Démocratiser la santé mentale, l'affaire du siÚcle ?
Une PLS, des réflexions et des ébauches de solutions collectives
Avec cette édition, je te propose une immersion dans un sujet essentiel : la santé mentale.
La Ploufletter est un espace randomadaire Ă lâintersection entre le sens, lâimpact (socio-Ă©cologique) et lâinclusion pour les actif·ves et pros engagé·es. AthlĂšte confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue đŁ
Tu verras, ici on Ă©voque beaucoup le monde de la natation, alors voici quelques guidelines. La piscine, câest le monde â du travail le plus souvent. La ligne de nage, câest la voie que lâon choisit. Enfin, les nageur·ses, ce sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quĂȘte de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
Tu peux aussi :
Plonger dans mes offres dâaccompagnement et de co-crĂ©ation de contenu (pour les entreprises et solopreneur·ses à impact)
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Sur ce, bonne sĂ©ance đ
đ Ă©ditâeau
Temps de lecture global : 15min
Coucou toi ! JâespĂšre que tout va bien de ton cĂŽtĂ© du bassin. De mon cĂŽtĂ©, câest mitigĂ©, comme la mĂ©tĂ©o. Le changement de saison a eu raison de mon systĂšme immunitaire mais jâai hĂąte de retrouver le plaisir des sĂ©ances en eaux libres sans combi.Â
Sache que je rĂ©dige cet Ă©ditâeau aprĂšs avoir Ă©crit 3 versions de la Ploufletter que tu as sous les yeux. Jâai amorcĂ© une Ă©dition reco, une portrait, et une derniĂšre â que tu lis â sur la santĂ© mentale.
Pour ĂȘtre tout Ă fait transparente, jâai hĂ©sitĂ© Ă garder le texte dâintro pour moi parce que je parle rarement de ce sujet, mais ça me tenait vraiment Ă cĆur de situer mon propos. Je te laisse donc en compagnie dâune page semi-tirĂ©e de mes carnets, semi Ă©crite sur mon clavier en mode avion avant dâappuyer sur envoyer â et regretter.Â
JâespĂšre que ce tour dâhorizon tâaidera Ă mieux apprĂ©hender le sujet.
Fasten your bouĂ©e, weâre about to take off đđŸââïž
Je te laisse, see you en fin dâĂ©dition.
Apolline đ
đŠ la crampe de trop
Vendredi 10 mars 2023, il est environ 14h.Â
Je viens de passer la semaine à Paris pour quelques rendez-vous, (re)voir des potes, et changer de cadre de travail. Comme à chaque fois que je « rentre », je me coule immédiatement dans le moule de mon ancienne vie natatoire.
Je retrouve mon quartier oĂč les skateurs·ses slaloment entre les groupes dâĂ©tudiant·es assis·es par terre entre deux cours, la piscine oĂč jâallais me vider la tĂȘte, et le cafĂ© oĂč je mâinstallais pour Ă©crire les jours de prodâ. En mây asseyant, je remarque un de mes stickers collĂ© au mur, Ă cĂŽtĂ© de ma place prĂ©fĂ©rĂ©e. C'est drĂŽle, jâavais oubliĂ© ce dĂ©tail.
Mais cette semaine ; câest le vide.Â
Jâai passĂ© des heures devant mon Ă©cran Ă essayer dâĂ©crire une phrase. Rien. Jâai sorti mon carnet, persuadĂ©e que ce changement de support mâaiderait Ă sortir la tĂȘte de lâeau. En vain.Â
Ăa me panique. Ăa ne mâarrive jamais de manquer dâinspiration. Surtout que pour moi, Ă©crire, câest vital. JâĂ©cris pour cĂ©lĂ©brer, pour rĂ©flĂ©chir, pour rĂąler, rĂȘvasser, pourâŠ.tout. Câest ma safe place. Et si tu me lis depuis quelque temps, tu sais que je suis plutĂŽt du genre loquace que synthĂ©tique.
Alors quand ce muscle coince, je sais que cette crampe crĂ©ative indique un problĂšme plus profond.Â
Dans mon cas, la rĂ©ponse se trouve sous mon masque de plongĂ©e : ma santĂ© mentale est en chute libre.Â
Ă cette Ă©poque, je viens de renouveler mon abonnement dans mon (ex-)centre dâentraĂźnement aprĂšs une longue hĂ©sitation, et je sens que quelque chose cloche. Lorsque mes potes me demandent si tout se passe bien, jâĂ©vite de rĂ©pondre â de peur de les noyer sous les interrogations relatives Ă mon mal-ĂȘtre. Quand je pense Ă mes sĂ©ances de natation, mon estomac se serre ; et, malgrĂ© lâenvie, Ă©crire est devenu mission impossible.
Tabarouette, câest la marde . (En ce moment je barbote dans des ressources quĂ©bĂ©coises, jâai pas pu mâen empĂȘcher.)
Ce fameux 10 mars, ça fait trois jours que je suis de retour dans ma nouvelle ville. Ăa fait â aussi â trois jours que ne suis pas sortie de mon lit, ni de mon peignoir. Je crois quâil est temps de me rĂ©soudre Ă lâĂ©vidence ; jâai besoin dâaide. Je dĂ©cide donc de prendre lâhippocampe par les cornes pour me mettre en quĂȘte dâun·e psy.Â
AprĂšs une demi-heure de rĂ©flexion pour dĂ©finir mes critĂšres â voulais-je ĂȘtre accompagnĂ©e par une femme ? un homme ? spĂ©cialisé·e dans quel domaine ? sensible Ă quelle·s thĂ©matique·s ? partageant quel·s aspect·s de mon expĂ©rience ? â, jâai fini par chausser ma combi et mes palmes pour scroller sur Doctolib. La plongĂ©e fut longue mais heureuse puisque jâai fini par trouver la personne qui a sauvĂ© mon annĂ©e.
Tout ceci pour te dire quâavant cet Ă©pisode, pour moi, la santĂ© mentale sâapparentait Ă un concept flou1. Comme tout le monde, jâavais quelques lests attachĂ©s Ă ma ceinture, mais rien qui ne mâempĂȘchait de noyer mes soucis dans le crossfit ou la natation.Â
Depuis, tu tâen doutes, jâai pas mal barbotĂ© dans le sujet â que ce soit pour La piscine, ou avec mon·ma psy. Et ces immersions ont fait Ă©merger plusieurs rĂ©flexions que je voulais partager avec toi.Â
đ la santĂ© mentale, l'affaire du siĂšcle ?
Déjà , de quoi parle t-on quand on évoque la santé mentale ? Et qui cela concerne t-il ?
Jâai lâimpression que chaque gĂ©nĂ©ration a dĂ©veloppĂ© un rapport plus ou moins ouvert Ă la santĂ© mentale. Pour Ă©viter les clichĂ©s, jâai donc commencĂ© mon exploration en allant piquer une tĂȘte dans diffĂ©rents rapports pouvant mâaider Ă Ă©tayer la notion. Je suis notamment tombĂ©e sur un rapport de lâOMS, sorti en 2022. Celui-ci dĂ©finit la santĂ© mentale comme :
« Un Ă©tat de bien-ĂȘtre qui permet Ă chacun de rĂ©aliser son potentiel , de faire face aux difficultĂ©s normales de la vie, de travailler avec succĂšs et de maniĂšre productive, et dâĂȘtre en mesure dâapporter une contribution Ă la communautĂ© ».
Lâinstitution va mĂȘme plus loin en le dĂ©finissant comme un droit fondamental Ă part entiĂšre.
Et, si on en parle aujourdâhui, câest que ce droit est en train de partir Ă la dĂ©rive, sec.Â
Continuons par quelques statistiques â en guise dâeau sur la nuque â, veux-tu ? đđŸÂ
đđŸââïž Une personne sur quatre a connu / connaĂźt / connaĂźtra un trouble de la santĂ© mentale au cours de sa trajectoire de nage â pense Ă faire un check rĂ©gulier de tes co-swimmers (Source : OMS).
đđŸââïž En 2023, quasi un·e français·e sur dix de 15 à 85 ans partagent avoir vĂ©cu au moins un Ă©pisode dĂ©pressif dans l'annĂ©e â en 2021, 20% des 18-24 ans Ă©taient concerné·es. Câest Ă©norme (Source : OMS).Â
đđŸââïž 55% des salarié·es estimaient ĂȘtre en situation de stress intense au travail en 2023 (source : teale).
đđŸââïž Et 71% des moins de 35 ans estiment rĂ©flĂ©chir plus au sens de leur travail depuis le COVID. (Source : Alan)
Bon, je te lâaccorde, le plongeon Ă©tait plus rude que prĂ©vu. Perso, je trouve ces stats affolantes.
Les raisons derriĂšres ces chiffres sont multiples. On pourrait citer le contexte Ă©volutif dans lequel on Ă©volue â avec lâincertitude que les nouvelles technologies comme lâIA ont apportĂ© quant au futur du travail â, notre rapport toujours plus intense Ă la productivitĂ© et Ă lâoptimisation de nos chronos. Tout comme les effets de la crise sanitaire dont lâimpact se fait encore encore ressentir sur notre moral, nos interactions et nos modes de vie ou les multi-crises quâon traverse depuis (câest comme les multi-prises sauf que ça crame dĂ©jĂ ).Â
Mais, malgrĂ© cette dĂ©mocratisation des troubles liĂ©s Ă la santĂ© mentale, le sujet reste encore trĂšs tabou dans la sociĂ©tĂ©. Aujourdâhui, seule une minoritĂ© des français·es consulte â 20% â et le geste est encore associĂ© Ă une preuve de courage.Â
Ăa fait beaucoup⊠dâautant plus que si lâon sâen rĂ©fĂšre aux chiffres, on y a Ă©tĂ© / est / sera tous·tes confronté·es un jour ou lâautre. Plus tard, lorsque jâai abordĂ© le sujet sur Linkedin, quelques swimmers mâont partagĂ© leur expĂ©rience, dont Aurore, graphiste et nageuse de longue date qui a soulignĂ© cette omerta :
« Pendant longtemps, jâosais pas parler de ma dĂ©pression parce quâon mâavait fait ressentir que câĂ©tait mal, que câĂ©tait de ma faute si jâĂ©tais pas bien, que jâexagĂ©rais.
Maintenant que je vais bien, jâai aucun problĂšme Ă en parler haut et fort, parce que câest « normal » de traverser ce genre de passe, câest une maladie qui peut toucher tout le monde »
Ses propos font parfaitement Ă©cho Ă ceux de BrenĂ© Brown â spĂ©cialiste de la vulnĂ©rabilitĂ© â qui confessait avoir longtemps eu honte de ses Ă©pisodes dĂ©pressifs quâelle dissimulait.
đđŸ Pour aller plus loin, je tâinvite Ă te plonger dans lâĂ©dition de la Ploufletter sur la honte oĂč on avait creusĂ© ensemble cette question de la vulnĂ©rabilitĂ© et des dynamiques sociales Ă lâĆuvre dans cette Ă©motion.
Et si la thĂ©matique des Ă©motions tâintĂ©resse, tu peux poursuivre ton exploration natatoire en allant (re)dĂ©couvrir lâĂ©dition consacrĂ©e Ă la joie.
đ inclusion et santĂ© mentale
Une fois ce premier tour dâhorizon effectuĂ©, je me suis rendue compte quâun sentiment de gĂȘne persistait lorsque je plongeais dans certaines ressources ; sans pour autant arriver Ă mettre le gant de plongĂ©e sur ce qui coinçait.
Câest quand Aurore mâa confiĂ© avoir « toujours eu un peu de mal avec le dev perso Ă vrai dire. Je trouve que câest quelque chose un peu bateau qui marche bien quand on a aucun trouble, aucun trauma, aucun soucis de santé⊠», que jâai compris. Ce qui me faisait grincer des dents, câĂ©tait justement cette individualisation Ă outrance de la santĂ© mentale .Â
Parler mindset, sur-performance, amĂ©lioration de soi, câest valable lorsque notre environnement rime avec perfection. Dans les faits, plusieurs Ă©lĂ©ments peuvent entrer en jeu et altĂ©rer ce dĂ©veloppement.
(Si tu ne vois toujours pas la tendance dont je parle, voici quelques mots-clefs à taper sur les réseaux pour te plonger dans la dark-side de la santé mentale : miracle morning, romanticize your life, self-care, slow-life.)
â ïž Attention, tous les contenus que proposent ces hashtag ne sont pas toxiques. Ils ont simplement tendance Ă vĂ©hiculer une vision trĂšs individualiste du sujet. PoussĂ©e Ă outrance, cette sur-responsabilisation perd tout sens. Car dĂ©velopper des routines sportives on point, faire du journaling etc. demande une denrĂ©e qui se fait parfois rare selon nos situations sociales : le temps â en plus de lâaspect financier.
Pour moi, câest dans cette approche que se trouve la faille.
Comme je te le disais plus tĂŽt, le refuge du cabinet de mon·ma psy mâa permis de sortir de plusieurs tourbillons. Dâabord, celui professionnel Ă lâorigine de ma premiĂšre prise de rendez-vous, mais, au fur et Ă mesure de lâannĂ©e, je me suis rendue compte que ces sĂ©ances mâont Ă©galement permis de sortir la tĂȘte de lâeau aux moments oĂč lâactualitĂ© sociale et (gĂ©o)politique atteignaient leur paroxysme.
TrĂšs vite, ce·tte lifeguard (aka, ce·tte pro) mâa mise en garde sur la diffĂ©rence entre : notre capacitĂ© individuelle Ă prendre soin de notre santĂ© mentale vs. les dynamiques sociales sur lesquelles nous nâavions pas prise⊠Qui peuvent toutefois avoir un impact sur notre Ă©tat psychologique.
Curieuse dâen apprendre plus, jâai fini en Y sur ma bouĂ©e Ă fouiller sur le site de lâOMS pour dĂ©couvrir que la dĂ©finition originelle (celle que je tâai partagĂ©e plus haut) est tronquĂ©e. Car, loin de faire reposer la santĂ© mentale uniquement sur les individus, lâOMS inclut un aspect beaucoup plus macro :
« Lâexposition Ă des circonstances sociales, Ă©conomiques, gĂ©opolitiques et environnementales dĂ©favorables â y compris la pauvretĂ©, la violence, les inĂ©galitĂ©s et la privation de bonnes conditions environnementales â augmente aussi le risque de dĂ©velopper des problĂšmes de santĂ© mentale. »
« Les facteurs de risque et de protection qui influent sur la santĂ© mentale se manifestent dans la sociĂ©tĂ© Ă des Ă©chelles diffĂ©rentes. Les menaces locales augmentent le risque pour les individus, les familles et les communautĂ©s. Les menaces mondiales augmentent le risque pour les populations dans leur ensemble ; il peut sâagir de rĂ©cessions Ă©conomiques, de flambĂ©es Ă©pidĂ©miques, de situations dâurgence humanitaire, de dĂ©placements forcĂ©s ou encore de la crise climatique qui sâaccentue. »
En somme : la santé mentale est pluridimensionnelle et démocratiser son accÚs constitue un enjeu social clef.
(Surtout si â comme lâOMS â on la conçoit comme un droit fondamental Ă part entiĂšre.)
Dans ce cas, (re)considĂ©rer le bien-ĂȘtre sous cet angle, câest aussi (re)considĂ©rer nos efforts collectifs pour tendre vers cet Ă©tat. Cela peut prendre diffĂ©rentes formes comme repenser : lâĂ©ducation, nos environnements de travail, notre organisation sociale, lâorganisation de nos villes, ou encore agir pour lâĂ©cologie à échelle gouvernementale...
âŠ.Sans oublier la valorisation financiĂšre de ces projets visant Ă dĂ©mocratiser cet aspect essentiel de la santĂ©.
Un des exemples en la matiĂšre qui me vient en tĂȘte, câest le fameux dispositif MonPsy. DĂ©veloppĂ© en 2022 pour la premiĂšre fois, ce parcours de nage permettait dâaccĂ©der Ă 8 sĂ©ances avec un·e psy partenaire du dispositif gratuitement. Le problĂšme ? La sĂ©ance nâĂ©tait valorisĂ©e quâĂ hauteur de 30⏠pour les professionnel·les. Pour pouvoir sây engager cĂŽtĂ© patient·e, il fallait dâabord obtenir une lettre dâorientation de la part de son mĂ©decin traitant. Et lorsquâon connaĂźt lâĂ©tat du paysage mĂ©dical en France⊠cette premiĂšre Ă©tape pouvait parfois sâavĂ©rer trĂšs longue.Â
Au vu des chiffres en hausse concernant la dĂ©tresse psychologique des jeunes nageur·ses et des moyens individuels en baisse â pour rappel, la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante a explosĂ© ces derniĂšres annĂ©es et un·e Ă©tudiant·e sur cinq ne mangeait pas Ă sa faim en 2023 selon une Ă©tude de la FĂ©dĂ©ration des associations gĂ©nĂ©rales Ă©tudiantes â , celui-ci sera revalorisĂ© en juin.
Cette pierre pose t-elle les fondations dâune nouvelle relation Ă la santĂ© mentale en France ? Time will tell.
Au-delĂ de la seule question Ă©conomique, dâautres enjeux dâinclusion sont Ă prendre en compte pour plonger de maniĂšre holistique dans la santĂ© mentale. Dans lâĂ©pisode de Self-care ta mĂšre et de Kiffe ta race dĂ©diĂ©s Ă la santĂ© mentale des personnes minorisĂ©es, les invité·es intervenant en bord de bassin Ă©voquent non seulement lâimpact psychologique que peuvent avoir les discriminations ; mais aussi la charge psychique et les consĂ©quences physiques qui peuvent en dĂ©couler.
En fait, sâimmerger dans la santĂ© mentale, câest comme ouvrir la boĂźte de Pandore. Toutes les problĂ©matiques sây croisent.
đđŸ Pour aller plus loin, je tâinvite Ă aller Ă©couter lâĂ©pisode du podcast ExtimitĂ© avec Lou du (feu) compte instagram « La charge raciale » qui parle de sa construction Ă lâintersection et des effets que cela a pu avoir sur sa propre santĂ© mentale.
Je tâinvite Ă©galement Ă aller faire un tour du cĂŽtĂ© des Ă©ditions tĂ©moignage de la Ploufletter avec Farah et HĂ©lĂšne ou bien avec Marcy qui explore les liens que peuvent entretenir charge / santĂ© mentale et minorisation.
đ so what ?
La question que je me pose aujourdâhui, câest : comment dĂ©centrer la santĂ© mentale ?Â
Car, mĂȘme si les rĂ©seaux sociaux ont participĂ© Ă ouvrir les vannes â et la parole â, notre rĂ©ponse reste encore trĂšs auto-centrĂ©e. Et, comme les petits gestes en Ă©cologie, agir Ă son Ă©chelle câest cool, mais insuffisant. Dâautant plus que les Ă©lĂ©ments ayant le plus dâimpact sur celle-ci relĂšvent du macro.
MalgrĂ© tout, les choses commencent Ă bouger â notamment en entreprise. Les actions de sensibilisation, dâĂ©change et dâaccompagnement commencent Ă se faire une place dans un environnement encore marquĂ© par la crise sanitaire. Pour beaucoup, le bien-ĂȘtre â au mĂȘme titre que le sens â est devenu un argument RH Ă part entiĂšre. Ainsi, 88% des employé·es considĂšrent quâil est du ressort de lâentreprise de prendre soin de leur santĂ© mentale (Alan) et prennent cet aspect en compte au moment de postuler.
Imagine si on affichait sur toutes les piscines municipales la devise « LibertĂ©, ĂquitĂ©, SantĂ© mentale dĂ©mocratisĂ©e ». Moi, jâachĂšte mon abonnement direct.
En attendant de voir ce rĂȘve ce rĂ©aliser, je conclurai avec ces mots, prononcĂ©s par Marcy lors de notre discussion : « On a quâune santĂ© mentale, alors autant en prendre soin ».
đ Ă©valuer sa santĂ© mentale
Maintenant quâon a dit tout ça, comment savoir si notre santĂ© mentale pourrait avoir besoin dâun petit (gros) coup de polish ? Peut-ĂȘtre connais-tu lâadage « Tout ce qui ne se mesure pas nâexiste pas ». Et bien voici un outil pour effectuer rapidement un auto-diagnostic de notre bien-ĂȘtre crĂ©Ă© en 1999 par lâOMS.Â
Pour rĂ©aliser lâexercice, rien de plus simple : repense Ă tes deux derniĂšres semaines et assigne une note moyenne entre 0 etđŠđŠđŠđŠđŠ pour chaque affirmation que tu vas lire.Â
Ici 0 signifie que tu ne te retrouves pas du tout dans la situation dĂ©crite et đŠđŠđŠđŠđŠÂ reprĂ©sente la note la plus Ă©levĂ©e.
Ready ? Letâs plouf đđŸââïžÂ
Ces deux derniĂšres semaines jâai eu lâimpression ⊠đđŸÂ
1ïžâŁÂ De mâĂȘtre souvent levé·e en me sentant fraĂźc·he, et motivé·e.Â
2ïžâŁÂ Dâavoir surtout ressenti de la bonne humeur.Â
3ïžâŁÂ Dâavoir souvent eu plein·e dâĂ©nergie, prĂȘt·e Ă faire une sĂ©ance de natation.Â
4ïžâŁÂ Dâavoir Ă©tĂ© majoritairement calme et tranquille â comme la mer un jour sans vent.Â
5ïžâŁ Dâavoir eu une vie quotidienne intĂ©ressante et riche.
Ă lâissue de lâexercice, additionne le tout. La somme finale devrait te donner un aperçu de ton bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral. Plus celle-ci est Ă©levĂ©e (sur 25) plus câest positif.Â
PS : bien-sĂ»r ceci ne remplace pas une consultation chez un·e pro du sujet. Remember : on a le rĂ©flexe dâaller voir un·e ostĂ©o quand on se foule la cheville alors letâs go faire de mĂȘme pour notre santĂ© mentale.
đ€ż et comme on est pas des pinces, voici quelques tips pour prendre soin de ta santĂ© mentale
đđŸââïž Go voir un·e psy ou un·e autre pro de la santĂ© mentale.
Quand on se blesse, on va chez le kinĂ©. Alors letâs go faire de mĂȘme quand on sent que le mental coince.Â
Et comme pour le choix de club de nage, il faut parfois tester plusieurs structures et faire plusieurs sĂ©ances dâessai pour trouver palme Ă son pied. Itâs ok.
Outre le dispositif MonPsy citĂ© plus haut pour accĂ©der gratuitement Ă un accompagnement, les consultations psychiatriques sont Ă©galement remboursĂ©es par la sĂ©curitĂ© sociale â la mĂ©dicamentation nâest pas obligatoire. De mĂȘme, tu peux tâorienter vers les CMP qui proposent Ă©galement des consultations gratuites. (Attention, le temps dâattente est parfois â trĂšs â long.)Â
đđŸââïž Trouver ton swimming crew / ton groupe de pair.Â
On appelle ça la pair-aidance en vocable mĂ©dical. Si tu veux mâemprunter le terme pour briller Ă la machine Ă cafĂ© en sortie de sĂ©ance de nage, vas-y, câest cadeau. (On peut aussi parler de non-mixitĂ© pour les adeptes des conversations politiques enflammĂ©es.)
Perso, je me rends compte quâĂ©changer Ă des personnes qui partagent mon vĂ©cu fonctionne comme une soirĂ©e plaid post-entraĂźnement. Ăa : me rassure, lĂ©gitime mon expĂ©rience et a le bĂ©nĂ©fice de retirer la charge Ă©ducative ou de sensibilisation que tu peux accumuler lorsque tu dois â en plus â raconter ton expĂ©rience Ă des personnes non-concernĂ©es.Â
Cet aspect a beaucoup pesé dans mon choix de psy. Cela me semblait essentiel de bùtir une relation patiente-thérapeute sur des sensibilités communes concernant certains sujets.
Et, si tu nâas pas forcĂ©ment accĂšs Ă un groupe de pairs, tu peux aussi identifier les personnes dans ton entourage avec qui tu te sens Ă lâaise de discuter et de te confier dans un premier temps. (Un Ă©change entre potes ne remplaçant pas un·e pro attention.)
Il existe Ă©galement des lignes dâĂ©coute comme Nightline pour Ă©changer anonymement avec des personnes formĂ©es Ă lâĂ©coute qui sauront aussi te rĂ©orienter ensuite en fonction de tes besoins exprimĂ©s.Â
đđŸââïž Choisir ses batailles.
Perso jâai arrĂȘtĂ© de « dĂ©battre » quand je sais que ma parole sera questionnĂ©e ou non Ă©coutĂ©e (encore plus pour des sujets comme lâinclusion ou lâenvironnement). Et mine de rien, ça me fait un bien fou.
đ Â quelques ressources pour aller plus loin
đđŸââïž Le podcast et la newsletter Folie Douce de Lauren Bastide (conseillĂ© par un·e swimmer). Jâai a-do-rĂ© lâĂ©pisode avec Rokhaya Diallo. Ensemble, elles plongent dans la charge Ă©ducative, le cyberharcĂšlement et la colĂšre â une pĂ©pite.Â
đđŸ Jâai rĂ©cemment dĂ©couvert quâon pouvait devenir secouriste de la santĂ© mentale. « La formation dure deux jours et s'adresse avant tout aux citoyens et aide Ă repĂ©rer les premiers signes de souffrance psychique. Si ça tâintĂ©resse tu devrais trouver des formations prĂšs de chez toi » mâa partagĂ© un·e ancien·ne participant·e.
đđŸ Le Rapport mondial sur la santĂ© mentale: transformer la santĂ© mentale pour tous de lâOMS
đđŸ Le rapport La promotion de la santĂ© mentale : un enjeu individuel, collectif et citoyen par SantĂ© Publique
đđŸ Mon ebook sur la sĂ©curitĂ© psychologique qui aborde, en fond, cette notion essentielle.
Ăa tâa plu ? Fais passer le mot !
Pour rappel si tu veux quâon travaille ensemble tu peux đđŸ
Plonger dans mes offres dâaccompagnement et de co-crĂ©ation de contenu (pour les entreprises et solopreneur·ses à impact)
Tâimmerger dans mon media kit pour tâassocier Ă la Ploufletter et te rendre visible auprĂšs des swimmers.
Ă trĂšs vite pour un nouveau plongeon đ
Apolline
Sorry, je nâai pas pu â non plus â mâen empĂȘcher.