fut bon et que les sorties en eaux libres t’ont permis de déconnecter suffisamment pour attaquer le mois de septembre d’un bon coup de palme. Ici ça barbote, j’ai profité de l’été pour changer de terrain aquatique et je dois dire que ça m’a fait le plus grand bien. Entre rédaction, défis vidéos, rencontres utilisateur·rice et natation, les deux derniers mois ont été assez intenses.
Alors, pour une fois, j’ai suivi mes conseils (cf. la dernière édition) et j’ai pris du temps pour 👇🏾
→ Faire le point,
→ Prendre du recul,
→ Me former,
→ Et préparer la suite.
Et comme la suite, c’est déjà maintenant (Hollande sort de cette combi), c’est ce dont on va parler ensemble aujourd’hui. Si tu me lis sur Linkedin, tu as déjà pu avoir un aperçu des sujets qui vont guider la ligne de flotteurs de la deuxième saison de la Ploufletter. Mais avant tout pour cette édition hors-série, laisse moi te raconter une histoire.
J’te cache pas que je suis pas à l’aise, mais let’s go.
Fasten your bouée, we’re about to take off🏊♀️
🐠 salut, t’es qui ?
En t’écrivant aujourd’hui, j’ai un peu l’impression d’être comme la personne rencontrée en soirée avec qui tu commences à discuter, à partager tes questionnements, avant de te rendre compte – de manière fort awkward – que tu ne connais ni son prénom, ni son histoire. Ou comme le/la pote qui t’annonce qu’iel a traversé la Méditerranée à la nage en solo alors que tu ne l’as jamais vu·e mettre un orteil dans l’eau.
Dans le podcast « Kiffe ta race », Grace Ly et Rokhaya Diallo demandent systématiquement à leur invité·e de « se situer sur le plan racial ». À la fois pour que l’on puisse se faire une image de la personne – puisque c’est un podcast –, mais aussi et surtout parce que toute parole, tout angle est situé.
Et il apparaîtrait que je ne t’ai jamais dit « d’où je parle ». C’est donc ce que je m’apprête à faire aujourd’hui, d’autant plus que la genèse de La piscine découle de ma trajectoire de nage.
→ Au programme du jour 👇🏾
La naissance de La piscine et ses angles morts.
De la fragmentation à la cohérence avec la saison #2 de la Ploufletter.
Et maintenant ?
On se retrouve en fin d’édition,
Apolline 🐋
PS : la ploufletter a été rédigée avec Saïgon de George Ka dans les oreilles. Coïncidence pour parler quête identitaire ? Je ne pense pas.
🐡 chercher sa place, une récurrence
pourquoi la piscine ?
Quand on me demande d’où vient mon obsession pour la quête de sens, je raconte souvent la même histoire :
J’ai 18 ans. Je viens de passer le bac et je ne sais toujours pas quoi faire de ma vie. Bonne élève, je choisis de m’offrir un répit. Je plonge à palmes jointes dans la voie de la procrastination de mon orientation. D’abord en allant en prépa, puis, en école de commerce où je me spécialise en entrepreneuriat – faute d’avoir pris le temps de réfléchir à mon orientation de nouveau.
Une fois en deuxième année, je me rends compte qu’aucun débouché proposé m’attire. Commence alors un marathon natatoire entre rencontres de pairs – pour comprendre comment iels ont construit leur orientation –, de pros – pour mieux appréhender l’accompagnement carrière et le bassin professionnel.
Les questions principales qui m’animent sont les suivantes : « Comment identifier ce qui fait sens à mes yeux ? Comment construire une vie professionnelle à mon image ? Et comment trouver sa place / faire porter sa voix lorsqu’on se cherche ? »
De ce marathon naît La piscine et la Ploufletter – que tu lis depuis peut-être quelques jours, mois ou année·s.
Pourtant, parmi ces questionnements, manquaient quelques éléments.
started from la pataugeoire now we here
De fait, la quête de récit personnel et l’impression récurrente d’avoir la combi entre deux cintres, ont toujours rythmé ma vie dans la piscine.
Pendant ma scolarité, j’ai souvent été la seule personne différente – car non-blanche. J'ai découvert le multiculturalisme à 16 ans lors de mon premier échange aux États-Unis en 2009 où, malgré une diversité apparente, aucun groupe social ne se mêlait. L’impression de n’appartenir à aucune swimming team s’accentue d’autant plus qu’étant une personne adoptée, aucun groupe ne semblait me correspondre.
En 2018, je participe à un concours national qui permet à un·e étudiant·e de réaliser un stage auprès de la/du boss d’un grand groupe. Je me dis que les chances de finir sur le podium sont minces …. Après tout, mon profil est « atypique », orienté innovation, petites structures et lancement de projet. Ce qui m’arrange puisque que les dernières poules de sélection ont lieu pendant mes vacances au Québec. Manque de chance1, je suis prise. En pleine euphorie, je traverse l’Atlantique en urgence pour effectuer les épreuves. Une fois en France, sous le coup du jetlag, je m’allonge et m’endors dans le train Paris-Lyon pour reprendre des forces.
Je suis réveillée par une mère de famille apeurée, pensant que je voyageais de manière clandestine. Le choc.
👉🏾 Cette anecdote m’a appris que : peu importe le prestige de mon parcours et mes réussites, je portais ma différence sur mon visage. C’est ce sentiment que décrit Shirley Souagnon au micro d’Antonin Archer : « j’ai pris conscience que j’appartenais à une équipe ».
Ou, comme avait confié Thu-An, une des fondatrices de Bissai Media, « Ma mère me disait toujours : si tu n’as pas ton passeport, qui croira que tu es française ? » Thu-An pour La piscine
En 2019, je suis en école de commerce. Le scandale du Petit Paumé de 2019 m'a ramenée à l'évidence : le racisme est partout – et peut-être encore plus décomplexé dans les milieux où l’entre soi est de mise.
En 2020, j’intègre une structure référente de l’ESS en stage. Malgré un discours externe très inclusif, en interne, on se ressemble tous·tes. Même diplôme bac +5 de grande école, souvent même milieu social, et même couleur – nous ne sommes que 2 personnes noires. Curieuse, je demande pourquoi. La réponse : « On a déjà une diversité LGBTQIA+ ». Okdac.
Enfin, 2022 je fais ma rentrée dans une nouvelle structure. Une des premières questions que me pose ma voisine : « Tu viens d’où ? ».
Comment faire dans ce cas pour trouver sa place ?
🐟 les premiers contenus - un tâtonnement
En parallèle, j’utilise la création de contenu pour partager mes réflexions, mes envies et mes valeurs 👇🏾
🏊🏾♀️ J'ai ouvert mon premier journal en primaire. J'ai longtemps imité le style Anne Franck, en mode échange épistolaire, pour éviter de parler à la première personne (spolier alert : j’ai mis des années avant d’opérer le changement).
🏊🏾♀️ J'ai ouvert mon premier blog en 2017. J'y documentais mes apprentissages sur l'écosystème startup, l'innovation et la création de projet. À l'époque, mon projet était de débuter ma carrière dans un pays anglophone2, donc le blog était full en anglais (accessoirement j'assumais pas ma plume en français).
J’y ai ensuite ajouté – par touches – quelques articles sur le dev perso et la quête de sens avant de scinder les contenus et d’ouvrir La piscine 👇🏾
🏊🏾♀️ J'ai lancé la newsletter et le podcast Plouf sur le téco à la fin de mes études. J'ai tenté plusieurs formats, plusieurs styles, avant d'accepter que produire quelque chose sans blague ou jeu de mots, c'était "pas moi". Ce nouveau projet marque aussi le premier contenu écrit à la première personne.
Et en sous-marin, je militais 👇🏾
🏊🏾♀️ En école de commerce, j’ai découvert la double peine que représentait le fait d’être une femme noire. Pour tenter de faire bouger les lignes de l’équité, je rejoins un collectif féministe.
🏊🏾♀️ En guise de réponse au Petit Paumé Gate 2019, j’ouvre avec une amie un compte sur les réseaux pour rendre visible le manque de mixité socio-ethnique en école (cf. l’épisode du Ploufcast avec Bissai Media). Mais par peur des répercussions négatives, on ne dit rien.
🏊🏾♀️ En 2021 j’ouvre un deuxième compte, cette fois sur l’adoption.
Mais reste encore et toujours cette volonté de scinder les engagements. Tant pour ne pas « me griller » que par peur du regard des autres.
🦀 finie la fragmentation, bonjour la cohérence.
« Je crois sentir ces morceaux qui s'assemblent » - George Ka
Flashforward to aujourd’hui où, malgré une apparente équité dans les projets accompagnés par mon swimming club actuel, je ne peux que constater le manque criant de diversité sociale et ethnique. Pire. Lorsque je demande à mes co-nageur·ses pourtant chacun·e spécialisé·e dans son domaine de me citer des figures dans leur domaine (écologique, cuisine, etc.) issues de la diversité, tous·tes sèchent. Comme si entreprendre / prendre la parole / être moteur·rice dans la transition était l’apanage d’un type de nageur•ses only.
Je pourrai te raconter le jour où une personne accompagnatrice m’a dit « C’est marrant que tu travailles sur un sujet de privilégié·e alors même que tu n’as pas tous les privilèges. » Ou encore celui où l’on m’a demandé – sous couvert de bienveillance – le premier jour « Tu viens d’où ? C’est tes parents qui sont venus en France ou tu es venue pour tes études ? ».
Car les milieux dits d’impact, de sens etc. ne sont pas exempts de certains biais.
Dans un article sur le sujet, Le Monde parle des clichés qui touchent encore ce milieu. Les figures de l’engagement moderne occultent une partie de la population, à l’image des écoles dans lesquelles « l’élite » est formée. La première idée de la diversité, c’est l’égalité H/F, mais il y a encore tant d’angles morts.
Alors je me demande : ai-je ma place dans ces domaines ? Où sont celleux qui, me ressemblent ou sortent de la norme ? Et comment engager, parler durabilité si la parole est uniquement concentrée par un type de personnes ?
Plus j’avance, plus cette fragmentation personnelle – et d’engagement – me coûte. D’autant plus que de nombreux·ses co-swimmers m’ont confié n’avoir pas conscience des valeurs que je portais dans La piscine… puisque je n’en parlais qu’en OFF.
Tout ceci m’a fait comprendre que continuer à fragmenter mes identités – et donc mes engagements – me coûtait plus que de raison. Alors que faire ? Depuis le début de l’année 👇🏾
🏊🏾♀️ Je me suis entourée de nouvelles personnes pour accompagner ce changement de direction.
🏊🏾♀️ J’ai rencontré divers·es responsables de la transition et de la diversité en entreprise.
🏊🏾♀️ J’ai réfléchi à différentes manières de conjuguer sens au travail, orientation et ces valeurs.
🏊🏾♀️ Et j'ai mis fin à un accompagnement dans lequel je ne me sentais pas safe de développer cette nouvelle direction.
🦑 les palmes entre deux bassins
Alors quoi ?
1️⃣ Au cœur de La piscine se trouve une envie : celle d’aider toutes les personnes en questionnement à trouver leur voie et s’engager dans une ligne de nage qui fasse sens. À la foi pour soi, mais aussi pour la société.
Sauf que notre approche éducative française repose sur la cohérence, le diplôme, et la compétition avant l’individu – tout comme les marqueurs de réussite qui accompagnent cette vision.
Pourtant, pour créer des sociétés plus durables – c’est l’humain qui devrait prôner.
Cette logique « voie toute tracée », je l’ai vue dans mon parcours et celui des nageur·ses passé·es au bord du bassin.
👉🏾 Comment faire lorsque mon ambition (d’impact, de vie professionnelle) sort de la norme ?
2️⃣ Plus j’avance, plus je lie les sujets. Sur tous·tes les nageur·ses, la majorité sont soit des femmes, des personnes minorisées dans leurs études ou transfuges.
Que l’on parle d’origine ethnique ou sociale, une chose revient toujours dans nos échanges : comment trouver sa voie, prendre la parole et prendre sa place dans un environnement où notre présence est tolérée plus qu’acceptée et où l’on fait office d’exception plutôt que de la norme ?
Bref, la question est alors 👉🏾 Comment trouver ma place lorsque mon identité sort de la norme ?
Tout cela sans compter que, selon une étude américaine, les ONG et entreprises engagées dans la transition comptent 16% de personnes de couleur dans le secteur alors même que la population compte 36% de personnes de couleur.
La triple question étant donc 👉🏾 Comment rendre le secteur de la transition plus inclusif ? D’une part en aidant les entreprises à ouvrir leurs portes de piscine et aux jeunes actif·ves minorisé·es l’opportunité de s’engager dans ce secteur encore trop enfermé dans l’entre soi ?
👀 so what ?
Explorer comment le sens, l’engagement, l’impact et l’orientation sont l’affaire de tous·tes – sans exception.
Bref, nous sommes en Septembre, La piscine rouvre ses portes pour une deuxième saison de Ploufletter et ça va être trop cool.
Tu l’as compris, je continue mon exploration de la quête de sens. Juste, j’ai pris un petit virage, un peu plus personnel et aligné.
Voici les grandes lignes de flotteurs qui vont jalonner la ligne nouvelle édito.
La question cap (pas si vite répondue) 👉🏾 Comment construire un monde plus durable par le travail – pour tous·tes et par tous·tes ?
L’ambition est donc 👇🏾
1️⃣ D’aider celleux qui se lancent à construire un parcours à leur image, quelle que soit leur origine.
Avec :
Des portraits d’acteur·rices du changement inspirant·es – pour ouvrir nos imaginaires et se dire que nous aussi on a notre place dans la transition.
Des guides pour y trouver ta voie dans le grand bain de l’orientation et t’y faire une place.
Des billets– autrement appelés « Lettres du bassin ».
Des conseils – complétés par mon programme introspectif.
Un job board safe d’entreprises sélectionnées par mes soins (si t’es une entreprise, viens on s’en parle 👋🏾).
Le tout envoyé à fréquence randomadaire – starting next week avec un portrait.
👉🏾 L’approche sera intersectionnelle puisqu’on est tous·tes un mélange complexe de différents héritages socio-culturels, etc. (Des envies de témoigner, de rédiger un portrait ou de proposer quelqu'un à interviewer ? Envoie moi un mess)
2️⃣ De fournir veille, conseils et ressources pour les entreprises qui souhaitent s’engager dans cette direction, entre enjeux RSE et diversité.
Avec :
De la veille sur la D&I, la RSE et le futur du travail sur Linkedin et Substack.
Des billets – autrement appelées « Lettres du bassin ».
Des études de cas et des entretiens d’acteur·rices du secteur qui œuvrent à rendre la RSE plus intersectionnelle.
(→ Un sujet vous titille ? Envie de sponsoriser une édition thématique ? viens on s’en parle 👋🏾).
La fréquence sera elle aussi randomadaire – parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne.
👋🏾 Dans les faits, j’ai simplement créé deux sections à la Ploufletter. Une pour les swimmers (celle que tu lis, pour toi qui réfléchis au sens de la life) et une pour les pros (pour s'abonner c’est par ici). Tous les articles y seront disponibles.
🛠 quelques ressources pour aller plus loin
Je t’invite à (re)lire ces trois éditions de la Ploufletter si tu veux barboter dans les sujets 👇🏾
👉🏾 Sur l’influence que peuvent avoir les parcours de migration familiale sur la construction identitaire et notre orientation.
👉🏾 Sur « Comment trouver du sens en période de crise ? »
👉🏾 Le portrait de Lily Singh autour de l’importance de changer nos imaginaires pour ouvrir de nouveaux horizons.
Ça t’a plu ? Fais passer le mot !
👉🏾 Cette édition a résonné avec ton expérience de nageur·se ? Envoie moi un email si tu souhaites témoigner.
👉🏾 Tu ressens le besoin d’être accompagné·e dans ta réflexion professionnelle ? Tu peux aller découvrir le shop de La piscine ou m’envoyer un email pour échanger sur tes besoins d'accompagnement.
👉🏾 Tu fais partie d’une structure éducative / entreprise et les sujets liés à la quête de sens et l’inclusion animent vos équipes ? Envoie moi un email pour penser un atelier / conférence ensemble ou sponsoriser la Ploufletter.
À très vite pour un nouveau plongeon,
Apolline 🐋
Tu peux aussi nous retrouver sur instagram : https://www.instagram.com/lapiscine_media/
Ça va, je rigole
Obviously, ça n’a pas marché