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Fais pas genre - De l'égalité dans l'orientation

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Fais pas genre - De l'égalité dans l'orientation

Genre, éducation et orientation, un trio gagnant ?

Apolline 🐋
19 mars 2023
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Fais pas genre - De l'égalité dans l'orientation

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Avec cette Ă©dition je te propose de plonger ensemble les eaux incertaines de l’(in)Ă©galitĂ© homme-femme. En remontant d’abord Ă  la source, pour comprendre quels sont ces biais de genre et leur origine. Puis, en sortant en eaux libres explorer comment Ɠuvrer pour plus d’inclusivitĂ©.


La Ploufletter est un espace créé par La piscine pour parler quĂȘte de sens. Je t’y apporte contenu, ressources et outils pour apprendre Ă  te connaĂźtre et construire une voie Ă  ton image. Le tout sur fond de sociologie et mauvais jeux de mots. AthlĂšte confirmé·e ou newbie en brassards, bienvenue 🎣

Tu verras, ici on Ă©voque beaucoup le monde de la natation pour faire rĂ©fĂ©rence au fait de se lancer « dans le grand bain » de la vie. La piscine, c’est le monde – du travail le plus souvent. Le couloir de nage, c’est la voie que l’on choisit. Les diffĂ©rentes techniques de nages, les paliers que l’on passe. Enfin, les nageur·ses sont les personnes qui, comme toi et moi, sont en quĂȘte de sens. Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire !

Tu peux aussi :

  • Plonger dans le carnet de jeu À l’eau pour lancer ton introspection,

  • DĂ©couvrir le programme introspectif de La piscine conçu pour t’aider Ă  trouver ta voie·x,

  • T’abonner Ă  la Ploufletter si on t’a transfĂ©rĂ© cette Ă©dition đŸ‘‡đŸŸ

Sur ce, bonne sĂ©ance 🐋


🐟 Avant le plongeon

Coucou toi ! J’espĂšre que tu vas bien et que le plan d’eau dans lequel tu t’entraĂźnes n’est pas trop assĂ©chĂ©. La pluie des prochains jours devrait nous maintenir Ă  flot, au moins jusqu’à l’étĂ©. Ici, tout flotte. À l’heure oĂč tu me lis je suis sĂ»rement sous l’eau, Ă  courir en bord de ruisseau.

Si je t’envoie cette missive par poisson volant, c’est pour te parler d’un sujet qui me tient Ă  cƓur. J’ai nommĂ© : l'Ă©galitĂ© homme-femme. Si tes feeds ressemblent au mien, tu as dĂ» voir fleurir moult publications sur le sujet Ă  l’occasion du 8 mars. Mais, au-delĂ  des prises de parole ce jour-lĂ , on en est oĂč de l’égalitĂ© homme-femme ?

Quelques rappels 👇

Aujourd’hui, sur les 29,6 millions de nageur·ses actif·ves en France (Insee, 2017), plus de 14 millions sont des femmes. L’indice de travail fĂ©minin est au plus haut. Pourtant :

  • Seules 17% des professions sont considĂ©rĂ©es comme mixtes

  • Les femmes restent minoritaires aux postes Ă  haute responsabilitĂ© en entreprises ou en politique

  • L’écart salarial entre les hommes et les femmes est de 22% en France (2022)

  • Les femmes continuent Ă  cumuler les rĂŽles et les journĂ©es de travail. Dans le foyer, ce sont elles qui s’occupent en majoritĂ© des tĂąches domestiques (72%) et familiales (65%). Cette sĂ©paration des rĂŽles influence Ă  la fois la charge mentale, l’énergie, la performance et le dĂ©veloppement de leur trajectoires de nage. Cela se rĂ©percute – aussi – une fois Ă  la retraite, leur carriĂšre de nageuse achevĂ©e

Perso, ça me laisse mi-figue (de mer) mi-raisin. Comment se fait-il qu’on en soit encore Ă  ce stade, quasi soixante ans aprĂšs l’obtention des droits : de vote, d’accĂšs au travail et de possession de compte en banque ? Quels biais peuvent influencer ces dĂ©veloppements socio-natatoires ?

Je te propose donc de plonger ensemble dans ces inĂ©galitĂ©s. D’abord en remontant Ă  la source, pour comprendre quels sont ces biais de genre et leur origine. Puis, en sortant en eaux libres explorer comment Ɠuvrer pour plus d’inclusivitĂ©.

⚠ Nous allons essentiellement parler des inĂ©galitĂ©s homme-femme, mais n’oublions pas que celles-ci peuvent se mĂȘler Ă  d’autres formes d’inĂ©galitĂ©s sociales, ethniques, etc. ⚠

Fasten your bouĂ©e, we’re about to take offÂ đŸŠâ€â™€ïž

Quand je plonge dans les discriminations de genre


đŸ€ż pĂ©diluve

cette plouf-letter est-elle faite pour toi ?

đŸ€šPour faire cet exercice, il te faudra lever sept doigts. You’re good to read. À chaque affirmation dans laquelle tu te reconnais, abaisse un doigt.

  1. Tu as Ă©tĂ© Ă  l’école primaire / au collĂšge / au lycĂ©e

  2. Tu t’es dĂ©jĂ  retenu·e de nager dans une certaine direction par manque de reprĂ©sentation dans les profils dĂ©jĂ  engagĂ©s dans cette ligne d’eau

  3. Tu te demandes pourquoi on pose encore la question « avez-vous prĂ©vu d’avoir des enfants ces prochaines annĂ©es ? »

  4. Tu aimes / tu as toujours rĂȘvĂ© de casser l’ambiance en soirĂ©e

  5. Tu as été enfant

  6. Tu as l’impression que ton genre a influencĂ© les projections de ton entourage sur ta trajectoire de nage ?

  7. Tu t’es dĂ©jĂ  senti·e obligé·e de t’orienter dans une direction ou d’agir d’une certaine maniĂšre pour correspondre Ă  des normes de genre ?

Si tu as répondu « oui » à au moins deux questions, ajuste ton masque de plongée, cette édition va te parler !


🐠 les nageur·ses du jour

Comme toujours, cet article mĂȘle tĂ©moignages, recherches acadĂ©miques et rĂ©fĂ©rences culturelles diverses.

Je suis donc partie, palmes aux pieds, Ă  la rencontre de pros et membres de la communautĂ©. J’ai Ă©changĂ© fin janvier 2023 avec Candice Barret et Marine Koch, toutes deux nageuses StĂ©phanoises d’adoption. DiplĂŽmĂ©es en Ă©tudes de genre, elles poursuivent une mission commune : favoriser l’égalitĂ©. Pour ce faire, Candice a choisi de nager sous son propre Ă©tendard et Marine a rejoint un club associatif. Toutes deux interviennent dans des centres d’entraĂźnement (aka, structures Ă©ducatives1) pour sensibiliser et Ă©duquer aux biais de genre.

CĂŽtĂ© nageur·ses, je suis allĂ©e faire quelques brasses dans la piscine de l’Agence Spatiale EuropĂ©enne pour y rencontrer Flavie. Cette nageuse questionne beaucoup la relation qu’a pu avoir son genre sur sa trajectoire de nage. Ensemble, nous avons parlĂ© de son Ă©ducation dans une fratrie mixte, double standards de rĂ©ussite, ingĂ©nierie et mixitĂ© au travail. J’ai aussi Ă©changĂ© avec Margaux, nageuse en reconversion perpĂ©tuelle. DiplĂŽmĂ©e d’un cursus culturel gĂ©nĂ©raliste, celle-ci a plongĂ© tour Ă  tour dans l’entrepreneuriat, le marketing et la charcuterie. Aujourd’hui, Margaux amorce une nouvelle culbute dans son parcours pour s’orienter vers la comptabilitĂ©. Ses domaines de prĂ©dilection Ă©tant en majoritĂ© perçus comme masculins, j’ai donc souhaitĂ© en savoir plus sur les fondations de son parcours.

Enfin, comme cela est suffisamment rare pour le souligner, j’ai pu Ă©changer avec deux nageurs : Alexandre et Corentin, respectivement photographe et journaliste. Notre discussion a tournĂ© autour de leur Ă©ducation, leur rapport Ă  la crĂ©ativitĂ© et l’orientation. De fait, tous deux se sont lancĂ©s dans le grand bain de la vie active en tant qu’ingĂ©nieurs avant de culbuter vers des professions plus crĂ©atives.

Merci à tous·tes pour vos partages !


🐡 plongĂ©e dans les stĂ©rĂ©otypes

L’expression biais de genre fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’ensemble des Ă©lĂ©ments qui influencent notre reprĂ©sentation des genres, que l’on parle Ă©ducation, stĂ©rĂ©otypes, langage, etc.

le type, une généralisation


Tout comme la Comedia dell’arte a recours a des personnages types pour susciter le rire, les stĂ©rĂ©otypes rendent gĂ©nĂ©riques des traits personnels. CĂŽtĂ© genre, on aboutit Ă  des gĂ©nĂ©ralisations telles que : « les femmes sont nulles en maths », « les sciences, c’est pour les mecs » ou encore « les femmes n’ont pas le sens de l’orientation ».

Au-delĂ  du fait que le potentiel comique de ces stĂ©rĂ©otypes est limitĂ©, l’image que ceux-ci vĂ©hiculent est plutĂŽt nĂ©gative et peut influencer le comportement des personnes concernĂ©es.


 qui peut s’avĂ©rer handicapante

Le stĂ©rĂ©otype devient problĂ©matique lorsqu’il entrave les vellĂ©itĂ©s des un·es et des autres Ă  nager dans une direction. C’est ce que l’on appelle « La menace du stĂ©rĂ©otype » ou « prophĂ©ties auto-rĂ©alisatrices ».

Je pense, à titre d’exemple, la relation que les jeunes nageuses peuvent entretenir avec les matiùres scientifiques pendant leur entraünement2.

« Il y a quelques annĂ©es, une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e aux États-Unis. Elle consistait Ă  faire passer un test de mathĂ©matiques. On a pris deux groupes mixtes : filles-garçons d’un cĂŽtĂ© et filles-garçons de l’autre.

À un groupe on leur a dit que c’était de la gĂ©omĂ©trie, Ă  l’autre on leur a dit que c’était du dessin. Celui Ă  qui on a dit que c’était de la gĂ©omĂ©trie, les filles sont en Ă©chec. Mais pour le groupe Ă  qui on a dit que c’était du dessin, les rĂ©sultats sont les mĂȘmes cĂŽtĂ© filles et cĂŽtĂ© garçons.

C’est pas une question de compĂ©tence, d’ĂȘtre meilleur·es ou non en maths, c’est une question de « on a tellement intĂ©grĂ© ce stĂ©rĂ©otype lĂ , on nous a tellement rĂ©pĂ©tĂ© que les filles Ă©taient moins bonnes en maths que ça a altĂ©rĂ© nos compĂ©tences et ça vient de fait nous mettre en Ă©chec ». Candice, au micro du podcast PloufđŸŠâ€â™€ïž

Cette « menace du stĂ©rĂ©otype » mise en exergue dans l’étude peut influencer les trajectoires natatoires des jeunes espoirs du bassin. Ainsi les jeunes nageuses optent Ă  74% pour des filiĂšres littĂ©raires post bac et seulement 30% d’entre elles font le choix de se tourner vers des eaux plus scientifiques.

Mais comment se construisent ces stéréotypes ?


🐡 plonger Ă  la source : genre et famille, une question d’hĂ©ritage

tu concourrais dans quelle discipline, enfant ?

DĂšs notre enfance, notre genre influence notre Ă©ducation, nos loisirs ou encore les qualitĂ©s que l’on dĂ©veloppe. Je me suis donc intĂ©ressĂ©e au choix des activitĂ©s extra-scolaires des nageur·ses rencontré·es.

Pour Corentin, la rĂ©ponse est catĂ©gorique. L’impact de son genre – masculin – sur ses loisirs est indĂ©niable.

« J’ai fait du rugby, me dit-il. D’ailleurs, j’ai un peu l’impression d’avoir laissĂ© de cĂŽtĂ© la fibre crĂ©ative que je dĂ©veloppe aujourd’hui. »

Pour Alexandre, la réponse est similaire et la différence fraternelle fortement marquée.

« Moi aussi c’était assez classique, ma sƓur a fait de l'Ă©quitation et moi du foot. J’ai trois ans de diffĂ©rence avec elle »

Pour Margaux, la rĂ©ponse est plus mitigĂ©e puisque dans sa famille, la notion de performance prĂ©vaut sur celle du genre. Enfant, elle rĂȘvait de devenir Ă©crivaine « en sachant pertinemment que je ne le serai jamais ». Puis, elle a nourri celui de devenir styliste et d’y renoncer en voyant les croquis d’autres artistes qu’elle percevait comme plus talentueux·ses qu’elle Ă  son Ăąge. Cet amour de l’excellence, elle le retrouve ensuite dans les activitĂ©s que lui proposent ses parents.

« J’ai eu le choix entre guitare ou tennis, j’ai fait du tennis » me dit-elle avant de me confier qu’aujourd’hui encore, la performance Ă©talonne la valeur de ses actions. « Si j’arrive pas Ă  un certain niveau (ou si je sais que je ne pourrai pas atteindre un certain niveau), je laisse tomber »

tu rĂȘvais de devenir quel·le nageur·se plus tard ?

Outre nos activitĂ©s, les modĂšles avec lesquels on Ă©volue forgent notre perception de la division des rĂŽles – genrĂ©s – au sein du foyer et dans la sociĂ©tĂ©. Que cela concerne la ligne de nage que l’on emprunte, l’entretien du matĂ©riel – Ă  qui cela incombe-t-il ? – ou les honneurs reçus ensuite.

Cette transmission s’effectue Ă  la fois par les images auxquelles on est confronté·es, aux histoires que l’on (se) raconte et Ă  l’environnement dans lequel on nage et influence nos dĂ©cisions futures.

« Ma mĂšre Ă©tait femme au foyer. Moi j’ai toujours voulu Ă©viter ça. J’ai besoin de faire quelque chose, de me sentir utile » Margaux

« Mon pĂšre est ouvrier, ma mĂšre travaille dans le social, c’était trĂšs classique.

Moi, je suis devenu ingénieur » Corentin

Au cours de notre conversation, Flavie me raconte s’est creusĂ© l’écart entre la perception de la rĂ©ussite fĂ©minine que sa famille lui a transmis pendant son adolescence vs. celle transmise Ă  ses frĂšres.

« J’ai cumulĂ© less activitĂ©s jusqu’en premiĂšre et comme le rythme Ă©tait trop intense j’ai arrĂȘtĂ©. Ma mĂšre n’était pas contente que j’arrĂȘte la musique. Elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© que ce soit le sport. Je n’avais pas le droit de rĂ©ussir dans le sport. Il fallait que ce soit la rĂ©ussite scolaire. C’était diffĂ©rent pour mon frĂšre qui lui, n’était pas bon à l’école

Idem pour le bac. Pour moi c’était la mention trĂšs bien ou rien. Les standards Ă©taient beaucoup plus bas pour mes frĂšres » Flavie

Encore aujourd’hui, cette perception scolaire influence sa maniĂšre de percevoir sa trajectoire par un biais trĂšs scolaire. « Je sens que je suis encore dans ce modĂšle travail Ă©gale rĂ©compense, avant de passer Ă  l’étape supĂ©rieure j’ai encore envie d’avoir tout en ordre pour pouvoir prĂ©tendre Ă  plus
. »

Le cas de Flavie n’est pas isolĂ©. Outre l’éducation souvent plus stricte pour les jeunes filles devant prĂ©senter des qualitĂ©s comme l’écoute, l’empathie – toutes associĂ©es Ă  un rĂŽle support –, celles-ci apprennent dĂšs le plus jeune Ăąge Ă  respecter le cadre vs. l’audace ou la tĂ©mĂ©ritĂ©, beaucoup plus valorisĂ©es chez les petits garçons.

Voici quelques autres tĂ©moignages de nageuses collectĂ©s pendant une session questions - rĂ©ponses collaborative sur le compte Instagram de La piscine 👇

« On m’a fait passer derriĂšre mon frĂšre niveau scolaritĂ©, j’étais toujours trop grosse, etc. » Marie

« Beaucoup de restrictions par rapport Ă  mes frĂšres, alors que j’étais plus vieille » CĂ©line

« Les projections de mes parents pour moi n’étaient pas les mĂȘmes pour mes frĂšres » Selma

« Mes frÚres sont allés en filiÚre scientifique / ingé et moi en filiÚre économique » Emma

Pour Marine et Candice, c'est dans cet apprentissage de « rester sa place » vs. « prendre sa place » que se créent les différences de nos développements personnels ensuite.

« MĂȘme quand ils avaient des moyennes en maths entre 6 et 9, les garçons en seconde vont quand mĂȘme demander Ă  entrer en premiĂšre S lĂ  oĂč les filles pas du tout. Une fille allait se sentir lĂ©gitime Ă  postuler en S que quand elle avait des bonnes notes – peut importe ce que ça veut dire » Marine, au micro du podcast PloufđŸŠâ€â™€ïž

Je pourrai te citer comme exemple le contraste flagrant entre l’approche fĂ©minine et masculine des candidatures. La majoritĂ© des nageuses s’autorise Ă  postuler pour rejoindre un club de nage si elle remplit au moins 80% des critĂšres sur l’annonce. À l’inverse, les nageurs feront la dĂ©marche dĂšs qu’ils en cochent 50%. On pourrait Ă©galement se pencher sur la nĂ©gociation salariale, les demandes de promotion, d’augmentation, etc.

Mais alors, comment fait-on pour y remédier ?


🩑 nager en eaux libres - comment renverser la tendance ?

inclusivité dans le langage

Commençons par une devinette : Un mĂ©decin a un frĂšre, mais ce dernier n’a pas de frĂšre. Comment cela se fait-il ?

Je te laisse y réfléchir, la réponse est juste en dessous.


. Le médecin est une femme.

Cette Ă©nigme traduit la rĂ©alitĂ© de notre langage. MĂȘme si le terme mĂ©decin est Ă©picĂšne, notre imaginaire produit par dĂ©faut la figure d’un mĂ©decin masculin. Et, je mets mon gant palmĂ© Ă  couper que tes reprĂ©sentations mentales sont similaires si je te parle d’ingĂ©nieur·e ou d’entrepreneur·e.

LĂ  est d’ailleurs tout le dĂ©bat concernant la (re)fĂ©minisation de termes en faisant en sorte d’entendre la diffĂ©rence Ă  l’oral – ce qui Ă©tait d’ailleurs le cas au Moyen-Âge oĂč chaque profession pouvait ĂȘtre nommĂ©e au masculine ET au fĂ©minin comme nous l’avait rappelĂ© Candice au micro du podcast PloufđŸŠâ€â™€ïž : « On avait trouvĂ© le mĂ©tier de archer, archĂšre, chevalier, chevaleresse – et ce n’était pas la femme du chevalier mais vraiment une femme qui montait Ă  cheval et qui allait combattre ».

C’est au XVIIĂšme siĂšcle, Ă  la naissance de l’AcadĂ©mie Française, que les termes fĂ©minins disparaissent pour faire la place au neutre masculin et Ă  cette rĂšgle que nous connaissons tous·tes : « le masculin l’emporte sur le fĂ©minin »

Notre architecture de langage tĂ©moigne de notre interprĂ©tation du monde. D’une certaine maniĂšre, parler, c’est tenter de faire chausser tes lunettes de plongĂ©e au reste de ton Ă©quipe pour qu’iels voient les choses Ă  travers ton prisme. Partager un vocabulaire, des rĂšgles de grammaire, etc. Ă  l’échelle sociale, c’est aussi partager une vision des choses. En l’occurence, des visions genrĂ©es.

« La sociĂ©tĂ© n’est possible que par la langue ; et par la langue aussi l’individu. L’éveil de la conscience chez l’enfant coĂŻncide toujours avec l’apprentissage du langage, qui l’introduit peu Ă  peu comme individu dans la sociĂ©tĂ©. [
].

La pensĂ©e n’est rien d’autre que ce pouvoir de construire des reprĂ©sentations de choses et d’opĂ©rer sur ces reprĂ©sentations. La pensĂ©e n’est pas un simple reflet du monde ; elle catĂ©gorise la rĂ©alitĂ©, et en cette fonction organisatrice elle est si Ă©troitement associĂ©e au langage qu’on peut ĂȘtre tentĂ© d’identifier pensĂ©e et langage Ă  ce point de vue. » Benveniste3

Un exemple. Parler de « secrĂ©taire de direction » ou de « bras droit du CEO » n’évoque pas le mĂȘme prestige, niveau de responsabilitĂ©, d’études, Ăąge ou mĂȘme genre Ă  la personne qui l’entend. « SecrĂ©taire » a une connotation trĂšs opĂ©rationnelle, aux responsabilitĂ©s limitĂ©es Ă  la gestion d’appels ou de planification de calendrier. Le personnage que j’imagine À l’inverse « bras droit du CEO » fait penser Ă  une personne jeune, dynamique, et masculine. D’ailleurs, en anglais, la diffĂ©rence genrĂ©e de ces professions s’entend dans le vocabulaire : « secretary » vs. « right hand man »

Voici un test effectuĂ© sur DALL-E oĂč j’ai demandĂ© Ă  l’intelligence artificielle de me crĂ©er une image pour le terme de secrĂ©taire – sans mention de genre. Je te laisse voir le condensĂ© de nos clichĂ©s. Le terme de secrĂ©taire se teinterait donc encore d’une bonne dose « d’érotisme », saupoudrĂ© d’une apparente nostalgie des annĂ©es 19704 👇

Le genre du poste ?
Le genre du poste ?

Penser – et qualifier – une rĂ©alitĂ© inclusive, c’est ouvrir l’imaginaire des possibles professionnels. De quoi permettre Ă  tous·tes les cadet·tes nageur·ses de se projeter dans une ligne de nage, indĂ©pendamment de leur genre. Et c’est cette Ă©galitĂ© d’imaginaire que revendique Margaux avec son parcours.

« J’aime me dire que c’est possible. Je ne me suis pas posĂ©e la question du genre lorsque je me suis orientĂ©e vers la charcuterie » Margaux

l’exemple de friends

Le saviez-tu ? Si la sĂ©rie Friends s’était dĂ©roulĂ©e en France, cet Ă©pisode n’aurait peut-ĂȘtre pas vu le jour

The one with the male nanny est sorti sur l’onde en 2002. Dans cet Ă©pisode, Ross & Rachel dĂ©cident d’embaucher une nourrice pour garder leur fille, Emma. AprĂšs moult dĂ©convenues et faux dĂ©parts dans le bassin, le couple se dĂ©cide Ă  embaucher Sandy, un jeune homme dont la vocation est de prendre soin d’enfants et de les accompagner dans leur dĂ©veloppement.

Que ce soit Ă  titre individuel ou des membres du groupe d'ami·es, la dĂ©cision fait des vagues. Car, dans les esprits, nourrice, c’est un rĂŽle fĂ©minin. L’intĂ©gration de Sandy dans le foyer Green-Geller est d’autant plus discutĂ©e que celui-ci s’avĂšre trĂšs au fait de la pĂ©dagogie infantile, sensible et Ă  l’écoute. Si ces qualitĂ©s ravissent les personnages fĂ©minins de la sĂ©rie, les hommes ne peuvent s’empĂȘcher de questionner la virilitĂ© de ce nourrice.

Mais pourquoi cet épisode aurait-il pu relever du domaine de la fiction en France ?

Figure toi que, jusqu’en 1992, le mĂ©tier de nourrice / assistante maternelle n’est genrĂ© qu’au fĂ©minin sur les textes de lois. Ce n’est qu’à cette date qu’un dĂ©cret inclusif introduit la mixitĂ© dans la profession – dĂ©cret mis en application en 1993. Ce « dĂ©tail » empĂȘchait de facto tout homme aspirant Ă  se faire agrĂ©er assistant maternel de s’élancer dans cette ligne de nage. Aujourd’hui, on compte 3% d’hommes dans cette profession, preuve Ă©tant qu’il nous reste encore beaucoup de chemin Ă  faire sur cette thĂ©matique.

Cet exemple, choisi parmi tant d’autres, tĂ©moigne de l’influence concrĂšte que peut avoir l’inclusivitĂ© sur le dĂ©veloppement de nos trajectoires de nage. Peut-ĂȘtre cet Ă©pisode a-t-il fait Ă©clore des vocations ? LancĂ© des conversations sur nos biais de genre ? IncitĂ© des employeur·ses Ă  considĂ©rer l’inclusivitĂ© dans leurs offres d’emploi pour favoriser l’équitĂ© ? Qui sait 
.


snack break - on 🐚

Connais-tu l’escalator de verre ?

Dans l’épisode de Friends, Sandy rĂ©vĂšle Ă  la famille Geller-Green qu’il est trĂšs sollicitĂ© en tant que nourrice homme dans un mĂ©tier fĂ©minin. L’occasion parfaite de s’élancer Ă  palmes jointes dans le concept du jour : l’escalator de verre.

Ce terme a Ă©tĂ© inventĂ© en 1990 par Christine L. Williams, sociologue amĂ©ricaine, et fait Ă©cho Ă  un autre terme technique que l’on connaĂźt tous·tes : le plafond de verre. À l’inverse du plafond – qui bloque les femmes dans leur ascension professionnelle – l’escalator de verre fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’accĂ©lĂ©ration de carriĂšre dont bĂ©nĂ©ficient souvent les hommes Ă©voluant dans des milieux dits « fĂ©minins ».

Ainsi, la part de femmes exerçant un mĂ©tier dans le domaine social est majoritaire – 84% –, mais cela n’indique en rien comment – et si – cette mixitĂ© est aussi effective dans la sphĂšre managĂ©riale.

Pour Marine Koch, cette vision plus qualitative de la division du travail rendrait notre approche de la mixitĂ© – et des dĂ©fis qui lui sont liĂ©s – plus pertinente. SpĂ©cialisĂ©e en Ă©tudes politiques, elle nous avait donc partagĂ© en guise d’exemple la rĂ©partition – genrĂ©e – des commissions Ă  l’AssemblĂ©e Nationale qui comptabilise 37,3% de dĂ©putĂ©es depuis les derniĂšres Ă©lections en 2022.

Le constat est similaire Ă  l’échelle sĂ©natoriale. Si la prĂ©sidence est formellement paritaire – 4 vice-prĂ©sidents pour 4 vice-prĂ©sidentes –, on observe que cette paritĂ© est beaucoup plus relative si l’on se penche sur les commissions auxquelles appartiennent les sĂ©nateur·rices nommé·es. Les femmes appartiennent Ă  la commission Ă  l’égalitĂ© homme/femme, aux affaires Ă©conomiques, Ă  l’éducation et le social tandis que celles des hommes affichent : finance, dĂ©fense, et lois constitutionnelles.

Ce phĂ©nomĂšne de « sĂ©grĂ©gation horizontale » – concernant la nature des postes occupĂ©s – complĂšte celui, plus connu, de « sĂ©grĂ©gation verticale » en rĂ©fĂ©rence Ă  l’accĂšs des femmes aux postes Ă  haute responsabilitĂ©. Cette vision plus globale des inĂ©galitĂ©s permet d’éviter un Ă©cueil qui serait de lutter pour l’augmentation numĂ©rique des femmes dans un domaine sans se concentrer sur l’aspect qualitatif de la division du travail.

snack break - off 🐚


🩐 ouvrir l'horizon des possibles natatoires - la question de la reprĂ©sentativitĂ©

changer nos modùles


Outre l’inclusivitĂ©, dĂ©genrer la direction que prennent nos trajectoires de nage peut passer par l’ouverture de l’horizon des possibles des imaginaires enfantins

« En terminale je ne savais pas oĂč j’allais aller. Aujourd’hui je trouve qu’il est important de confirmer mon choix avec des gens en qui j’arrive Ă  me reconnaĂźtre » Flavie

Pendant ma conversation avec Flavie, les blagues sur la paritĂ© vont bon train, d’autant plus que celle-ci travaille aujourd’hui dans un milieu plutĂŽt connu pour sa non-mixitĂ© : l’aĂ©rospatiale.

Pourtant, dans les annĂ©es 1950, des Ă©tudes mĂ©dico-psychologiques mettent en exergue les avantages Ă  envoyer une femme dans l’espace, il faudra attendre 1963 pour que la premiĂšre astronaute – soviĂ©tique – dĂ©colle. À date, 71 astronautes ont Ă©tĂ© lancĂ©es en vol orbital et reprĂ©sentent un pourcentage minime des astronautes. Mais, si les cohortes aĂ©rospatiales peinent Ă  se diversifier, « les fonctions supports sont assez paritaires » – si l’on exclut d’autres formes de diversité – mentionne la nageuse.

Comme je te le mentionnais en introduction, une Ă©quipe de nage est considĂ©rĂ©e comme mixte Ă  partir du moment oĂč la part des hommes se situe entre 40% et 60% de l'effectif (welcome to the jungle). Si la massification de l'enseignement primaire puis supĂ©rieur a permis aux filles de se lancer Ă  l'eau, les spĂ©cialisations choisies restent trĂšs stĂ©rĂ©otypĂ©e. Ainsi la (feu) filiĂšre littĂ©raire est composĂ© Ă  80% de nageuses tandis que les nageurs se tournaient vers les filiĂšres scientifiques et Ă©conomiques. Cette diffĂ©rence se retrouve dans les Ă©tudes supĂ©rieures. par exemple, en CPGE littĂ©raire on compte 76% de nageuses vs. seulement 29% en filiĂšres scientifiques (L'orientation au prisme du genre - Cairn)

La question qui se pose concerne donc les modÚles qui nous sont présentés pendant notre enfance.

Pour filer l'exemple spatial, Ă  l’école, on nous parle de Thomas Pesquet, sans mentionner Claudie HaignerĂ© qui a exercĂ© en mĂȘme temps que lui. En sport, on finance et diffuse en prioritĂ© les Ă©quipe masculines, tout en omettant les performances fĂ©minines pourtant tout aussi talentueuses. Ce dont on a surtout besoin comme le mentionne Flavie, c’est de dĂ©velopper un imaginaire mĂ©tier paritaire, pour que chacun·e puisse se projeter dans une ligne de nage indĂ©pendamment de son genre.

« En terminale je ne savais pas oĂč j’allais aller. Aujourd’hui je trouve qu’il est important de confirmer mon choix avec des gens en qui j’arrive Ă  me reconnaĂźtre » Flavie

C’est d’ailleurs pour faciliter cette fĂ©minisation que des associations sectorielles comme SISTA dans l’entrepreneuriat, 50InTech pour la tech ou encore She Said So pour l’industrie musicale sont nĂ©es. Elles proposent – entre autre – l’émergence de nouveaux modĂšles, du mentorat ou des confĂ©rences pour permettre aux jeunes nageuses de s’élancer dans ces domaines.


et neutraliser les disciplines de nage

Favoriser l’intervention en interne de profils divers sur des thĂ©matiques transverses peut Ă©galement participer Ă  dĂ©cloisonner notre vision de la division du travail.

Pendant mon annĂ©e d’accompagnement, peu de maĂźtre-nageuses sont intervenues dans mon centre d’entraĂźnement. Les rares Ă  nous avoir partagĂ© leur expertises ont abordĂ© des thĂ©matiques « fĂ©minines » ; soit, le marketing, l’éditorialisation, la communication ou la prĂ©vention des violences sexistes et sexuelles en club.

Pour dĂ©-genrer cette approche professionnelle, la solutions serait alors de faire intervenir des nageuses sur des thĂ©matiques perçues comme plus « masculines » comme la levĂ©e de fonds, le dĂ©marchage, etc. Ou bien, Ă  l’inverse, de faire intervenir des nageurs sur des aspects moins techniques ou monĂ©taires de la gestion de complexe sportif. Le tout afin de banaliser l’association du fĂ©minin Ă  d’autres domaines d'expertise natatoires.


👀 so what ?

Difficile de trouver une chute Ă  un sujet aussi complexe.

Aujourd’hui, je me dis surtout que mettre en avant les nageuses et les inĂ©galitĂ©s encore en vigueur dans une optique d’amĂ©lioration, c’est cool. Le cantonner au 8 mars, c’est dommage. D’autant plus que changer nos perceptions, imaginaires et usages, c’est un marathon qui vaut pour toutes formes de mixitĂ©.

Dans cette Ă©dition de la Ploufletter, on avait parlĂ© de Maboula Soumahoro, professeure et Ă©crivaine, qui percevait sa position acadĂ©mique comme une premiĂšre pierre vers plus de mixitĂ© socio-ethnique acadĂ©mique. De mĂȘme, l’accĂšs Ă  ce statut seul ouvrait un nouvel imaginaire de rĂ©ussite pour les jeunes espoirs du bassin non-blanch·es.

Ces processus de changement sont particuliÚrement long. Et tout ceci demande beaucoup de vigilance pour ne pas régresser, surtout en temps de crise. Il est donc essentiel de continuer à se battre pour faire évoluer nos horizons de nage.

Alors, prĂȘt·e Ă  Ɠuvrer pour le 8 mars tous les jours ?


đŸŽ™Â Â« pour ouvrir l’horizon des possibles, on a vraiment tout un travail à faire autour de la reprĂ©sentation »

La rencontre du jour au bord du bassin ne se lit pas, elle s’écoute !

Cet Ă©pisode du podcast PloufđŸŠâ€â™€ïž, enregistrĂ© au cours du Festival de l’Apprendre en janvier 2023, explore le sujet des inĂ©galitĂ©s de genre sur le prisme de notre Ă©ducation.

Je te laisse donc en compagnie de Marine Koch et Candide Barret 👇

Et crawle par ici pour lire la transcription


🛠 quelques ressources pour aller plus loin

👉 L’édition prĂ©cĂ©dente de la Ploufletter sur les inĂ©galitĂ©s de genre en entreprise

👉 Le TED de Lily Singh, youtubeuse et humoriste A seat at the table isn't the solution for gender equity (Faire la place n’est pas la solution de l'Ă©galitĂ©), 2022

👉 Le TED de Sara Sanford How to design gender bias out of your workplace (Concevoir un environnement de travail pour Ă©liminer les biais de genre), 2020

👉 La vidĂ©o Votre cerveau vous biaise de la sĂ©rie MatiĂšre Grise par Fabien Olicard avec Simon Astier. Ils plongent ensemble dans l'exploration de nos biais cognitifs

👉 L’article Le parcours de carriĂšre des femmes - comment dĂ©passer les prophĂ©ties autorĂ©alisatrices ? qui se penche sur la menace du genre


Ça t’a plu ? Fais passer le mot !

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👉 Cette Ă©dition a rĂ©sonnĂ© avec ton expĂ©rience de nageur·se ? Envoie moi un email si tu souhaites tĂ©moigner

👉 Tu ressens le besoin d’ĂȘtre accompagné·e dans ta rĂ©flexion professionnelle ? Tu peux aller faire un tour du cĂŽtĂ© du shop de La piscine ou m’envoyer un email pour Ă©changer sur tes besoins

👉 Tu fais partie d’une structure Ă©ducative / entreprise et ces sujets d’orientation / quĂȘte de sens animent vos Ă©quipes ? Envoie moi un email (hello@thewhy.xyz) si tu veux que l’on en discute ensemble


À trùs vite pour un nouveau plongeon 🐋

Apolline

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Tu peux aussi nous retrouver sur instagram : https://www.instagram.com/ourmillennialstoday/

1

Note de bas de page : Par ici pour découvrir le vocable de La piscine https://ourmillennialstoday.me/comprendre-le-vocabulaire-de-la-piscine

2

Exemple pris tout Ă  fait au hasard

3

Benveniste E., 2012, DerniÚres Leçons. CollÚge de France, 1968 et 1969, édition établie par J.-CL. Coquet et IrÚne Fenoglio, Paris, Gallimard-Seuil

4

Sans parler de la touche raciste ou classiste que l’on peut voir dans les reprĂ©sentations masculines que me propose DALL-E


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Fais pas genre - De l'égalité dans l'orientation

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