Ătre joyeux·se quand tout (sâĂ©)c(r)oule
En bande organisée, personne peut nous décourager
Avec cette édition, je te propose de plonger dans un dossier sur le rÎle de la joie dans nos engagements et de découvrir quelques profils à la croisée des thématiques climatiques et sociales.
La Ploufletter est un espace randomadaire oĂč l'on parle sens au travail avec un angle inclusif sur fond de sociologie et mauvais jeux de mots. AthlĂšte confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue đŁ
Tu verras, ici on Ă©voque beaucoup le monde de la natation, alors voici quelques guidelines. La piscine, câest le monde â du travail le plus souvent. La ligne de nage, câest la voie que lâon choisit. Enfin, les nageur·ses, ce sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quĂȘte de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
Tu peux aussi :
Plonger dans mon offre de communication inclusive pour les entreprises ou sponsoriser la Ploufletter.
Réserver une séance de mentorat avec moi si tu souhaites créer un branding / une prise de parole engagée.
Tâabonner Ă la Ploufletter si on tâa transfĂ©rĂ© cette Ă©dition đđŸ
Sur ce, bonne sĂ©ance đ
đŁÂ au programme
Ăditâeau.
Ătre joyeux·se quand tout sâĂ©croule.
3 profils à découvrir.
Vos recos & quelques ressources pour aller plus loin.
ThĂ©rapi.scine â Jâai le trac, c'est normal ?
đ Ă©ditâeau
Temps de lecture : 2min
Coucou toi ! JâespĂšre que tout va bien de ton cĂŽtĂ© du bassin et que tes rĂ©solutions chlorĂ©es de dĂ©but dâannĂ©e ont survĂ©cu au changement de mois. Ici, tout flotte. Câest officiel : jâai un mois de retard sur les vĆux â c'Ă©tait nagĂ© dâavance â, je commence seulement Ă reprendre ma routine sportive â avec un mois de retard, ça reste cohĂ©rent. CĂŽtĂ© Piscine, ça commence Ă flotter. Jâai commencĂ© une collaboration pour mettre en place une newsletter RH engagĂ©e. Jâapprends Ă me dĂ©faire de mes biais pour co-crĂ©er la ligne Ă©dito, Ă©toffer les sections, me mettre dans les palmes de quelquâun dâautre, etc. câest passionnant.
Mais assez parlĂ© de moi. Aujourdâhui, je voulais creuser un nouveau sujet avec toi : la joie. Si tu me lis depuis quelques mois, tu te souviens peut-ĂȘtre de notre premiĂšre plongĂ©e dans les Ă©motions avec la honte. MĂȘme si le sujet est fascinant, dĂ©couvrir la fonction sociale « isolante » / de contrĂŽle de ce sentiment qui nous cloue au carrelage de la piscine nâĂ©tait pas si positif. De cette Ă©dition, plusieurs conversations ont jailli, dont une qui a directement influencĂ© la sĂ©ance du jour.
Nous sommes le 2 janvier 2024, je suis installĂ©e sur la banquette arriĂšre de la voiture familiale sur le voyage retour dâun stage dâice swimming. Je profite dâune pause ravitaillement pour ouvrir mes mails laissĂ©s Ă lâabandon ces derniers jours et dĂ©couvre le mail de Louise. Celle-ci me raconte comment, une fois arrivĂ©e dans une Ă©cole prestigieuse en master grĂące Ă une procĂ©dure passerelle, son manque de culture gĂ©nĂ©rale par rapport Ă ses co-swimmers de promotion lui a valu des moqueries en cours. Son histoire a alimentĂ© la rumeur interne « il paraĂźt que dans le cours de mon pote, il y a une fille ne savait pas ce quâĂ©tait la dialectique de la pensĂ©e ». Et, derriĂšre les rires, se cachait sĂ»rement la peur de ses co-swimmers de pouvoir ĂȘtre elleux aussi identifié·e comme « ignorant·e » â et mis·e au ban de la promo au moindre faux coup de palme.
Pour Louise, cette expĂ©rience marque le dĂ©but dâune quĂȘte qui lâanime encore aujourdâhui : dĂ©couvrir « ce qui crĂ©e un sentiment dâappartenance » â ou de belonging comme elle aime le dire. Car si la honte ostracise, il doit bien y exister une (ou des) Ă©motion(s) Ă la fonction inverse ?
Comme cette nageuse, la question mâhabite. Et parmi toutes les Ă©motions citĂ©es dans mes Ă©changes, la joie est souvent revenue. Alors, aujourdâhui, je te propose de plonger ensemble Ă la rencontre de celleux qui la cultivent au quotidien pour essayer de comprendre sa fonction.
Dans cette Ă©dition tu pourras lire plusieurs swimmers engagé·es qui mâont partagĂ© leur rapport Ă la joie : Marine, Julia, Lucas, Anne et Marie-Alix. Merci Ă vous pour cette matiĂšre premiĂšre fort prĂ©cieuse qui a ajoutĂ© de lâeau chlorĂ©e Ă mon moulin !
Fasten your bouĂ©e, weâre about to take off đđŸââïž
Je te laisse, see you en fin dâĂ©dition.
Apolline đ
đŠÂ la joie
Temps de lecture : 11 (joyeuses)min
la joie pour prendre soin de soi
Avant de commencer, petit disclaimer.
Pour chaque Ploufletter, je rĂ©alise une mindmap. Ce processus me permet de poser les premiĂšres idĂ©es sur papier, faire ressortir les grandes directions de ma rĂ©flexion et les liens existants. Concernant la honte, jâai tout de suite pensĂ© Ă lâanecdote dâAdĂšle qui boit son rince-doigt devant le couple prĂ©sidentiel.
Pour la joie, un mot a surgit : « Bullshit ».
Alors oui, je suis un Grinch â et pas seulement parce que jâaime mâhabiller en vert. Jâai un problĂšme avec la joie. Ou plutĂŽt, jâai un problĂšme avec notre conception moderne de la joie. Si tu partages mon amertume, tu vois peut-ĂȘtre de quoi je veux parler.
« Ăcris tes gratitudes », « remĂ©more toi tous tes accomplissements », « Ă©coute ton enfant intĂ©rieur », etc., ça me cringe(aka ça me dĂ©range). Non pas parce que ça ne marche pas â jâai Ă©tiquetĂ© tous les murs de La piscine avec des post-it objectivement niais et ça fait vraiment du bien â, mais parce que cette approche fait peser la responsabilitĂ© du bonheur sur les gens au dĂ©triment du contexte dans lequel on Ă©volue â quand mĂȘme bien pourri de nos jours.
Cette dĂ©finition individualiste de la joie, je lâai retrouvĂ©e dans lâĂ©pisode introductif de The joy report oĂč Arielle King distingue deux types de joie.
đđŸââïž La joie « Ă©cran » quâelle compare Ă un cerf-volant quâon fait voler devant soi pour dissimuler le ciel et ses nuages. Et, aussi dĂ©bordante que puisse ĂȘtre notre ambition, un cerf-volant, ça prĂ©sente pas mal dâinconvĂ©nients. Le vent peut tourner, sâarrĂȘter de souffler ou, sâil se fait trop fort, lâobjet peut sâarracher de nos mains et abolir la protection. Et mĂȘme si tout va bien, la surface ne peut occulter lâentiĂšretĂ© du monde autour.
Bref, vouloir se dĂ©tacher du monde Ă coup de joie individuelle, c'est chouette, mais dans un systĂšme qui sâĂ©croule câest aussi efficace que mettre un scotch sur un tuyau qui fuit.
« Je vais parler dĂ©veloppement personnel. Câest prendre soin de soi pour prendre soin des autres. Il y a un autre terme à ça : la fin de la civilisation. Câest vraiment chacun pour sa grosse gueule et prĂ©server sa santĂ© mentale mais moi jâadore. La santĂ© mentale câest vraiment un Ă©norme sĂ©same pour se comporter comme une Ă©norme merde » Camille Fievez sur la chaĂźne de Mcfly et Carlito
đđŸââïž Celle motrice quâon pourrait associer Ă un kite surf par lâeffet porteur qu'elle procure. Cette joie mâintrigue. Jâai lâimpression que câest le polype qui cache la barriĂšre de corail et que derriĂšre elle se trouve de nombreuses dynamiques sociales. Câest cette joie que je te propose dâexplorer ensemble aujourdâhui.
đđŸ Dans la mĂȘme veine, la derniĂšre newsletter CDLT se penchait sur la question ĂŽ combien Ă©pineuse du fĂ©minisme corporate Ă coup de concepts pseudo subversifs comme celui de girl boss ou de management fĂ©minin. Merci Ă la nageuse qui me lâa recommandĂ© !
ensemble on nage loin â la joie comme catalyseur
Fin janvier, jâai rencontrĂ© Alexia en bord de bassin. Alexia, câest la fondatrice de Joyeux Bazar, un podcast intimiste et trop chouette qui explore la multiculturalitĂ© sous toutes ses formes. Ce qui me fait rire chez Alexia, câest quâelle incarne Ă merveille son mĂ©dia. Le terme « Avec plaisir » ponctue quasi tous ses messages, notre conversation ponctuĂ©e dâĂ©clats de rires avant de terminer sur un magnifique « Avec joie ».
Curieuse as always, je lui ai demandĂ© pourquoi la joie Ă©tait une valeur aussi forte chez elle. La rĂ©ponse est sans appel : « La joie est un catalyseur. Et puis, câest plus simple de parler de choses difficiles, dâarriver et de pointer du doigt certaines choses qui ne vont pas lorsquâon a ri ensemble avant. »
Sa rĂ©ponse mâa rappelĂ© la fameuse phrase « La diversitĂ© câest ĂȘtre invité·e Ă la fĂȘte, lâinclusion câest ĂȘtre invité·e Ă danser». Car, aprĂšs tout, câest vrai quâĂ©voluer dans un environnement oĂč les profils / expĂ©riences sont diffĂ©rentes ne garantit pas le dĂ©veloppement dâun sentiment dâappartenance ou d'une certaine sĂ©curitĂ© psychologique. Et peut-ĂȘtre que câest le rĂŽle de la joie que dâamorcer cette cohĂ©sion.
Cette fonction de liant, Lucas, Marine et Alvina aussi lâont abordĂ© dans leurs tĂ©moignages.
« Aujourd'hui, dans mon engagement je pense que la joie tient la place de liant. C'est comme si la joie que je ressens dans les moments oĂč je me sens utile, je me sens contribuer, est communicable avec d'autres personnes. Et que la joie que d'autres peuvent ressentir dans leur engagement, ben je la ressens too. Et je pense que c'est cette joie qui permet aussi de donner envie de s'engager. » Lucas
« La joie est venue bien aprĂšs la culpabilitĂ© et lâĂ©co-anxiĂ©tĂ© dans mon engagement. Elle est arrivĂ©e quand jâai pu trouver des gens qui ressentaient les mĂȘmes Ă©motions que moi, que jâai pu mây identifier et me sentir appartenir au collectif.
Ătre entourĂ©e de gens qui traversent ou ont traversĂ© ce vers quoi je suis passĂ©e me fait plaisir. Et je trouve ça essentiel aujourdâhui pour inscrire mon engagement dans le temps. Le manque de joie peut donner lieu Ă beaucoup de burnout » Marine
« Avant, jâallais manifester parce que ça me procurait de la joie de voir tout ce monde dans les rues et de me dire quâĂ nous tous on avait physiquement le pouvoir de faire changer les choses.» Alvina
Enfin, outre la cohĂ©sion, le fait d'associer son plongeon â collectif ou solo â Ă une Ă©motion positive rend plus aisĂ©e la projection au long court.
Ce regain dâespoir et dâengagement par la joie, Mikaela Loach lâĂ©voque souvent lorsquâelle raconte son parcours de nage militant. Dâabord impliquĂ©e Ă titre personnel pour lâenvironnement via son blog et quelques changements dâhabitudes, elle confie avoir traversĂ© une pĂ©riode de dĂ©sespoir, ayant lâimpression dâĂȘtre une goutte dâeau dans lâocĂ©anâŠ. avant dâinscrire son action dans un mouvement collectif. Souvent, sâentourer facilite le fait de se dire qu'on peut faire la bascule ou, pour filer la mĂ©taphore, que « Quitte Ă ĂȘtre une goutte, autant ĂȘtre celle qui fait dĂ©border le vase » (Source inconnue).
dĂ©finir sa trajectoire de nage â la joie comme boussole
Si collectivement, on peut lier la joie Ă un Ă©clat qui remplit dâĂ©nergie les rĂ©serves en temps difficiles, la joie peut aussi avoir une fonction plus personnelle â pour guider nos actions.
La premiĂšre fois que quelquâun m'a parlĂ© de la joie comme un critĂšre dâorientation â et de sens â Ă part entiĂšre, c'Ă©tait Anne, une pote dâĂ©cole rencontrĂ©e dans mon Ă©quipe de natation de lâĂ©poque. Son motto ? « Ma boussole câest ma joie ma joie câest ma boussole. » Motto qui lui a permis entre autres choses đđŸ
đđŸââïžÂ De dĂ©finir les formations qui lui correspondaient au fur et Ă mesure de son parcours de nage,
đđŸââïžÂ Dâidentifier les critĂšres qui la portaient dans un environnement de travail,
đđŸââïžÂ De trouver le secteur â en lâoccurence hospitalier â dans lequel elle souhaitait Ă©voluer â Ă rebours des trajectoires de nage « classiques » des profils issus dâĂ©cole de commerce.
đđŸââïžÂ Et de faire le deuil de son plan de carriĂšre natatoire initial â centrĂ© sur le conseil en stratĂ©gie oĂč Anne a frĂŽlĂ© le burnout.
Dans ce cas, la joie devient un véritable moteur. Un moyen de savoir si oui ou non on se sent aligné·e dans son parcours de nage.
Cette approche centrée sur la congruence sert aussi de bouée à Julia pour qui :
« La joie est vraiment un facteur de boussole de décision dans la vie.
Et pour moi yâa deux sens Ă la joie : il y a le fait de savoir pourquoi tu le fais, câest joyeux donc tu y vas. Je parle souvent des motivations premiĂšres et secondaires mais premiĂšre câest : lâactivitĂ© en soi te plaĂźt te procure de la joie donc tu y vas. Secondaire câest : tu passes le permis, c'est pas passionnant en soi mais le permis te motive car ça tâapporte de la joie. »
đĄ Dâailleurs, savais-tu Ă©tymologiquement, le mot Ămotion vient du latin emovere une contraction entre la prĂ©position ex-movere qui signifie « Mettre en mouvement, Ă©branler » ? Le terme partage son origine sĂ©mantique avec un autre dont on aime parler dans le domaine du dev perso : la motivation. Logique si on se dit quâune Ă©motion pointe Ă la fois ce qui nous « Ă©branle », mais aussi lâidĂ©al vers lequel on tend â soulignĂ© par la joie.
Câest de cette maniĂšre qu'Alvina a construit son parcours dâengagement, Ă la croisĂ©e entre deux Ă©motions : la colĂšre â dont on reparlera â et la joie.
« Je ne peux pas faire les choses sans plaisir. Beaucoup de choses que je fais sont nĂ©es de la colĂšre. Quand je ressens de la colĂšre, ça pointe quelque chose qui mĂ©rite une solution et je vois que je peux y prendre du plaisir, jây vais. C'est comme ça quâest nĂ© mon mĂ©dia. »
Lucas quant Ă lui utilise espĂšre que cette joie puisse avoir cette mĂȘme fonction de boussole⊠à titre collectif :
« Pour ma part, je m'engage au niveau des Imaginaires comme bascules pour un avenir souhaitable. En baignant dans une forme de joie à l'idée de se dirigier vers un futur plus fertile, ça donne bien plus envie.
Et si plus de monde se connectent à la joie comme émotion motrice, plutÎt que la peur ou l'éco-anxiété par exemple, on se sentirait plus en lien et plus alignés avec des actions qui auront un impact encore plus positif. »
Petit disclaimer en revanche : dans son tĂ©moignage, Julia a aussi mentionnĂ© le fait que « pouvoir utiliser cette boussole est un luxe ». Je trouvais important de pouvoir se rappeler qu'on est pas toujours en capacitĂ© de le faire selon notre situation, nos cycles de vie, etc. et c'est important de le garder Ă lâesprit pour ne pas tomber dans :
L'injonction Ă la joie.
La joie individualiste et hĂ©doniste « Ă©cran » dont je parlais tout Ă lâheure qui nous coupe d'Ă©vĂšnements ou de situations certes dures mais essentielles Ă connaĂźtre.
đđŸÂ Julia avait parlĂ© de la maniĂšre dont elle avait dĂ©veloppĂ© son rapport Ă la joie en sortant des lignes dâeaux classiques dans un Ă©pisode du Ploufcast.
Et si tu veux aller plus loin dans ton exploration introspective, go découvrir mon programme.
surmonter les crampes - la joie comme résistance
En anglais, on parle de « burst of joy ». LittĂ©ralement « dâĂ©clats de joie », Ă lâimage dâun fou rire quâon ne retiendrait pas. Câest lors dâun court Ă©change avec Marie-Alix que je me suis demandĂ© si le seul Ă©lĂ©ment que lâon pouvait contrĂŽler dans ce cas, c'Ă©tait de rĂ©unir les conditions pourâŠ. mĂȘme lorsque le monde autour sâĂ©croule.
« Les émotions avec lesquelles je deal en étant engagée sont : la colÚre (beaucoup), la frustration et le découragement. C'est pour ça que c'est hyper important pour moi de m'entourer de personnes qui m'inspirent, de lire de la SF, de m'intéresser aux imaginaires, au collectif, etc :)
Cette année je vais essayer de vraiment la cultiver au quotidien. Donc je suis souvent en recherche de joie un peu partout, dans des toutes petites choses, des petits détails, ou des façons de faire un peu différentes. » Marie-Alix
Ses mots m'ont fait penser Ă ceux dâAlex, rencontrĂ©e Ă lâoccasion de lâĂ©dition Comment faire sens en pĂ©riode de crise ? oĂč la jeune femme me parlait de « micro-victoires » volĂ©es Ă lâarrachĂ©e au contexte ambiant dĂ©primant.
Ils mâont aussi rappelĂ© que le « marchĂ© de la joie » â la musique, la fĂȘte, le thĂ©Ăątre, etc. â est souvent mis sous cloche dans les dictatures ou les rĂ©gimes autoritaires, comme si eux-mĂȘmes avaient conscience que la rĂ©sistance se crĂ©e dans ces moments dâĂ©clat.
đ so what ?
Je ne sais pas toi, mais moi, ça mâa donnĂ© envie de cultiver plus de joie dans mes engagements. En recueillant ces tĂ©moignages je me suis rendue compte que j'Ă©tais surtout portĂ©e par la colĂšre. Je me suis donc promis dâexplorer un peu plus les eaux de cette Ă©motion tout aussi porteuse quâest la joie.
PlutĂŽt que de te laisser avec du blabla, je me suis dit : pourquoi ne pas conclure avec une reco ? Tu connais Vice-Versa ?
Vice-Versa, câest un film Pixar sorti en 2015. On y suit les aventures des cinq Ă©motions primaires : Joie, Peur, ColĂšre, DĂ©goĂ»t, Tristesse. Elles cohabitent depuis toujours dans lâesprit de Riley, une jeune fille dâune dizaine dâannĂ©e et font face Ă leur premier gros dĂ©fi : gĂ©rer le dĂ©mĂ©nagement de ses parents du Minnesota Ă San Francisco. Dans le cerveau de Riley, câest le tsunami. Avant, tout allait pour le mieux : elle vivait au rythme des cours, des entraĂźnements de hockey et de discussions entre ami·es.
Mais depuis le dĂ©mĂ©nagent, tout sâembrume. Et Joie, autrefois au centre des Ă©motions, doit se battre pour garder sa place. Suite Ă un problĂšme dans « le centre de contrĂŽle », elle se retrouve coincĂ©e avec Tristesse loin de Riley. Spoiler : ça tourne mal, et la menace du naufrage psychique rĂŽde. Pour « se retrouver », Joie et Tristesse sont forcĂ©es d'embarquer dans un voyage initiatique, laissant les trois autres aux commandes. Lâoccasion de constater au cours du film la fonction essentielle de chacune des Ă©motions.
On y dĂ©couvre que la tristesse de Riley a engendrĂ© de lâempathie de la part de son entourage Ă plusieurs reprises â et teintĂ© de joie ces moments difficiles. Tout comme sa colĂšre en match de hockey la fait exalter une fois la victoire obtenue.
La morale ? Au fond, la joie sans les autres Ă©motions de la palette câest un masque vide. Jâai aussi compris quâin fine, on semble toujours ĂȘtre joyeux·se « malgrĂ© » ou « en dĂ©pit de », jamais gratuitement. Je crois que je ne suis jamais aussi heureuse de faire un bon chrono en sĂ©ance de natation que lorsque jâai vĂ©cu une journĂ©e particuliĂšrement morose. Alors je me demande : est-ce quâon apprĂ©cierait autant faire la fĂȘte si lâon ne sentait pas le monde partir en vrille autour ? I donât know.
đĄÂ le dessous des cartes
Temps de lecture : 1min
Un·e nageur·se mâa demandĂ© quels Ă©taient les profils que je suivais sur les rĂ©seaux sur lâenvironnement. Voici mes trois derniĂšres dĂ©couvertes â faites sur Linkedin :
đ L'association Les nouvelles voix qui met en avant des personnes portant des rĂ©cits alternatifs de lâĂ©cologie. Ăa mâa fait dĂ©couvrir plein de parcours de nage inspirants et divers, vraiment pĂ©pite. Je te glisse ici le lien vers leur site.
Bonus : la nageuse derriĂšre le rayonnement de lâasso n'est autre quâImane du mĂ©dia Grimpe dont jâai parlĂ© Ă plusieurs reprises.
đ Maya Siegel, une nageuse aux mille bonnets de bain. Ă lâorigine, Maya a fondĂ© le mĂ©dia Stories of consent â je lâai dĂ©couvert par ce biais. Puis, elle a rejoint les Ă©quipes du mĂ©dia Feminist (surtout prĂ©sent sur insta) en tant que rĂ©dactrice en cheffe sur le pan social. Sur ses canaux persos, Maya nous prĂ©sente les dessous de son engagement. Sur Linkedin, elle partage rĂ©guliĂšrement des programmes ou ressources pour aider celleux qui souhaiteraient se former sur ses thĂ©matiques phares : lâĂ©quitĂ©, la justice sociale et climatique.
đ Maxime Blondeau, la plume derriĂšre la newsletter Cosmorama qui poste de maniĂšre quotidienne des dĂ©cryptages, des cartes et autres ressources pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. Je ne prends pas toujours le temps de mây plonger mais c'est toujours trĂšs riche.
Bonus : toutes ses interventions sont en libre accÚs sur son site pour les curieux·ses !
đ Bonus triche : Je nâai pas vraiment dĂ©couvert les nageuses en question mais tant pis. Jâai fait un plouf dans les newsletters croisĂ©es de MĂ©lanie Duclos et MĂ©lanie Vettier sur lâinclusion x lâimpact, câest super intĂ©ressant â et un peu dĂ©primant je te cache pas. En tout cas ça donne envie de continuer Ă parler du sujet đ
đđŸÂ Si tu veux nager plus loin, la database mĂ©dia de La piscine est Ă portĂ©e de palme.
đ Â quelques ressources pour aller plus loin
Comme la derniĂšre fois, certaines ressources mâont Ă©tĂ© conseillĂ©es par les swimmers. Rien de plus simple pour les reconnaĂźtre, un emoji đđŸââïžÂ les prĂ©cĂšde. Merci encore pour les recos !
đđŸÂ Lâinterview de Tori Tsui â activiste climat â pour le mĂ©dia Empowher*Voice. Elle y Ă©voque sa conception de la joie comme acte de rĂ©sistance, ainsi que la nĂ©cessitĂ© de prendre soin de santĂ© mentale lorsquâon fait le choix de sâengager au quotidien.
đđŸââïžÂ La newsletter La dose par ChloĂ© LĂ©crivain qui explore comment construire son engagement dans la joie.
đđŸÂ Le podcast The Joy Report par le mĂ©dia Intersectional Environementalist. Câest une ressource gĂ©niale pour se plonger plus en profondeur dans la thĂ©matique, abordĂ©e Ă chaque fois avec un angle diffĂ©rent.
đđŸââïžÂ Les articles de Adrienne Maree Brown sur la joie. Tu peux commencer avec son article Maybe happiness?
đđŸââïžÂ Le mĂ©dia PositivR ou les bilans lĂ©gers de fin de semaine de Gaetan Gabriele « bonnes nouvelles » pour sortir la tĂȘte de l'eau lorsquâon est en PLS.
thérapi.scine
Merci aux swimmers qui ont rĂ©pondu au sondage concernant cette nouvelle section. Les rĂ©ponses ont Ă©tĂ© unanimes â jâai pu expĂ©rimenter le mĂȘme feeling que certain·es dirigeant·es aprĂšs les Ă©lections â donc je continue.
En ce moment, je vis un truc assez bizarre. Les adhĂ©sions Ă La piscine augmentent de maniĂšre assez rĂ©guliĂšre â merci Ă toi de me lire ! â, ce qui fait quâon commence Ă ĂȘtre pas mal de nageur·ses Ă se serrer par ici. 648 pour ĂȘtre plus prĂ©cise. Et vraiment⊠câest bizarre. Jâai beau poster quasi quotidiennement sur Linkedin devant bientĂŽt 4 500 personnes, me dire que jâenvoie une infolettre oĂč jâĂ©cris Ă cĆur ouvert Ă autant de gens, ça me stresse un peu. Ok, jâavoue, ça me stresse carrĂ©ment.
Je me dis que câest normal dâavoir le trac. AprĂšs tout, câest un peu comme si je me produisais au Trabendo de La Villette Ă Paris. Et en mĂȘme temps, je ne vois personne parler de cette sensation un peu bizarre qui prend aux tripes lorsquâon appuie sur « send » Ă sa liste mail comme si câĂ©tait un geste parfaitement normal. Ma psy nâĂ©tant pas dispo pour en parler, je me suis rabattue sur mes co-swimmers qui mâont pas mal rassurĂ©e sur le phĂ©nomĂšne.
« Câest normal dâavoir le trac » mâa dit une premiĂšre personne.
« Moi ça me le faisait Ă chaque fois au dĂ©but de mon mĂ©dia, et comme jâai peu dâĂ©change avec les gens, le stress part un peu. Dis toi que dans mon emploi prĂ©cĂ©dent, jâenvoyais une newsletter Ă plus de 300 000 personnes. Heureusement, ce nâĂ©tait pas signĂ© mais je me sentais mal Ă chaque fois » me confie une autre swimming buddy.
« Ă chaque fois je me demande si je suis cringe ou si c'est un syndrome de lâimposture » conclue une troisiĂšme.
Moi, ce que jâen retiens, câest quâon nage tous·tes dans la mĂȘme piscine dâinterrogations. Je me dis que cette pointe de trac tĂ©moigne aussi dâun certain engagement que chacun·e met dans sa rĂ©daction. Alors loin de moi lâenvie de me souhaiter des coliques, mais jâespĂšre garder cette apprĂ©hension au fur et Ă mesure de lâĂ©volution de La piscine. Dâune certaine façon, ça voudra dire que je ne perds pas pied dans le grand bain.
En attendant, jâai dĂ©sactivĂ© mes notifications dâabonnement et je me suis promis de regarder mes statistiques moins souvent.
Et si toi aussi tu postes, je te souhaite la mĂȘme chose, avec moult joie đ
PS : Je suis curieuse, est-ce que tu connais cette sensation ? Comment tu la gĂšres ? Et si tu ne publies pas, pourquoi ?
Ăa tâa plu ? Fais passer le mot !
đđŸÂ  Tu fais partie dâune structure Ă©ducative / entreprise et tu aimerais avancer sur les sujets liĂ©s Ă la DEI ? Swim par lĂ Â pour dĂ©couvrir mon offre.
đđŸÂ  Tu ressens le besoin dâĂȘtre accompagné·e pour crĂ©er une marque forte et/ou une prise de parole engagĂ©e ? Parlons-en.
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Ă trĂšs vite pour un nouveau plongeon đ
Apolline
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