La Ploufletter est un espace créé par La piscine pour parler quête de sens. Je t’y apporte contenu, ressources et outils pour apprendre à te connaître et construire une voie à ton image. Le tout sur fond de sociologie et mauvais jeux de mots. Athlète confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue 🎣
Tu verras, ici on évoque beaucoup le monde de la natation pour faire référence au fait de se lancer « dans le grand bain » de la vie. La piscine, c’est le monde – du travail le plus souvent. Le couloir de nage, c’est la voie que l’on choisit. Les différentes techniques de nages, les paliers que l’on passe. Enfin, les nageur·ses sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quête de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !
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Sur ce, bonne séance 🐋
🐟 Avant le plongeon
« COVID 19 is the new ligaments croisés » (stolen)
Hola ! Tu t’en souviens peut-être, la première fois que j’ai enfilé mes brassards pour cette newsletter, je m’interrogeais sur les potentiels effets du COVID 19 sur le marché du travail. Depuis, quelques entrainements sont passés, mais le questionnement reste le même. En deux semaines au travail, j’ai vu pas moins de 5 personnes venues déposer leur cv dans l’espoir de décrocher un stage ou une alternance en dernière minute. Sur mon feed Linkedin s’enchainent cv comme appels à l’embauche, et autour de moi les personnes en recherche d’emploi ne se comptent plus. Je ne parle pas de ceux·celles qui, comme moi, ont choisi un chemin de traverse “en attendant que ça passe”, ni de la fameuse expression à la mode : « la génération sacrifiée ». Car il est vrai, l’inactivité des jeunes travailleurs – qui a connu un bon au premier semestre – est un dommage collatéral de la crise. Selon Challenges, ce ne sont pas moins de 715 000 emplois qui ont été “détruits” par le COVID 19 au premier semestre 2020.
« En période de crise, le chômage des jeunes augmente plus fortement que pour le reste des actifs, comme ce fut le cas en 2009 où les 15-24 ans ont subi la plus forte augmentation. « Ils seront les premières victimes d'un tarissement des embauches », prédit le Conseil d'analyse économique (CAE), un groupement d'économistes rattachés à Matignon qui rappelle qu'une non-activité des jeunes peut induire un abaissement durable des perspectives de carrière. » Les Échos
Je me suis donc demandée ce que faire le grand saut en 2020 pouvait ressembler. Quel modèle de bouée choisir pour assurer la flottaison dans un contexte difficile ? Le plat est-il assuré quelque soit la technique ? On continue d’explorer le sujet en deuxième partie d’édition avec notre jeune espoir du jour.
Prêt·e ? 3,2,1 plongez 🏊♀️
👋 On recrute des nouveaux nageur·ses. Tu veux rejoindre la team ? c’est par ici
🦀 L’inconnu
« 750 000 jeunes arrivent cet automne sur un marché du travail sinistré » Les Échos
En 2019, 85% des jeunes diplômé·es se déclaraient confiant·es concernant leur avenir professionnel (Les Échos)
On le sait, le marché du travail actuel est aux antipodes de ce qu’il était l’an dernier, voir il y a quelques mois. Des 79 % des entreprises prévoyant de recruter cette année, seules 50 % réaffirment ce voeu post-confinement (Les Échos). Pour les autres, fini le soleil des tropiques (version déprime je le reconnais), la tendance est au bain nordique ; soit, au gel des recrutement.
« On nous a annoncé que les embauches allaient être gelées alors même que notre entreprise ne souffrait pas de ralentissement d’activité pendant le confinement – au contraire. Les dirigeants avaient peur d’une crise à l’automne et préféraient anticiper au plus tôt » témoignage d’un·e millennial travaillant dans le secteur du e-commerce
De nombreuses entreprises semblent avoir adopté la même stratégie, laissant sur le bord du bassin pléthore de jeunes surentrainés et pourtant désarmés face à la situation. Celle-ci n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle des années 2008-2010 pendant laquelle 5 millions d’emplois ont disparu (Cairn).
🦑 Adieu la mobilité ?
« 5% des jeunes diplômés quittent leur premier poste avant trois ans. Presque un tiers restent moins d’un an. Les employeurs n’ont d’autre choix que de s’adapter » Les Échos
Ça, c’était avant. Aujourd’hui la tendance est inverse, les étudiant·es semblent vouloir se plier plus facilement aux exigences des employeurs, car l’important est d’avoir “quelque chose”. L’origine du “pouvoir” des jeunes diplômé·es résidait dans la multiplicité des choix qui s’offraient à eux·elles. Le levier de négociation en entretien résidait dans la concurrence des entreprises prêtes à embaucher de jeunes profils “compétitifs”. L’offre étant désormais plus ténue que la demande, c’est à la seconde d’adapter ses désirs (et abaisser ses standards ?).
« Entre janvier et avril 2020, les offres d'emploi destinées aux jeunes diplômés ont dégringolé de près de 65 % par rapport à 2019 sur la même période, selon l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) » Les Échos
Face à cette disette, chacun·e adopte une stratégie de survie différente dans le grand bassin de l’emploi. Pour certain·es, la réponse se situe dans la reprise d’études pour combler le vide potentiel et ajouter une bouée à leur attirail. Pour d’autres bénéficiant encore du régime étudiant, l’échappatoire sera dans le stage ou une alternance (coucou c’est moi 👋).
(Toujours ) Selon Les Échos, 44 % des jeunes diplômés ont vu leur l'entrée dans la vie active retardée en cette rentrée.
Pour ma part, j’avoue avoir ressenti une once de culpabilité lorsque j’ai compris que mon sursis de stage impliquait que j’allais – d’une certaine façon – prendre le poste d’un·e jeune en formation (les vases communicants tu connais🦈). Je me demande d’ailleurs quelle sera la situation en 2021. Serons-nous un tsunami force 140 000 000 à débarquer sur le marché du travail ? La crise sera t-elle encore d’actualité ?
« Comme lors de la crise de 2008, il y devrait y avoir une entrée dans l'emploi légèrement retardée et des périodes d'essai un peu plus longues mais rien d'alarmant. » Julie Joly pour Les Échos
👀 So what ?
La conclusion ? Je n’en ai pas. Comme dirait notre athlète du jour “on a pas de recul, attend toujours le mois suivant pour voir quelle sera la situation demain” (pour lire l’entretien, c’est juste en dessous👇)
La vraie conclusion est là : je cherche des personnes en sortie d’étude en 2020-2021 pour échanger. Mes questions principales : comment abordes-tu cette période ? Quelle stratégie as-tu adopté ? Pourquoi ? Cela t’a-t-il donné envie de tout lâcher pour ouvrir ton coffee shop lactose & gluten free dans le 2ème arrondissement ? Ou au contraire cela t’a-t-il fait envisager le principe de carrière (stable) différemment ?
« J’encourage les gens à faire des stages plutôt que de chercher un emploi »
Tu connais la rengaine mais voici de nouveau les consignes pour les nouveaux·elles qui nous rejoignent : enfile tes tongs, prends ta serviette et viens t’étendre au soleil – avant que les températures ne baissent, autant en profiter. On accueille l’athlète du jour pour parler plongeon, bain nordique et nage en eaux mortes. Le bord du bassin n’attend plus que toi. Ready ? C’est parti !
🐚 Game on
Hello ! Comment vas-tu ? Merci de m’avoir accordé ce petit temps. Je sais que tu as eu ton diplôme il n’y a pas trop longtemps. Tu me disais d’ailleurs que tu étais en recherche d’emploi. Comment tu t’en sors, tu arrives à trouver des offres ?
Justement, c’est ça qui est dur. On le voit pas, mais on vit une crise économique, on fait comme si de rien n’était pour le moment mais c’est vraiment la cata.
Les embauches sont gelées – du moins sur les postes junior – dans plein d’entreprises. En fait, tant que tu cherches pas et que tu travailles, tu ne peux pas t’en rendre compte. Un de mes amis a commencé à chercher en août, il m’a envoyé un message de surprise en voyant la rareté des offres.
Comme je cherche depuis le début d’année, j’ai vu la situation évoluer au fur et à mesure de la pandémie. En mars à l’annonce du confinement, ça allait encore comme on pensait tous que la situation était passagère. Enfin… on ne s’imaginait pas qu’on allait en avoir pour deux mois. Les entretiens avaient encore lieu à distance dans les endroits où j’avais postulé. Par contre, à l’annonce de son prolongement laisse tomber, toutes les procédures de recrutement ont été arrêtées. La douche froide (le fameux bain nordique 🏊♀️). Et est arrivé un moment pendant le confinement où on a touché le fond. Il n’y avait plus d’offres de postées. Les dernières sur Jobteaser ou Linkedin dataient de 10-11 jours. J’avais beau actualiser, changer de site, rien n’y faisait. C’était vide.
Dis toi qu’on est plus de 700 000 diplômés par an, on se doute bien que ça n’a pas changé en 2020. Imagine, 700 000 personnes à la recherche d’un emploi avec aussi peu d’offres sur le marché. Pour chaque annonce on devait être des centaines à postuler. Déjà que les entreprises font un tri conséquent de base, là elles ont dû se faire plaisir. La concurrence était terrible. Déjà que nos CV se ressemblent beaucoup, là la probabilité d’être en compétition avec une personne qui a une expérience ou un truc en plus que toi était encore plus grande.
En plus les entreprises aussi ne savent pas où elles vont. Du coup elles ne fonctionnent pas toujours de façon très humaines. Une de mes amies avait sa période d’essai qui touchait à sa fin en mars. L’entreprise l’a renouvelé dans l’espoir que l’activité reprenne ensuite… ils l’ont remerciée en juillet. Elles avancent dans le flou. D’un côté elles préfèrent garder les nouvelles recrues “au cas où” l’activité reprenne – comme faire passer des entretiens etc. prend du temps, et demande un investissement –, mais l’activité ne reprend pas vraiment. Donc elles laissent Après la pandémie n’a pas eu le même impact sur tous les secteurs donc ça dépend vraiment de ton domaine.
Je vois. j’avoue que quand j’ai vu que l’école donnait la possibilité de faire un stage supplémentaire je n’ai pas trop réfléchi, j’ai sauté sur l’occasion. C’est tellement dur de prévoir la suite.
Si tu peux encore le faire, je pense vraiment que c’est la meilleure option. Prendre un stage, attendre que ça se tasse, et chercher un travail l’an prochain. C’est ce que je conseille à tous ceux qui peuvent encore le faire. Moi c’était trop tard 🤷♀️
Et les recruteurs te disent quoi par rapport à ce fameux trou de 6 mois sur le cv ?
Rien du tout. Je ne leur précise pas la date de diplôme. Je me contente de dire que je fais partie de ceux diplômés pendant le COVID, généralement ça suffit [rires]. Certains ne se rendent pas trop compte de ce que ça représente alors je leur explique que c’est la merde.
Dis toi que j’ai étendu mes recherches au fur et à mesure. Je suis même allé·e jusqu’à envoyer mon cv dans des entreprises qui ne m’intéressaient pas quand j’ai commencé ma recherche d’emploi en début d’année…. Mais bon, le COVID est passé par là
Et tu n’as pas pensé à en profiter pour faire une pause, du bénévolat etc. ?
C’est sûr que j’aurais fait autre chose de mes 6 mois si on m’avait dit en mars comment serai le marché en Septembre. Mais on a pas ce recul, donc on attend, on se dit “le mois prochain ce sera mieux”… et tu arrives rapidement à 6 mois comme ça. En plus, je ne sais pas vraiment ce que j’aurais pu faire. On ne pouvait pas sortir de chez nous pendant un bout de temps, plus voyager… ça laisse peu d’options.
Oui c’est sûr que le confinement laissait peu de places aux déplacements. Du coup, comment tu vois les mois prochains ? Tu penses que la situation va se débloquer ?
J’espère bien ! Franchement, aujourd’hui je me dis que j’accepterais toute réponse positive qu’on me donnera, quelle que soit l’offre. Peu importe que le job m’intéresse ou non, j’ai juste besoin d’un travail le temps que la crise passe, pour apprendre des choses et éviter le trou sur le cv. Pour le reste, on verra l’an prochain.
Et tu crois que la crise aura un effet sur les générations d’étudiants après nous ? Je me demande de plus en plus si, avec tous ces dispositifs on est pas en train de leur “prendre” des stages ou emplois.
Pour être honnête, je n’y avais pas pensé. Je suis certain·e qu’ils pourront retomber sur leurs pieds, quelle que soit la situation aujourd’hui. Ils sont encore protégés par leurs écoles, le système étudiant. Et si leur premier stage n’est pas intéressant ou validé, ils auront une occasion de se rattraper. Nous par contre…
C’est sûr qu’il ont a un filet de sécurité que le diplôme n’apporte pas une fois lâché dans le grand bain. En tout cas, je touche du bois pour toi ! Tiens moi au courant surtout, et merci beaucoup de ce partage. On se retrouve certainement bientôt sur les bancs du bassin de l’emploi plus tard
🐚 Mic off
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🛠 Quelques ressources avant de se quitter
👉 Une tribune écrite dans Challenge par des jeunes de moins de 40 ans. Le sujet ? Les effets de la crise sur les plus jeunes, notamment sur le secteur de l’emploi
👉 #1 - Insertion pro : la poursuite d'études comme opportunité de croissance des écoles 📈 par Medhi Cornilliet dans sa newsletter La Revue Edtech. On y explore l’option des Grandes Écoles et MBA comme une potentielle bouée de sauvetage en période incertaine
👉 L’article Jeunes Européens en temps de crise (Cairn) explore les effets qu’ont les crises sur l’employabilité des jeunes en se concentrant sur le contexte socio-économique des années 2010 à aujourd’hui
👉 Le livre Activez vos Talents, ils peuvent changer le monde de Matthieu Dardaillon co-fondateur de Ticket for Change. Les outils associés sont ici
👉 Tu peux retrouver toutes ces ressources sur La toolbox de l’orientation que j’utilise pour m’aider à m’orienter dans la vie
À très vite pour un nouveau plongeon 🐋
Apolline
PS : si tu es allé·e jusque là dans la lecture, voici en sus mon best meme de ma (non)carrière de memeuse :
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