Comment naviguer ses identités ? « Bas les masques » ou : le passing en question
Mais aussi : fÚces de baleine, Oussama Ammar & santé mentale
Avec cette édition, je te propose de plonger dans le récap de la soirée « Bas les masques » sur la notion de passing social, une actu environnementale brandée avant de parler santé mentale.
La Ploufletter est un espace randomadaire Ă lâintersection entre le sens, lâimpact (socio-Ă©cologique) et lâinclusion pour les actif·ves et pros engagé·es. AthlĂšte confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue đŁ
Tu verras, ici on Ă©voque beaucoup le monde de la natation, alors voici quelques guidelines. La piscine, câest le monde â du travail le plus souvent. Les plongeons, ce sont les explorations en profondeur qu'on mĂšne par ici. Enfin, les nageur·ses â ou swimmers â, ce sont les personnes qui cherchent Ă insuffler plus de sens dans leur quotidien. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
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Sur ce, bonne sĂ©ance đ
đŁÂ au programme
Ăditâeau - Plouf in Public.
Naviguer le passing, entre conformisme et authenticitĂ© â RĂ©cap dâatelier.
Whale alors â Une actu mascotte.
Les questions du moment.
Ăvaluer sa santĂ© mentale pour Ă©viter de couler.
đ Ă©ditâeau - plouf in public
Ceci est lâendroit oĂč je tâouvre la porte de mon local technique pour te parler des dessous de La piscine.
Temps de lecture : 3min30
Coucou toi ! JâespĂšre que tout va bien dans le bassin. Ici câest mitigĂ©.
Jâavais prĂ©vu une autre ouverture, mais, Ă lâheure oĂč je relis cette Ă©dition, nous sommes lundi matin. Hier, jâai peu dormi. Jâai encore, imprimĂ©es sur la rĂ©tine, les images de Rafah qui tournent en boucle dans mon cerveau. Les mots me manquent.
Jâai toujours Ă©vitĂ© de regarder Black mirror, de peur dâĂȘtre traumatisĂ©e par lâavenir esquissĂ© dans la sĂ©rie. Aujourdâhui, je suis persuadĂ©e que certains Ă©pisodes me sembleraient fades comparĂ©s Ă la rĂ©alitĂ© Ă laquelle nos tĂ©lĂ©phones nous confrontent quotidiennement.
Jâai lâimpression que chaque jour, on passe un cran dans lâhorreur. Câest la premiĂšre fois que je vois des images aussi graphiques. Avant, elles circulaient sur des groupes Telegram, cachĂ©s comme de la contrebande pendant la prohibition. Aujourdâhui, tout est disponible en libre accĂšs, intercalĂ© entre deux story printaniĂšres. Un sandwich aussi paradoxal que notre usage de la technologie â pour le meilleur comme le pire. Câest lunaire.
Et je me sens si impuissante.
Je ne sais pas ce que jâessaye de te dire mais : si toi aussi tâes dans le dur, on est ensemble.
đđŸÂ Avant de commencer, parlons backstage !
Je passe de la poule dâeau au bĂ©luga pour te parler de la derniĂšre Ploufletter. Sache que jâai Ă©tĂ© aussi surprise que contente de voir lâaccueil qui lui a Ă©tĂ© fait. Jâavais appuyĂ© sur le bouton « connecter Ă Stripe » en me disant que câĂ©tait un premier coup de palme avant de formaliser quelque chose. Mais puisquâil y a dĂ©jĂ un·e founding member qui a rejoint le crew â merci encore Ă toi ! â, me voici donc « forcĂ©e » de me pencher plus sĂ©rieusement sur le modĂšle.
Depuis le pivot Ă©dito de septembre dernier, je vois que les sujets que je traite ici engagent plus â il faut croire que tout le monde est en crise identitaire đ Donc, jâai trop hĂąte de voir quel espace va prendre forme.
Mais, je sais aussi que le modĂšle dans lequel je viens de mettre un orteil est beaucoup plus dĂ©veloppĂ© dans le milieu anglo-saxon quâici. Donc je flippe aussi â mais comme dirait Dory « just keep swimming ».
Quoiquâil en soit : on va co-construire ça ensemble ! (Oui, je tâinclus dans le dossâ.) Et en parlant co-construction : le premier sondage a tranchĂ©, lâĂ©criture passe au second plan, donc deux choses :
đđŸââïž Je vais garder le principal cĂŽtĂ© « Studio Piscine » â cĂŽtĂ© Apolline đ quoi â plutĂŽt que communautĂ©. Donc, si tu as envie de (re)travailler ta plume / ta ligne Ă©dito / un papier ou de te faire accompagner sur la production de format long, Ă©cris moi.
đđŸââïž Et, Ă dĂ©faut de te partager des tips spĂ©cifiques pour ta crĂ©ation de contenu, je rĂ©flĂ©chis Ă une maniĂšre de tâembarquer dans les dessous de la mienne.
Tu lâauras compris : le dĂ©veloppement de la version payante de la Ploufletter sera axĂ© communautĂ© (pour nageur·ses en quĂȘte de sens et dâimpact).
Pour le chantier de V1 qui sâouvre, je vais dâabord crĂ©er le mail dâaccueil, et la page de vente pour formaliser tout ça avant de faire la communautĂ© WhatsApp, ajouter les premiĂšres ressources Ă la bibliothĂšque. Rdv la prochaine fois ici ou sur Linkedin pour suivre tout ça. (Je me suis promis de documenter cette exploration, quel quâen soit le rĂ©sultat final.) Le tout en continuant mes entretiens exploratoires.
Si tu veux mâaider, tu peux đđŸ
Me partager tes envies / besoins sur les sujets à évoquer en communauté,
Passer le pas et prendre ton abonnement en avant-premiĂšre đ
La suite au prochain Ă©pisode !
Fasten your bouĂ©e, weâre about to take off đđŸââïž
See you en fin dâĂ©dition.
Apolline đ
đĄÂ naviguer le passing, entre conformisme et authenticitĂ© â « bas les masques ! »
Temps de lecture : 7min
Nous sommes un mercredi aprĂšs-midi des annĂ©es 2010. Le tsunami AdĂšle dĂ©ferle sur la sphĂšre musicale, les slims sont encore Ă la mode et moi, je suis au lycĂ©e. Et comme le mercredi, câest jour de sortie Ă lâinternat, jâen profite avec deux potes pour se balader dans les magasins, histoire de tuer le temps entre deux rĂ©visions de prĂ©pa. (Ă lâĂ©poque, je voulais entrer Ă Sciences-Po. Je suivais un cursus spĂ©cifique en parallĂšle de mes cours pour prĂ©parer les concours.)
AprĂšs avoir Ă©cumĂ© Zara, et Promod, direction Monoprix. Je ressors les mains vides mais mon sac, lui, est rempli Ă ras-bord de mes affaires de cours. Et, pas de chance, je sonne en sortant. Câest ch*ant. Jâai dĂ©jĂ la flemme de le vider. Ou mĂȘme de me justifier Ă la sĂ©curitĂ©.
Mais le vigile à la sortie se contente de me sourire et de me dire « vas-y ». Okkkk.
Sont-ce mes ballerines, mon Longchamp, ma chemise â et oui, jâai Ă©tĂ© adepte de ce style vestimentaire â ou la prĂ©sence de mes potes qui mâont sauvĂ© la mise ? Je ne saurais jamais.
Toujours est-il que ce jour lĂ , je suis « passĂ©e » entre les mailles du filet. (Je prĂ©cise : je nâavais rien pris. Je mâattendais juste Ă ce quâon Ă©pluche mes affaires.)
Depuis, Ă chaque fois quâon me parle de passing, je repense Ă cet Ă©pisode.
Jâimagine un·e vigile posté·e aux portes dâun magasin qui jugerait notre appartenance ou non Ă une certaine catĂ©gorie de population â et son niveau dâalerte en fonction. Si câest conforme, pas de contrĂŽle. Ăa passe. Sinon, gare Ă la surveillance et aux rĂ©primandes au moindre faux pas â palmĂ© đŠ
une dĂ©finition peut-ĂȘtre ?
Au-delà de mes aventures de jeunesse1, le passing est un terme utilisé en sociologie.
Câest le fait dâarriver à « se faire passer pour » quelqu'un appartenant Ă un groupe social donnĂ© diffĂ©rent de celui dont on est originaire. Lâexemple donnĂ© plus haut Ă©tait volontairement simple, mais on peut parler de đđŸ
_passing social pour parler de quelqu'un qui adopte les codes â langagiers, vestimentaires, etc. â dâune classe sociale donnĂ©e.
_ passing racial lorsquâon emprunte les codes dâune population donnĂ©e de telle sorte quâon lâidentifie comme telle. Par exemple, certaines personnes mĂ©tisses peuvent parfois ĂȘtre perçues comme blanches de par leurs traits, la couleur de leur peau, coiffure, etc.
_cis-passing pour les personnes trans et signifier que lâidentitĂ© de genre de la personne nâest pas remise en question et « passe » donc socialement. Dans ce cas, ce sont des comportements, des attributs physiques ou vestimentaires â quâon assimile Ă un genre plutĂŽt quâun autre â qui vont peser dans la balance.
_on pourrait mĂȘme parler de swimming-passing pour parler de quelqu'un qui a lâair renseigné·e sur la natation sans en faire. (Oui.)
Dit autrement, le passing câest pouvoir sâentendre dire Ă un moment « tâes pas comme les autres [ajouter la catĂ©gorie sociale de ton choix] » ou « jâaurais pas dit que tâĂ©tais [ajouter la catĂ©gorie sociale de ton choix] »
Si cette « compĂ©tence » possĂšde ses avantages â notamment la tranquillitĂ© dâesprit, lâaccĂšs Ă des opportunitĂ©s plus diverses que ce que lâon devrait avoir â, il amĂšne aussi son lot de questions et de difficultĂ©s Ă surpasser.
CoĂŻncidence, le passing, câest justement ce dont on a parlĂ© pendant la table ronde / Ă©vĂšnement avec Alexia Sena du podcast Joyeux Bazar, Inesse Benmohammed, Nour Bounaidja membre de BissaĂŻ Media, et Walid Rachedi auteur et cofondateur du mĂ©dia Frictions. (Et câest aussi ce quâon a continuĂ© de creuser ensuite autour de gĂąteaux apĂ©ro une fois lâevent fini đ) Le tout sous lâoeil et lâobjectif de Clara Michineau.
Par souci de confidentialitĂ© pour tout ce qui a Ă©tĂ© partagĂ©, je ne vais pas tout te raconter, mais voici 4 points qui mâont marquĂ© ainsi que les rĂ©flexions qui en ont Ă©mergĂ© depuis đđŸ
1. sortir du témoignage pour proposer de nouveaux portraits de société.
Ou : la limite du pair-Ă -pair.
« Il nây a pas que Houellebecq qui peut proposer une fresque humaine et dĂ©crire des personnages diffĂ©rents. » Walid Rachedi
Pour Walid, il y a urgence Ă sortir du tĂ©moignage pour Ă©largir les perspectives de rĂ©cit et peindre la sociĂ©tĂ©, Ă lâimage du travail de certain·es auteur·rices. Car, mĂȘme sâil est salvateur ou crĂ©ateur de cohĂ©sion, le tĂ©moignage peut parfois enferme plus quâil ne relie.
Comment imaginer la société évoluant autour des personnages si on les présente uniquement dans leur singularité, sans contexte social ?
Dans ses rĂ©cits, Walid a donc voulu Ă©crire des personnages divers comme celui de cette jeune femme issue des quartiers huppĂ©s de Paris devenue gothique, rĂȘvant dâĂȘtre assimilĂ©e Ă un autre groupe social que le sien. MĂȘme si le geste semble anodin, sâexercer Ă imaginer diffĂ©rentes trajectoires montre que raconter la sociĂ©tĂ© nâest pas un privilĂšge, que lui aussi connaĂźt la France au point de la dĂ©peindre â puisquâil y vit et lâexpĂ©rimente au quotidien au mĂȘme titre que ce cher Michel citĂ© ci-dessus.
Car laisser le monopole de la fresque humaine à certains auteur·rices, câest â en creux â redevenir objet et/ou sâostraciser. Câest laisser aux autres la capacitĂ© de dessiner les contours de la sociĂ©tĂ©.
đđŸââïžÂ Pour aller plus loin, tu peux aller Ă©couter des extraits de la sĂ©rie podcast nos destins sont liĂ©s â tirĂ©e du roman du mĂȘme nom. (On avait Ă©coutĂ© celle de Salem Ă la soirĂ©e.)
Perso, jâai trouvĂ© cette approche super intĂ©ressante â et pas seulement parce que je suis trĂšs portĂ©e tĂ©moignages. Ăa mâa rappelĂ© des posts sur lesquels jâĂ©tais tombĂ©e lors du lancement de Balance ton Bar oĂč certain·es questionnaient le fait de crĂ©er des espaces dâĂ©change de tĂ©moignages sans pour autant en voir lâimpact social direct car ceux-ci sont avant tout « auto-centrĂ© ».
2. s'approprier les codes pour les déjouer.
Attention, ce triple saut carpĂ© va ĂȘtre rĂ©alisĂ© par une pro, Ă ne pas reproduire chez soi.
Pendant lâatelier, on sâest demandĂ© comment gĂ©rer la fosse marine qui pouvait exister entre toutes nos identitĂ©s. La premiĂšre fois que les rĂ©flexions qui suivent ont Ă©mergĂ©, câest en Ă©coutant un podcast dâOussama Ammar2. Il y racontait son histoire en tant que personne franco-libanaise et le rapport quâil entretient Ă ses pays de rĂ©sidence. Dans sa prise de parole, plusieurs choses mâavaient intriguĂ©e.
đđŸââïžÂ La perte du passing. Une histoire de leasing.
Oussama mentionne quâau dĂ©but de sa rĂ©ussite â financiĂšre â, on le prĂ©sentait comme « français » dans la presse. Puis, avec les scandales, son statut sâest effritĂ© pour se faire qualifier de « franco-libanais », puis « libanais » par les mĂ©dias â lui refusant son appartenance au groupe social français dont il fait pourtant partie.
Jâavais trouvĂ© ça « drĂŽle » de voir que cette question de passing ressemblait fortement Ă celle du mĂ©rite â dont on parlait ici : quelle que soit la quantitĂ© dâefforts fournis pour se conformer, câest le groupe dâaccueil qui jugera de notre capacitĂ© ou non Ă sây intĂ©grer⊠Et celui-ci garde donc la possibilitĂ© de retirer ce passing Ă tout moment.
Comme si notre place Ă©tait une pĂ©riode dâessai constante.
Si, pour Oussama la perte du passing est venue avec les procĂšs, pour dâautres, comme Ramdane Touhami, cette alternance entre passing et rĂ©gression fait partie intĂ©grante du quotidien. Dans sa prise de parole aux Chichas de la pensĂ©e en 2021, le designer avait partagĂ© la diffĂ©rence de considĂ©ration â et de respect tĂ©moignĂ© â quâil observait dans son environnement direct en fonction : de lâendroit oĂč il se trouvait, ainsi que des informations dont on bĂ©nĂ©ficiait sur lui.
Ainsi, dans le cercle professionnel il est Ramdane, chef dâentreprise dâune entreprise de luxe Ă la française revendue Ă Bernard Arnault. Sty-lĂ©. (Et passing ++.) Mais, dans son quartier huppĂ© de Paris, il redevient « simplement » Ramdane. Et lĂ , câest une autre histoire.
« Quand je me regarde le matin, je suis moi, Ramdane. Quand je sors de chez moi, le regard des gens me rappelle que je suis un « bougnoule ». Ils disent en creux, « Bougnoule ! », « Bougnoule ! » Ramdane Touhami au festival Les chichas de la pensée, 10/10/2021
đđŸââïž Jouer avec les codes.
En partant du postulat que lâon ne contrĂŽle pas lâappartenance sociale Ă laquelle on nous assigne, Oussama explique dans un autre Ă©pisode3 nâavoir aucun attachement aux codes, les concevant plus comme des « dĂ©guisements » ou des paradigmes dans lesquels il se fond Ă lâexcĂšs jusquâĂ en maĂźtriser les codes ⊠avant de sâen jouer en fonction des situations et de ses besoins.
Comme si sa survie dĂ©pendait de sa capacitĂ© Ă se fondre dans cette mascarade sociale. (Et dâailleurs, vu son histoire migratoire, câest peut-ĂȘtre le cas.)
Dans cette mĂȘme veine, Myriam Bahaffou dĂ©veloppait cette idĂ©e de sâemparer de ces nouveaux rĂŽles Ă fond pour survivre dans un environnement qui jouait en sa dĂ©faveur depuis toujours â et changer les rĂšgles Ă lâenvi, une fois intĂ©grĂ©e.
« CâĂ©tait ce mot qui mâavait rendue fiĂšre : jâavais lâair riche. Jâavais rĂ©ussi, au-delĂ de lâapparence vestimentaire, Ă adopter lâattitude, les maniĂšres, la dĂ©marche qui me faisaient, pendant un instant, respirer la richesse. Je jubilais de fiertĂ© » Myriam Bahaffou, Des paillettes sous le compost
đđŸ Instant autopromo
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3. choisir le passing, câest choisir la facilitĂ©.
Pour Nour, le constat est sans appel : choisir de se conformer, câest avant tout pour se protĂ©ger, se faciliter la vie.
Car, qui voudrait avoir Ă se justifier, dĂ©fendre son identitĂ© et sa lĂ©gitimitĂ© au quotidien ? Nobodâ â et moi la premiĂšre.
Pendant que Nour parle, jâentends un rire silencieux sur ma droite. Je me tourne vers Inesse qui esquisse une moue. Elle se penche vers moi et me montre les manches de son t-shirt rappelant subtilement ses origines Amazigh / AlgĂ©riennes. Comme quoi, se rĂ©approprier son identitĂ© peut prendre des formes multiples.
Je ris Ă mon tour ; puis je repense aux nageur·ses. Entre les personnes qui : changent de prĂ©nom â pour se rĂ©approprier un pan de leur culture â, font la dĂ©marche de revenir aux cheveux naturels ou planifient des voyages sur les terres dont sont issu·es leurs aĂźné·es, renoncer Ă ce fameux passing et la facilitĂ© pourraient presque devenir une trend.
(Reste en fond la question de : Ă quel moment peut-on lĂącher prise ? Et : qui peut se le permettre ?)
4. célébrer et réparer les identités.
Vivre sa quĂȘte identitaire, (multi-)minorisation et sâadapter Ă des environnements oĂč on ne nous attend pas peut ĂȘtre extrĂȘmement drainant. Charge mentale dĂ©cuplĂ©e, burnout, dĂ©pression, etc. sont tout autant de choses quâon peut traverser.
Mais, pour ancrer ce cheminement de maniĂšre pĂ©renne, câest important de se crĂ©er des bulles de joie â qui relie â et de cĂ©lĂ©bration entre pairs. Pour BissaĂŻ dont Nour fait partie, cela passe par un festival, des enregistrements culinaires, et autres moments collectifs pour se rĂ©approprier ces identitĂ©s aussi belles que complexes.
đđŸââïž Pour aller plus loin je tâinvite Ă plonger dans le compte de Nour Les mots qui rĂ©parent â en attendant la sortie du podcast en septembre â et Ă aller (re)lire la Ploufletter sur le rĂŽle de la joie.
5bonus. une Ă©piphanie hors-sujet
Oui, ceci nâest pas liĂ© au passing mais jâai appris pendant la table ronde que la population Arabe (du Moyen-Orient) appartenait au groupe ethnique asiatique. Je mâen suis toujours pas remise donc je partage.
đđŸ Pour aller plus loin, je tâinvite Ă aller Ă©couter lâĂ©pisode Les vigiles du podcast Ă lâintersection qui complĂšte ce que je te disais pour ouvrir cette section ou Ă aller (re)lire la Ploufletter sur le mĂ©rite.
đ so what ?
Comme le rĂ©capâ Ă©tait plutĂŽt long, je te laisse digĂ©rer tous ces Ă©lĂ©ments. Je serais curieuse de savoir ce qui a rĂ©sonnĂ©, comment, ou pas du tout, avec ta propre histoire !
đđŸÂ En tout cas merci encore Ă la team organisatrice pour lâinvitation et les discussions, câĂ©tait passionnant â et assez fort. Jâai mis quelque temps Ă digĂ©rer certaines histoires partagĂ©es pendant la soirĂ©e.
Maintenant, place au climat !
đ whale alors
La baleine est Ă La piscine ce que le coq est Ă la France, alors voici une actu ocĂ©anique pour garder le lien avec notre mascotte prefâ.
Temps de lecture : 30sec
Comment ça va ? Le transit ?
Petite confession : jâai beau parler natation de long en large, dĂšs que je mets un pied dans lâeau, je pense Ă toutes les crĂ©atures qui se sont soulagĂ© dedans â encore plus quand je bois la tasse. Jusquâici, je ne pensais quâĂ la đ©Â des poissons, mais la derniĂšre Ă©dition de Nouvelle Empreinte a passĂ© un niveau en mentionnant celle⊠des baleines.
Et oui ! Ces mammifĂšres qui mangent entre un Ă quatre tonnes de nourriture dans les abysses, produisent une aussi grande quantitĂ© de fĂšces (youâre whalecome pour ce vocable scientifique) quâelles dĂ©posent Ă la surface â Ă la maniĂšre des jardinier·es bĂȘchant la terre pour faire circuler les nutriments. Dans ces selles, se trouvent de nombreux nutriments qui participent au dĂ©veloppement du phytoplancton â Ă la fois producteur dâoxygĂšne et maillon de la chaĂźne alimentaire. (Source : Baleines en direct & The Guardian)
Impressionnant.
Un petit pas pour le climat, et un gros đ© pour les baleines.
(Si tu es à deux doigts de tout lùcher pour devenir cétologue à Montréal, on est ensemble4.)
đ€żÂ mes questions du moment
Temps de lecture : 3min
Je te partage deux questions qui ont germĂ© pendant mes derniĂšres sorties en eaux libres et auxquelles je nâai pas encore trouvĂ© de rĂ©ponse.
đđŸââïž Peut-on vraiment scinder nos identitĂ©s entre le moi du travail et le moi personnel ?
Jâai eu la discussion avec deux swimmeuses Ă ce sujet rĂ©cemment. La question Ă©tant : peut-on parler inclusion, explorer sa multiculturalitĂ©, ses engagements Ă titre perso sans le partager au travail ? Car aprĂšs tout, on peut risquer đđŸ
De se voir mis·e de cÎté,
DâĂȘtre rĂ©duit·e Ă ces interrogations,
De voir sa parole minimisĂ©e â minorisĂ©e ?,
De ne pas se faire entendre â ou pire, de voir ses propos ignorĂ©s,
Ou dâentrer dans des joutes verbales oĂč notre interlocuteur·rice cherche Ă gagner plutĂŽt quâĂ Ă©couter.
Et dans ce cas, comment trouver un Ă©quilibre pour tout de mĂȘme arriver à « survivre » et concilier les identitĂ©s sans trop abĂźmer sa santĂ© mentale ?
Pour lâinstant, la question est en suspense, mais ça mâa beaucoup rappelĂ© lâintervention de Nour sur la charge mentale qui faisaient Ă©cho aux chiffres trouvĂ©s dans mes recherches sur la sĂ©curitĂ© psychologique. Car, pour rappel, trois employé·es sur cinq confie cacher un aspect de leur identitĂ© au travail pour Ă©viter dâĂȘtre stĂ©rĂ©otypé·e par leurs collĂšgues.
Oui, câest Ă©norme â comme une baleine bleue (ou son đ©).
đđŸââïž Personne nâaime les termes diversitĂ© / inclusion ? 2.0
Plusieurs swimmers ont rĂ©pondu Ă la question que je posais lors de notre dernier entraĂźnement â Ă savoir, comment remplacer « diversitĂ© & inclusion » (merci Ă vous !)
Parmi elles, Juliette Phuong, la plume derriĂšre la newsletter Blend mâa balancĂ© plusieurs banger. Elle mâa notamment partagĂ© son envie de pouvoir ĂȘtre elle-mĂȘme au travail â ou ailleurs â sans que son physique ou ses origines entrent en compte. LittĂ©ralement, de « pouvoir passer inaperçue ».
Jâai trouvĂ© le terme super intĂ©ressant â et celui-ci bouclait avec plusieurs autres Ă©changes â car, dans son cas â comme le mien, ou celui des nageur·ses citĂ©es plus haut : notre diffĂ©rence ne peut pas se dissimuler. Donc, la relation Ă la norme, nos corps y Ă©chappent rarement.
Je te glisse ici un extrait de sa derniĂšre Ă©dition oĂč elle Ă©tayait son propos đđŸ
« Pendant longtemps, jâai tentĂ© de me dĂ©crire. Dans quel ordre dois-je prĂ©senter mes caractĂ©ristiques ? Suis-je une femme sino-descendante dâabord ? Ou Issue de lâimmigration ? Et pourquoi le choix de ces caractĂ©ristiques ?
[âŠ]
Il aura fallu attendre plus de 30 ans avant de rencontrer des personnes qui avaient la mĂȘme perception de leur "diversitĂ©", pour comprendre que ce n'Ă©tait pas moi le problĂšme, mais la perception de moi dans le regard de celles et ceux qui ne se pensent pas comme "divers·es".
[âŠ]
Cette histoire dâinclusion, je la vois comme des gens qui me font une place dans le mĂ©tro quand ils ne peuvent plus ignorer mon gros bide de femme enceinte, et qui se sentent alors autorisĂ©s Ă toucher mon ventre ou de me parler de leur belle-fille vietnamienne (qui cuisine bien et qui est trĂšs respectueuse des aĂźné·es).
Merci mais est-ce quâon peut me laisser une place ET me laisser tranquille ? »
Jâai non seulement adorĂ© cette lecture parce que lors de notre premiĂšre rencontre, Juliette mâavait confiĂ© ne jamais parler de son histoire ou son rapport personnel Ă ces sujets. Câest dĂ©sormais chose faite et câest trop chouette Ă lire (vraiment, aider les gens Ă faire Ă©merger les rĂ©cits qui sous-tendent leurs engagements, câest ma passion) !
Mais aussi parce quâelle a mis le doigt sur un deuxiĂšme Ă©lĂ©ment qui me cringe quand on parle inclusion : la mansuĂ©tude de cellui qui ouvre son cercle autoriserait ces glissements dans notre sphĂšre personnelle ; car cet « effort » demanderait reconnaissance, peu importe la dimension rĂ©elle de cet acte. (Oui, ce deuxiĂšme exemple est vĂ©cu.)
Je laisse (encore) cette question en suspense. En revanche, je prĂ©vois clairement un format spĂ©cifique pour en discuter tous·tes ensemble â au moins, celleux qui le souhaitent â parce que je vois que je ne suis pas la seule que ça turlupine. (Si tu fais partie dâune entreprise et que tu voudrais tâassocier pour co-crĂ©er un webinaire lĂ -dessus, on sâĂ©crit ?)
đ quelques questions pour Ă©valuer ta santĂ© mentale
Temps de lecture : 1min
Pour reboucler avec lâintro, je te remets ici un outil rapide et efficace pour faire le point rapidement sur ton bien-ĂȘtre, crĂ©Ă© en 1999 par lâOMS.Â
Pour rĂ©aliser lâexercice, rien de plus simple : repense Ă tes deux derniĂšres semaines et assigne une note moyenne entre 0 etđŠđŠđŠđŠđŠ pour chaque affirmation que tu vas lire.Â
Ici 0 signifie que tu ne te retrouves pas du tout dans la situation dĂ©crite et đŠđŠđŠđŠđŠÂ reprĂ©sente la note la plus Ă©levĂ©e.
Ready ? Letâs plouf đđŸââïžÂ
Ces deux derniĂšres semaines jâai eu lâimpression ⊠đđŸÂ
1ïžâŁÂ De mâĂȘtre souvent levé·e en me sentant fraĂźc·he, et motivé·e.Â
2ïžâŁÂ Dâavoir surtout ressenti de la bonne humeur.Â
3ïžâŁÂ Dâavoir souvent eu plein·e dâĂ©nergie, prĂȘt·e Ă faire une sĂ©ance de natation.Â
4ïžâŁÂ Dâavoir Ă©tĂ© majoritairement calme et tranquille â comme la mer un jour sans vent.Â
5ïžâŁ Dâavoir eu une vie quotidienne intĂ©ressante et riche.
Ă lâissue de lâexercice, additionne le tout. La somme finale devrait te donner un aperçu de ton bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral. Plus celle-ci est Ă©levĂ©e (sur 25) plus câest positif.Â
PS : bien-sĂ»r ceci ne remplace pas une consultation chez un·e pro du sujet. Remember : on a le rĂ©flexe dâaller voir un·e ostĂ©o quand on se foule la cheville alors letâs go faire de mĂȘme pour notre santĂ© mentale.
đ Â quelques ressources pour aller plus loin
đđŸÂ Lâarticle What is waste colonialism? de Joycelyn Longdon, crĂ©atrice du mĂ©dia Climate in colour. Je lâai lu juste aprĂšs avoir vu que les associations Desierto Vestido et Fashion Revolution BrĂ©sil sâĂ©taient associĂ©es pour organiser un dĂ©filĂ© de mode dans la plus grande dĂ©chetterie vestimentaire du monde â on parle de 60 000 tonnes dâhabits. Lâoccasion encore une fois de voir une fois encore quelles inĂ©galitĂ©s peuvent exister entre les pays du nord et les suds en termes de consommation et de pollution⊠Dans le cas du dĂ©filĂ© on parle de lâindustrie de la mode, mais câest quelque chose que lâon retrouve aussi avec le plastique, le numĂ©rique, etc.
đđŸÂ Pour les bobos qui me lisent â je vous sais nombreux·ses â, jâai regardĂ© la vidĂ©o de McFly et Carlito sur leur expĂ©rience vegan cette semaine. CâĂ©tait marrant.
đđŸÂ Sur le passing, jâai commencĂ© Ă parcourir cet article qui explore la notion inverse : le reverse passing. Câes le fait de vouloir se faire reconnaĂźtre comme issu·e dâune catĂ©gorie sociale autre que la sienne. Cette technique est utilisĂ©e, entre autres, par certains politiques qui Ă©voquent leurs origines modestes ou ouvriĂšres afin de crĂ©er plus de proximitĂ© avec lâĂ©lectorat français. (Si tu penses Ă quelqu'un dont le nom commence par G et finit par Ă©rald Darmanin, moi aussi.)
đđŸÂ  As usual, si ça tâa plu, je tâinvite Ă mettre un petit like ou transfĂ©rer cet email Ă un·e co-nageur·se. Si quelque chose a rĂ©sonnĂ© avec ton expĂ©rience, tâa donnĂ© envie de rĂ©agir â ou de te (re)mettre Ă la natation â, Ă©cris moi.
đđŸÂ  Si tu souhaites soutenir le dĂ©veloppement de La piscine, deux solutions. â Tu es un·e nageur·se ? Whale, tu peux prendre un abonnement Ă La piscine. (Tu lâas compris, on avance ensemble sur ce coup.)
â Tu fais partie dâune entreprise et tu souhaites toucher un lectorat engagĂ© & sensible aux questions dâimpact ? Plonge par ici ou Ă©cris moi pour dĂ©couvrir mon offre de partenariat.
đđŸÂ  Tu ressens le besoin dâĂȘtre accompagné·e pour crĂ©er ta tonalitĂ© de marque et/ou crĂ©er du contenu long ? Je peux Ă©crire avec toi â et tâaider Ă prendre un pas de recul â ou Ă©crire pour toi.
Ă trĂšs vite pour un nouveau plongeon đ
Apolline
Tu peux aussi me retrouver sur Linkedin
Jâestime que si seules les personnes plus ĂągĂ©es que moi me disent que je suis jeune, câest que je ne le suis plus.
Je ne mây attendais pas non plus.
Oui, jâen ai Ă©coutĂ© plus dâun đ
Mais pas trop quand mĂȘme.