LOST IN TRANSITION - « Je suis censée faire quoi de ma vie moi ? »
confinement x orientation
La Ploufletter est un espace crĂ©Ă© par La piscine pour parler quĂȘte de sens. Je tây apporte contenu, ressources et outils pour apprendre Ă te connaĂźtre et construire une voie Ă ton image. Le tout sur fond de sociologie et mauvais jeux de mots. AthlĂšte confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue đŁ
Tu verras, ici on Ă©voque beaucoup le monde de la natation pour faire rĂ©fĂ©rence au fait de se lancer « dans le grand bain » de la vie. La piscine, câest le monde â du travail le plus souvent. Le couloir de nage, câest la voie que lâon choisit. Les diffĂ©rentes techniques de nages, les paliers que lâon passe. Enfin, les nageur·ses sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quĂȘte de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
Tu peux aussi :
Plonger dans le carnet de jeu à lâeau pour lancer ton introspection,
DĂ©couvrir le programme introspectif de La piscine conçu pour tâaider Ă trouver ta voie·x,
Tâabonner Ă la Ploufletter si on tâa transfĂ©rĂ© cette Ă©dition đđŸ
Sur ce, bonne sĂ©ance đ
đ€·ââïž Perdu·e ? C'est normal
« Tu sais ce que tu vas faire aprÚs toi ? »
Selon Welcome to the Jungle, environ 45% des Ă©tudiants ont peur pour leur avenir aujourd'hui (qu'il soit professionnel ou estudiantin). D'un autre cĂŽtĂ©, 98% des Français ont exprimĂ© avoir dĂ©jĂ Ă©prouvĂ© des regrets professionnels. Soit. Si on croise ces informations, il semble lĂ©gitime de se poser la question suivante : comment pouvons nous accompagner les Ă©tudiants pour leur permettre d'envisager le plus sereinement possible leur orientation professionnelle ? (Spoiler alert: je n'ai absolument pas la rĂ©ponse faisant moi-mĂȘme partie de cette cohorte). DĂ©jĂ pertinente en temps "de paix", cette question me semble d'autant plus porteuse de sens au vu de la situation . Ă cette heure, il est encore difficile de savoir exactement Ă quel point la crise sanitaire actuelle aura un impact sur notre sociĂ©tĂ© et Ă©conomie. Il suffit de voir le nombre de travailleur·ses en chĂŽmage partiel voyant leur apport financier se rĂ©duire considĂ©rablement (pour certains), la clĂŽture de tous les lieux culturels touchant un milieu dĂ©jĂ rythmĂ© par les questions de prĂ©caritĂ©, etc. pour ĂȘtre tenté·e dâĂ©noncer gravement : « On ne voit que le haut de l'iceberg ».
« Je ne suis pas super optimiste sur l'avenir de mon secteur pour l'instant. En tant qu'intermittente j'ai un peu peur de la suite. Je ne veux pas faire un job qui n'a pas de sens pour moi » m'a confié quelqu'un suite à l'annulation / report / mise en pause de ses contrats
Stéphane Audouin-Rouzeau, historien spécialiste de la PremiÚre Guerre Mondiale, a partagé son approche quant à « l'aprÚs confinement » tant mythifié, dans cet article publié sur le site de Mediapart. Sa théorie est simple. Pour lui, quelque soit l'avenir, il ne contiendra rien de certain si ce n'est son aspect inédit. La situation l'étant, elle ne peut qu'appeler (presque inévitablement) la nouveauté. Quoiqu'il arrive, nous ne pourrons revenir en arriÚre affirme t-il. Car changer demande une adaptation de notre part à un contexte et vouloir régresser à tout prix serait non seulement contreproductif mais absurde.
Des millions d'Ă©tudiants vont ĂȘtre diplĂŽmĂ©s cette annĂ©e. Une grande partie d'entre eux cherche encore LE contrat qui leur permettra d'entrer (enfin) dans la "cour des grands"âââaka le marchĂ© de l'emploi. Oui mais, comment aborder cette transition vers le grand bain dans un contexte aussi original ? Ă lâĂ©chelle de lâEurope seulement, 4,7 millions dâĂ©tudiants ont reçu un diplĂŽme de lâenseignement supĂ©rieur en 2015. Ce chiffre est en hausse chaque annĂ©e, mais imaginez ce que cela peut reprĂ©senter en pourcentage de la population mondiale sachant que nous nâen sommes quâun (petit) Ă©chantillon.
Chacun adopte une attitude diffĂ©rente face Ă cette incertitude. Quelques uns (les plus #chills) arrivent Ă relativiser et abordent la situation en mode oklm. D'autresâââplus enclins Ă la paniqueâââgĂšrent une crise existentielle Ă©norme (la team #whatamIdoingwithmylife anxious).
« J'ai clairement laissĂ© tomber ma recherche d'emploi Ă l'annonce du confinement. J'assiste Ă quelques webinaires sur le sujet, mais je verrai plus tard »Â
« Je continue à postuler mais soyons clairs : c'est pas la joie pour l'instant »
Une partie de ce phĂ©nomĂšne sâexplique par la dichotomie des informations auxquelles nous avons dĂ©sormais accĂšs. Ă lâheure oĂč nos feeds regorgent de messages vantant la vertu du temps, fleurissent Ă©galementâââplus discrets peut-ĂȘtreâââceux nous rappelant que « non, la chasse Ă lâemploi ne sâarrĂȘte pas avec le confinement ». Comment donc composer entre cette situation inĂ©dite, une Ă©conomie en pleine crise existentielle, et un sentiment dâurgence insufflĂ© par des entreprises (tout aussi incertaines que le contexte) ?
Pour les plus curieux, vous pouvez trouver ici des informations (chiffrées) supplémentaires sur le systÚme Européen.
đŠ Finis les « Bullshit Jobs » ?
« Je ne veux pas faire un mĂ©tier qui nâa pas de sens pour moi »
Pour tous ceux qui utilisent le confinement comme un moment de pause, de prise de recul et/ou de développement personnel, la question de l'épanouissement au travail se pose de plus en plus, souvent couplée à celle du sens. Il y a deux ans apparaissait la notion des « bullshit jobs ». A rapidement suivi l'émergence de nombreux podcasts, groupes de réflexion / échange autour de la transition professionnelle (finalement intimement liée à celle du développement personnel comme le présentait Nathalie Hector ancienne directrice du PGE à emlyon business school dans un entretien).
Verra t-on alors une recrudescence des dĂ©missions post-confinement ? Ou cela ne se traduira t-il finalement que par un dĂ©sengagement encore plus croissant de la part des employĂ©s ? Pour rappel, selon une Ă©tude Gallup menĂ©e en 2018, seuls 11% des Français se sentent engagĂ©s au travail. Car oui, entre vouloir changer d'emploi et pouvoir s'offrir matĂ©riellement les moyens d'amorcer une transition, il y a parfois un monde.Â
đŹ Une anxiĂ©tĂ© en hausse chez les jeunes travailleurs
« Jâai commencĂ© Ă rĂ©flĂ©chir Ă lâaprĂšs. Je ne me fais pas trop dâillusion sur le conseil culturel. Je suis une des derniĂšres arrivĂ©es, donc inĂ©vitablement une des premiĂšres Ă partir »
De passage sur le podcast Nouvelle Ăcole, Kyan parle longuement de son rapport au temps quâil a dĂ» apprendre Ă apprivoiser avec les annĂ©es. Comment font aujourdâhui tous ces jeunes en sortie dâĂ©cole pour conjuguer au futur ce temps si particulier ?
Car les Ă©tudiants ne semblent pas ĂȘtre les seuls Ă se questionner sur leur avenir. Parmi les jeunes diplĂŽmĂ©s, nombreux sont ceux qui profitent de la quarantaine pour faire le bilan (calmement) de leur·s premiĂšre·s anné·es d'activitĂ©.Â
Si certains ont ainsi pu confirmer leur choix d'orientation, pour d'autres, le constat se teinte de frustration. Que ce soit en termes d'horaires de travail démentiels, de tùches répétitives accentuées par le télétravail, et d'impact direct peu quantifiable, il devient parfois difficile de se projeter à long terme dans une entreprise avec laquelle nous ne sommes pas alignés.
« Je n'ai pas tant envie de rester que ça, mais soyons rĂ©alistes, oĂč pourrais-je donc aller vu la situation ? »
Le CDI. DĂ©jĂ sacralisĂ© par nombre d'entre nous, ce contrat est encore plus Ă©rigĂ© au titre de graal pour qui n'a pas la certitude d'avoir un travail demain. Car oui, au royaume de l'Ătat Providence, le CDI fait office de permis de laisser-passer.
« Jâai pu voir Ă quel point mon statut de freelance Ă©tait prĂ©caire avec la crise »
« Au moins, tu as un CDI »
đ Le confinement, un effet loupe ?
« Bien sĂ»r que la situation a un impact sur mon Ă©tat d'espritâââle tĂ©lĂ©travail ne s'accorde pas trop avec mon besoin socialâââmais je me demande si ça n'est pas plus profond »
Voir ses rĂ©actions somatiques s'envoler pendant ses moments de repos pour resurgir de nouveau lorsqu'on sort de pause, se sentir mal Ă l'aise en rĂ©alisant une tĂąche absurde qui nous paraissait normale il y a encore quelques semaines, sont tout autant de petits indicateurs qui mettent en exergue une rĂ©alitĂ© criante : celle d'un job qui ne convient pas. Chaque signal faible avec lequel nous composions est dĂ©sormais passĂ© au crible de la loupe « quarantaine » qui souligne les dysfonctionnements de notre machine de travail.Â
Ă cela s'ajoute Ă©galement d'autres questions relatives au bien-ĂȘtre en entreprise. Pour n'en citer qu'une : comment couper de sa journĂ©e de travail lorsque notre espace de vie est le mĂȘme que celui oĂč nous travaillons ? Aucun trajet ne sĂ©parant ces deux espaces, notre esprit peut lui aussi peiner Ă composer avec ces deux temporalitĂ©s, et rapidement crĂ©er un dĂ©sĂ©quilibre.Â
« Je ne compte plus mes heures, jâai envie de dĂ©missionner. Jâai commencĂ© Ă rĂ©diger ma lettre au cas oĂč »Â
Ainsi certaines professions dĂ©jĂ habituĂ©es aux longues journĂ©es voient leurs horaires exploser Ă coup de visioconfĂ©rences, appels et dossiers Ă rendre en urgence. La dĂ©multiplication des outils de communication nous rendant encore plus sollicitables â et donc sollicitĂ©s â encourage Ă©galement ce nouvel effort. Avec le renouveau des modes dâorganisation interne et de pratiques de travail, va t-on passer d'une culture encore fortement liĂ©e au prĂ©sentĂ©isme Ă un modĂšle fondĂ© sur la productivitĂ© (Ă l'image de nos "voisins" outre-Atlantique) ?
D'autres ont su s'emparer du sujet au dĂ©but de la crise. Chez makesense (oĂč je travaille), un cercle interne dĂ©diĂ© au bien-ĂȘtre a pris soin d'accompagner dĂšs les premiers jours les collaborateursâââ en les rĂ©unissant autour d'ateliers d'Ă©change pour mieux organiser son travail et en partageant rĂ©guliĂšrement des bonnes pratiques de tĂ©lĂ©travail pour Ă©viter le surmenage. Un outil de « prise de pouls » de notre Ă©tat a Ă©galement Ă©tĂ© mis en place au sein de l'Ă©quipe pour suivre hebdomadairement notre bien-ĂȘtre. Mais mĂȘme dans ce vaisseau libĂ©rĂ©, on peut sentir, des fois, que rester droit·e sur le pont par vents et marĂ©es a ses limites (voir l'article d'HĂ©lĂšne Binet sur le sujet).
đ So what?
Impossible donc de prévoir de quoi sera fait le monde du travail de demain. Combien de professions vont devoir se réinventer ? Combien vont émerger de cette crise ? Et combien au contraire risquent de se voir disparaßtre ou leur activité réduite ?
La pandémie étant à la culture d'entreprise ce que le sel est aux aliments (un exhausteur), je suis curieuse de voir de quelles façon les industries vont évoluer dans les semaines / mois à venir pour garder leurs salarié·e·s engagé·e·s (et bien dans leurs baskets).
C'est tout pour aujourd'hui ! Toutes ces considérations m'intrigant et m'intéressant énormément, je vais essayer de te partager mes pensées sur via cette newsletter.
Ăa tâa plu ? Fais passer le mot !
đ Cette Ă©dition a rĂ©sonnĂ© avec ton expĂ©rience de nageur·se ? Envoie moi un email si tu souhaites tĂ©moigner
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đ Tu fais partie dâune structure Ă©ducative / entreprise et ces sujets dâorientation / quĂȘte de sens animent vos Ă©quipes ? Envoie moi un email  si tu veux que lâon en discute ensemble
đŠ Quelques ressources avant de se quitter :
đ La sĂ©rie dâHĂ©lĂšne Binet sur âcomment une entreprise libĂ©rĂ©e s'adapte t-elle Ă la crise ?â avec ce magnifique article de tĂ©moignages
đ Welcome to the jungle a Ă©crit un article sur ces travailleurs confinĂ©s chez leurs parents. Entre douce rĂ©gression, cohabitation forcĂ©e et dĂ©couvertes, on dĂ©couvre Ă©galement qu'ĂȘtre dispensĂ© de tĂąches mĂ©nagĂšres encourage le surmenage.Â
đ La communautĂ© Paumé·e·s de makesense pour parler Ă d'autres personnes qui se posent des questions sur le sens de leur vie
đ La newsletter et le groupe facebook des Nouveaux Travailleurs pour parler d'Ă©panouissement au travail
đ Les Joyeux Audacieux pour dĂ©couvrir un collectif plein de bonnes vibes !
Ă trĂšs vite pour un nouveau plongeon đ
Apolline
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Un article oĂč j'ai listĂ© les ressources de dĂ©veloppement personnel & recherche d'emploi que j'utilise souvent : http://thewhy.xyz/tooltime-what-i-use-for-soul-searching/