Idéalise-t-on trop la reconversion ? - Quand changer de voie prend plus de ressources que prévu.
Un entretien-tsunami et des vagues
La Ploufletter est un espace crĂ©Ă© par La piscine pour parler quĂȘte de sens. Je tây apporte contenu, ressources et outils pour apprendre Ă te connaĂźtre et construire une voie Ă ton image. Le tout sur fond de sociologie et mauvais jeux de mots. AthlĂšte confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue đŁ
Tu verras, ici on Ă©voque beaucoup le monde de la natation pour faire rĂ©fĂ©rence au fait de se lancer « dans le grand bain » de la vie. La piscine, câest le monde â du travail le plus souvent. Le couloir de nage, câest la voie que lâon choisit. Les diffĂ©rentes techniques de nages, les paliers que lâon passe. Enfin, les nageur·ses sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quĂȘte de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
Tu peux aussi :
Plonger dans le carnet de jeu à lâeau pour lancer ton introspection,
DĂ©couvrir le programme introspectif de La piscine conçu pour tâaider Ă trouver ta voie·x,
Tâabonner Ă la Ploufletter si on tâa transfĂ©rĂ© cette Ă©dition đđŸ
Sur ce, bonne sĂ©ance đ
đ Avant le plongeon
Coucou toi, comment se passe la reprise de lâentraĂźnement ? Pas trop encrassé·e aprĂšs la pause estivale ?
Ă lâheure oĂč tu lis ces lignes, je suis sĂ»rement en PLS sur le bord dâune route entre Paris et la Picardie. Chaque annĂ©e, pour fĂȘter la rentrĂ©e, je me lance des petits dĂ©fis sportifs. Ă cette mĂȘme Ă©poque lâan dernier, jâĂ©tais en nage sur le sentier des 25 bosses. Aujourd'hui, je tente1 lâexpĂ©dition Ă vĂ©lo. Qui eĂ»t cru quâaprĂšs ma premiĂšre sortie et mon accident jâallais vriller comme ça ?
On commence Ă se connaĂźtre toi et moi ; laisse moi donc tâavouer un truc : je ne sais pas si jâarriverai au bout du pĂ©riple â mais ce ne sera pas faute d'avoir essayĂ©.
Dâailleurs, câest Ă©tonnant. Cette rentrĂ©e est la premiĂšre de ma « vraie vie dâadulte » longtemps redoutĂ©e. (PeutâĂȘtre est-ce pour Ă©chapper à ça que je suis partie pĂ©daler jusqu'Ă CompiĂšgne ?) Pourtant, mĂȘme si je suis toujours aussi paumĂ©e, cette rentrĂ©e se teinte dâune vague de nouveautĂ©.
Figure toi que je donne mon premier atelier Our Millennials Today dans la piscine Imparfaites & Joyeuses le 23 septembre sur les biais cognitifs2. Aussi, aprĂšs avoir parlĂ© avec plusieurs dâentre vous cet Ă©tĂ©, je me suis dĂ©cidĂ©e Ă dĂ©velopper un pan accompagnement. RĂ©sultat des courses, La culbute, le plus chill des programmes d'introspection arrive bientĂŽt sur lâonde. (Si dâaventure cela tâintĂ©resse de le tester tu peux rĂ©pondre Ă cet email, je tâenverrai les infos pour le bĂȘta tester !) Enfin, un crowdfunding se profile pour fin octobre afin accompagner l'arrivĂ©e de la deuxiĂšme Ă©dition dâĂ lâeau mag. Jâai hĂąte et, en mĂȘme temps, je suis mĂ©ga anxieuse de me frotter Ă la rĂ©alitĂ© dâun marchĂ© oĂč je suis aussi Ă lâaise quâun baby dans lâeau.
Bref, dâune certaine façon, moi aussi je plonge - un peu - dans le grand bain de lâorientation. Feels odd.
Avec tout ça, je me suis donc dit que rien ne valait une reprise tranquille. Je te propose donc de tâimmerger en douceur dans le bassin introspectif avec un tĂ©moignage. Tu verras, il est puissant, fort et trĂšs intĂ©ressant. Jâai adorĂ© enregistrer puis retranscrire cet Ă©change oĂč on aborde de nombreux sujets peu Ă©voquĂ©s sur Our Millennials Today jusquâici ! On parle pression sociale, relation Ă la famille et santĂ© mentale sur fond de reconversion en fin dâĂ©tudes.
PrĂȘt·e Ă plonger ?
Fasten your bouĂ©e, weâre about to take off đââïž
đ On recrute des nouveaux nageur·ses. Tu veux rejoindre la team ? câest juste ici đ
« J'aurais aimé qu'on me dise que c'est important de savoir souffler »
L'athlĂšte du jour est entre deux bassin aprĂšs avoir choisi de se reconvertir en sortant dâĂ©tudes. Dans cet Ă©change Au bord du bassin, iel vient nous partager ses questionnements, sa paumitude et ses rĂ©flexions multiples autour â notamment â de la santĂ© mentale. Cet entretien sĂšme les graines de lâannĂ©e Ă venir, de thĂšmes quâon abordera au micro, dans le mag et ici, en newsletter. Merci infiniment pour cet Ă©change prĂ©cieux qui lĂšve le voile sur de nombreux aspects tabous de lâorientation.Â
La discussion Ă©tant assez longue, je te recommande de tâinstaller confortablement dans ton transat pour nous lire. Si celui-ci te donne envie de poursuivre la conversation, rdv sur instagram ou par email (hello@thewhy.xyz)
Bonne lecture đ
ps : par souci dâanonymat tous les propos ont Ă©tĂ© dĂ©genrĂ©s.
Coucou, merci beaucoup dâavoir acceptĂ© de venir me partager ton expĂ©rience dans la piscine Our Millennials Today ! First things first, peux-tu mâen dire un peu plus sur toi et ton parcours ?
Avec plaisir ! J'ai passé mon bac en 2013 et, ensuite, j'ai fait un BTS Assistant·e de Gestion. J'avais envie de faire de l'hÎtellerie à l'époque. Comme j'avais été mis·e en stand by par l'école, j'ai laissé tomber pour poursuivre le schéma classique. AprÚs ça, j'ai fait un Bachelor en Global Business pendant un an.
J'ai fait beaucoup d'Ă©tudes parce que j'ai un profil de bon·ne Ă©lĂšve... Engranger du savoir, le recracher, apprendre pas de soucis, mais j'ai continuĂ© sans savoir vers quoi j'allais. Je pense que c'est ce qui a fait foirer mes entrĂ©es en master. Mine de rien, c'est un peu le premier moment oĂč on doit faire un vrai choix de spĂ©cialisation et je n'ai pas trop rĂ©ussi Ă le gĂ©rer. J'ai travaillĂ© pendant un an avec pas mal de dĂ©sillusions. Entre ce qu'on m'a vendu et la rĂ©alitĂ© du terrain il y a un monde, mĂȘme si je sais qu'on ne fait pas toujours des tĂąches qui nous plaisent. AprĂšs cette cĂ©sure forcĂ©e j'ai fait un master en management du sport.
J'ai toujours travaillĂ© et fait des contrats saisonniers en parallĂšle de mes Ă©tudes. Mais Ă la fin de mon master en Ă©vĂšnementiel sportif, il y avait peu d'offres sur le marchĂ©. Suite Ă un gros fail je me suis retrouvé·e en bĂ©quilles. Puis, jâai eu d'autres soucis de santĂ© qui m'ont un peu mis·e dans la m*rde et fait changer dâalimentation. Finalement, dĂ©but 2020 j'ai Ă©tĂ© rĂ©embauché·e pour 6 mois sur un poste saisonnier Ă proximitĂ© de chez moi. C'Ă©tait plutĂŽt la bonne option pour rester proche de mes mĂ©decins etc. Et au bout de 5 semaines... COVID et chĂŽmage partiel. J'ai vraiment senti le vent tourner. Surtout vu ma spĂ©cialisation en Ă©vĂ©nementiel Ă©questre. Tous les secteurs bouchĂ©s, c'est pour moi !Â
Je me suis dit Ă ce moment qu'il fallait que je trouve quelque chose pour sortir de l'inactivitĂ©. C'est lĂ que je me suis dit que j'allais faire une reconversion professionnelle pour aller vers le CAP pĂątisserie. En ne mangeant rien de ce que j'allais cuisiner [rires]. J'ai fait 8 mois en intensif avec 2 stages. AprĂšs mon diplĂŽme j'ai eu de nouveau des soucis de santĂ© qui m'ont immobilisé·e et je n'ai pas trouvĂ© de contrat. C'est lĂ que je me suis dit « monte ta boĂźte ». Mais c'est pas si simple... et surtout, ce nâest pas quelque chose qu'on nous apprend en CAP.
Ton parcours est super riche ! Tu as dĂ©jĂ expĂ©rimentĂ© plein de choses diffĂ©rentes. MĂȘme si tu te sens paumé·e, câest top d'avoir cette capacitĂ© d'adaptation et de rĂ©invention de soi aussi rapide ! Et aujourdâhui, comment vis-tu cette reconversion ?Â
Et bien c'est assez mitigé.
On a tendance Ă souvent idĂ©aliser la reconversion. On a l'image de la personne qui travaille heureuse h24, ou ce quâen prĂ©sentent les Ă©missions. Mais la rĂ©alitĂ© est tout autre. On ne dit pas avant de nous mettre dans le bain que ce sont des dĂ©buts de journĂ©e Ă 2h du mat', la fatigue physique, etc. Aussi, je suis ultra cĂ©rĂ©bral·e et donc j'ai du mal Ă coordonner mes mains et mon cerveau, Ă aller vite en production. Quand je fais quelque chose j'ai besoin de comprendre pourquoi / comment, ce qui n'est pas forcĂ©ment le cĆur de la pĂątisserie. Je me demande souvent si on est vraiment si compĂ©titif·ves en reconversion sur ce marchĂ© qui plĂ©biscite quand mĂȘme la prodâ et l'efficacitĂ©.Â
En plus, j'ai un profil trĂšs nichĂ© : j'aimerais faire de la pĂątisserie vĂ©gĂ©tale. C'est un autre dĂ©lire lĂ aussi. Souvent il faut se faire accompagner limite d'ingĂ©nieurs agro-alimentaires pour la crĂ©ation. Richard Hawke, un chef vĂ©gĂ©tal fait ça et travaille beaucoup sur les textures. Ăa n'a rien Ă voir. On apprend peu sur la pĂątisserie vegan, sans gluten, sans allergĂšnes. C'est encore peu intĂ©grĂ© dans les cours d'Ătat. On a simplement une ou deux lignes par chapitre sur les substituts. Pour une formation exhaustive il faudrait aller dans un organisme privĂ© spĂ©cialisĂ© une fois diplĂŽmé·e de l'Ătat. Mais ça change tout le budget et la temporalitĂ© de la reconversion.
Mais d'ailleurs pourquoi as-tu choisi la pĂątisserie ?
J'étais gourmand·e, j'adore le sucre et j'avais envie de comprendre comment rendre festifs certains moments du quotidien malgré mes contraintes alimentaires. Je voulais d'abord apprendre à faire de la pùtisserie classique pour ensuite faire mes propres recettes. Un peu comme en vélo, je voulais d'abord mettre les roulettes avant de sortir des chemins battus !
J'avoue avoir aussi vu le cĂŽtĂ© pragmatique. Si je veux voyager, c'est un mĂ©tier qui embauche partout, pĂątissier·e Ă la française. Ou mĂȘme ici. C'Ă©tait la sĂ©curitĂ©.
Câest vrai quâen apprenant tout ça tu peux crĂ©er pour toi et une niche dont on parle de plus en plus ! Et pourrais-tu mâen dire plus sur la maniĂšre dont tu v(o)is lâintĂ©gration sur le marchĂ© du travail et/ou en entreprise lorsquâon est une personne avec des soucis de santĂ© ?Â
Pour les jambes, ça va. Quand jâĂ©tais en bĂ©quilles, j'ai accompagnĂ© quelqu'un Ă Paris pendant 3 jours. Pour les visites guidĂ©es, on optait pour le fauteuil roulant. On s'est retrouvé·es dans des situations plutĂŽt rocambolesques. On s'est limite fait jeter d'un ascenseur bondĂ© avec des personnes qui voulaient en plus faire entrer des poussettes, ou encore des personnes ĂągĂ©es valides qui ne voulaient pas attendre. Et pour les entreprises⊠on est vraiment en retard. Ă mon avis, la solution serait de faire vivre une journĂ©e en fauteuil roulant aux DGs. Il n'y a quâen expĂ©rimentant le quotidien des employé·es handi quâiels comprendront leurs besoins.
C'est plus les restrictions alimentaires en pĂątisserie qui posent souci. Une fois j'avais rĂ©pondu à une offre dans un lieu que je connaissais bien, mais il fallait tout goĂ»ter. Pour moi c'Ă©tait un critĂšre rĂ©dhibitoire. Je le leur ai dit, iels ne m'ont jamais rappelé·e. Avec des chef·fes reconnu·es aussi il faut tout goĂ»ter. Imagine envoyer 80L d'appareil Ă flan, il faut le goĂ»ter avant si l'appareil n'est pas bon. Et c'est quelque chose que je dis â je vais pas m'en cacher â qui refroidit beaucoup, mĂȘme celles / ceux que je rencontre simplement pour prendre contact. C'est difficile quand on a des pathologies pour entrer sur le marchĂ© du travail.
MĂȘme en cantine d'entreprise ou lieux communs, c'est chaud. On est beaucoup Ă avoir une alimentation anti-inflammatoire non pas par mode ou envie (cc les bobos), mais par nĂ©cessitĂ©. C'est trĂšs contraignant, ne serait-ce que pour s'intĂ©grer dans la vie sociale dâune entreprise. Je sais que je ne suis parfois pas invité·e aux dĂźners d'Ă©quipe etc. Ă cause de ça.
Quand j'allais Ă l'Ă©cole je devais constamment apporter ma nourriture. Sinon, il n'y avait â presque â rien que je pouvais manger sur place.
Ăa prend du temps de sensibiliser les gens Ă ces questions... En fait quand on est valide â dans mon cas, quand on peut manger de tout â, on ne se rend pas compte du quotidien des personnes qui ne le sont pas. C'est pour ça que je me suis aventuré·e sur ce nouveau chemin.
Ce sujet est super intĂ©ressant, et c'est vrai quâĂ titre personnel jâai lâimpression que câest encore peu Ă©voquĂ© quand on mentionne lâinclusion dans le milieu professionnel⊠Sur une tout autre thĂ©matique je me demandais : comment ta famille rĂ©agit-elle Ă tout cela ?
C'est un peu compliquĂ©. J'ai toujours fait en sorte de me dĂ©brouiller pour financer mes Ă©tudes. MĂȘme pour ma formation en pĂątisserie, personne n'a eu Ă dĂ©bourser un centime. J'ai eu la chance d'avoir mon propre financement, comme ça si ça foirait, je ne devais rien Ă personne. Mais pour ĂȘtre honnĂȘte, je crois qu'iels n'en pensent pas grand chose.
Je ne pourrais pas me prononcer en leur nom.
Ce qui est dur, c'est que depuis le bac je ne me suis pas vraiment fixé·e sur un truc. J'ai pas une carriÚre d'avocat·e ou autre chemin « tout tracé ». C'est toujours parti dans tous les sens et je pense que c'est ce qui est difficile pour mes proches. Iels n'arrivent pas à gérer ni à suivre le rythme.
Je suis en train de cheminer sur tout ça, mais je me dis qu'au bout d'un moment il faut arrĂȘter de faire pour les autres, d'attendre leur approbation, qu'iels nous soutiennent. Je crois qu'il faut arrĂȘter tout ça. On a souvent en tĂȘte que la famille doit te soutenir. Mais c'est pas la rĂ©alitĂ© pour beaucoup on a pas une famille super encourageante ou aimante. Il faut savoir faire son chemin, accepter de faire son chemin et d'ĂȘtre paumé·e, d'avoir un CAP et un master sans savoir oĂč j'en suis... Il faut rĂ©ussir Ă se dĂ©faire de cette famille et ne rien attendre de personne. C'est cool d'avoir ses ami·es, sa famille, mais il faut aussi savoir compter sur soi quand tu es en galĂšre.
Et puis, il ne faut pas oublier que toutes ces personnes doivent aussi gérer leurs propres vies, leurs angoisses, surtout dans le contexte actuel.
C'est bien de parler, mais le mieux, c'est d'ĂȘtre vraiment Ă©couté·e. Dans ces situations il faut qu'on ait un public rĂ©ceptif, bienveillant, qui prenne en compte notre individualitĂ© pour nous rĂ©pondre et/ou nous accompagner. Pour les hypersensibles ou les personnes Ă fleur de peau, c'est dur.
Justement, comment gÚres-tu ton hypersensibilité ?
J'ai un suivi thĂ©rapeutique depuis que jâai commencĂ© Ă avoir des soucis de santĂ© contraignants. C'est dans ce cadre que jâai Ă©tĂ© amené·e Ă explorer plusieurs de ces pistes.
De par mon histoire j'ai appris â et j'apprends â Ă me comprendre, ainsi que mon mode de fonctionnement. J'essaye aussi de devenir plus indĂ©pendant·e Ă©motionnellement aussi. Ăa prend du temps.
Et est-ce que tu fais un travail « d'éducation » de tes proches du coup ?
Non pas vraiment, c'est assez Ă©puisant et, comme pour la maladie, les gens ne comprennent pas â comme iels ne le vivent pas. Donc ça a plus tendance Ă me fatiguer qu'autre chose.
Aujourd'hui je suis un peu coupé·e du monde. Je n'arrive plus Ă m'adapter Ă mon environnement donc je prĂ©fĂšre ĂȘtre moins entouré·e, mais mieux. C'est important d'ĂȘtre soutenu·e dans ces moments. Par des gens qui nous comprennent, nous Ă©coutent, et nous aiguillent sans que ce soit toxique.
Je vois ! Dâailleurs, comment envisages-tu la fin de ta thĂ©rapie ? Tu penses que tu arriveras Ă continuer cette exploration personnelle sans « mĂ©diation » ?
[rires] Figure toi qu'avec les confinements le suivi a été interrompu. Donc ça fait 4 mois que je suis en roue libre. Avant, j'avais l'impression que sans cette aide et cette écoute tout allait s'écrouler mais j'arrive à maintenir le navire à flot. Mais⊠je crois que ce n'est pas encore terminé pour moi, je commence tout juste à mettre le doigt sur certaines choses. Il me reste encore beaucoup de travail.
AprÚs ce sont des cheminements trÚs longs, qui dépendent beaucoup des thérapeutes comme des patient·es.
En fait en t'Ă©coutant j'entends le besoin de prendre soin de sa santĂ© mentale pour construire des bases solides pour le reste. La « dĂ©paumitude » vient peut-ĂȘtre de lĂ ?
Oui, clairement.Â
Il ne faut pas nĂ©cessairement tomber dans le piĂšge de faire des formations par peur du vide â ce que j'ai fait. C'est-Ă -dire que j'aurais pu encore dĂ©cider de continuer dans une nouvelle formation « en attendant ». On a si peur de prendre le temps, de se dire « je ne fais rien, faisons le point sur ce que je veux et oĂč j'en suis ».
Un deuxiÚme piÚge serait aussi de prendre un job pour déculpabiliser de ne rien faire, tout en sachant que ça ne va pas nous convenir.
Ăa, câest le troisiĂšme piĂšge. Celui oĂč tu arrĂȘtes de penser pour bosser comme un·e acharné·e et prendre le risque de pĂ©ter un cable.
Et surtout, il faut faire le tri. Dans ses rĂ©seaux et son entourage pour avoir un environnement plus sain. Si lâon peut aussi maintenir un rythme de vie sain (lever / coucher / bien manger), ça aide aussi Ă sortir la tĂȘte de l'eau.
Ă partir du moment oĂč la santĂ© mentale va et oĂč on arrive Ă mettre de l'ordre dans ses idĂ©es, ça va. On peut se faire accompagner par des pros pour nous aider Ă avancer, que ce soit par des thĂ©rapies, des Ă©changes, des rencontres. Mais aller se mettre dans un job quand on est pas disponible mentalement, c'est pas du tout la solution. Comme se mettre en relation avec quelqu'un en fait. Ăa ne peut pas marcher, ĂȘtre que toxique si tu choisis d'ĂȘtre avec une personne par peur d'ĂȘtre seul·e.
Ha oui je vois. Je vois toutafĂ© [rires/pleurs/lol]. Mais pour revenir Ă la question du vide, c'est vrai qu'en Ă©tudes on nous inculque beaucoup la peur du « trou sur le cv », ou mĂȘme de la pause. On nous incite pas mal Ă faire, faire, faire. Comme si ça allait dĂ©canter tout seul. Mais en fait, on ne prend jamais de temps pour se poser.... sauf quand on y est contraint·e aprĂšs un burnout ou autre.
J'ai l'impression que ça manque tellement à nos éducations.
J'aurais aimé qu'au lycée on nous dise que c'était important de savoir respirer. AprÚs, à 17ans on a pas forcément envie de penser à ça.
J'aurais aimĂ© qu'on me dise que c'est important de savoir souffler, de sortir la tĂȘte de l'eau, de prendre soin de sa santĂ© mentale. Ne serait-ce que mettre un chrono et se dire « si Ă telle heure c'est pas fini tant pis j'arrĂȘte sinon ça va me bouffer ma journĂ©e et mon esprit ».
Et il y a aussi un vrai souci de choix d'orientation. Finalement, je ne sais pas vraiment si je suis plus avancé·e aujourd'hui qu'en sortant du bac. Il y a une pub en ce moment d'un petit avec marquĂ© dessus « quand je serai plus grand·e je serais commercial·e ». J'avais envie de l'arracher quand je lâai vue.
OH MAIS OUI, c'est la pire pub au monde.
On ne sait dĂ©jĂ pas Ă 18 ans ce qu'on veut faire d'une vie, alors plus jeune ? Il faut pas partir comme ça. Bien sĂ»r, certain·es dâentre nous sâengagent dans des chemins longs et/ou suivent leur vocation. Mais pour le reste... c'est si flou !
Je trouve ça aberrant de devoir faire des choix si tÎt.
La clef c'est de partir de soi. Mais c'est compliquĂ©. On est des adultes en pleine construction, on a pas assez de recul sur ce qu'on est ou ce qu'on veut. On n'y pense pas souvent mais tu as aussi toutes ces questions d'idĂ©al de vie qui est trĂšs personnel. Pour certain·es ce sera partir faire des missions humanitaires, ĂȘtre mobiles etc. et on le met de cĂŽtĂ© pour cĂ©der Ă la pression sociale.
Dans le fond, j'ai juste envie d'ĂȘtre bien avec moi-mĂȘme. Mais avec cette pression, je vis tout ce que j'ai fait comme un Ă©chec. Je vois des potes qui ont dĂ©jĂ des familles, des maisons, des enfants et je me compare, alors mĂȘme que ce ne sont pas forcĂ©ment des choses que je veux. C'est comme si je les enviais sans avoir envie de leur quotidien. C'est bizarre. Comme si le ratio entre ce que j'ai et ce qui me manque Ă©tait nĂ©gatif de mon cĂŽtĂ© de la balance. Avec les rĂ©seaux on est submergé·es par les trajectoires des autres, c'est quasi impossible de couper pour regarder la sienne. C'est comme si leur vie Ă©tait meilleure que la tienne quand tu regardes Linkedin ou insta.
En fait on en revient lĂ . La peur de la solitude ou d'ĂȘtre avec soi. Vraiment, l'essentiel est en nous.
Mais wow wow wow, je crois que je ne pouvais pas rĂȘver de meilleure punchline pour le micdrop de la fin. Trop de rĂ©flexions enclenchĂ©es depuis le dĂ©but de notre conversation merci beaucoup pour ce tĂ©moignage c'est super intĂ©ressant ! J'ai hĂąte de suivre la suite de tes aventures, on se dit Ă bientĂŽt au bord du bassin ?
đ Quelques ressources avant de se quitter
đ Le site du chef vĂ©gĂ©tal Richard Hawkes & son insta
đ Le podcast Les becs sucrĂ©s pour dĂ©couvrir lâunivers de la pĂątisserie et de la boulangerie
đ Le livre Trop intelligent pour ĂȘtre heureux par Jeanne Siaud-Facchin que recommande notre athlĂšte du jour
đ La sĂ©rie les Mavericks pour dĂ©couvrir en vidĂ©o les transitions radicales de celles et ceux qui ont dit f*ck Ă leur vie dâavant
Ăa tâa plu ? Fais passer le mot !
đ Cette Ă©dition a rĂ©sonnĂ© avec ton expĂ©rience de nageur·se ? Envoie moi un email si tu souhaites tĂ©moigner
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Ă trĂšs vite pour un nouveau plongeon đÂ
Apolline
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Le terme le plus approprié effectivement
Pour le moment toi et moi avons les mĂȘmes informations sur ce webinaire : le titre sans le contenu đŹ