Shein, rends l’argent – Portrait de Chloe Asaam, designeuse éthique
Où l'on parle inclusivité et durabilité dans la mode ... et Linkedin (Oui.)
Aujourd’hui je te propose de plonger dans un double sujet : la mode éthique et Linkedin. (Y’a pas de lien, non.)
Cher·es habitué·es du bassin : whalecome back et merci d’être ici !
Aux newbies qui ont rejoint le swimming club – soit, cette lettre numérique – ces dernières semaines : whalecome 🏊🏾♀️
Dans cet espace, on plonge ensemble de manière randomadaire à l’intersection entre le sens, l’impact (socio-écologique) et l’inclusion. Pour ce faire, on file la métaphore de la natation pour parler du monde dans lequel on essaye de trouver sa place (aka, sa ligne de nage).
Si besoin, tu peux consulter ce lexique natatoire pour t’aider à la naviguer.
Tu peux aussi :
Plonger dans mes offres (conseil édito, brand writing et prise de parole) pour faire rayonner tes valeurs ou sensibiliser aux enjeux liés à l’inclusion – comme la sécurité psychologique.
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Sur ce, bonne séance 🐋
🎣 au programme
Édit’eau
Assembler les pièces d’une mode inclusive et durable – Chloe Asaam
Trois raisons d’utiliser Linkedin – Et quelques templates pour faciliter ta prise de contact
Swimmer cherche club de nage – Le job board de La piscine
🐠 édit’eau
Temps de lecture : 2min
Coucou toi ! J’espère que ton mois de mars roule comme sur des roulettes.
Ici ça boit un peu la tasse.
En mars j’ai repris le chemin de l’aventure du Festival RH avec le studio Piscine.
Cette année j’ai une palme dans la com’ et l’événementiel. Par exemple, une de mes tâches consiste à co-gérer la stratégie d’amplification média avec la mise en place d’une campagne d’influence, de la création de contenu, etc. C’est tout un apprentissage ! (J’adore.)
Mais bon, ça plus mon démarchage, les rencontres ou enregistrements planifié/es, les deadlines rédaction, la préparation d’un webinaire et l’actu… Ça a fait un peu beaucoup. La semaine dernière j’expliquais en riant que j’ai mis mon maillot de bain à la poubelle pensant le mettre dans mon sac de linge sale en rentrant d’une séance de natation.
Mais crois moi : le message est passé. Désormais, je sieste.
Ceci étant dit, revenons à nos moutons de mer – enfin, à cette newsletter.
Laisse moi te faire une confidence : j’aime cette édition car elle représente à merveille l’esprit randomadaire. Surtout que l’histoire derrière son envoi, c’est celle d’un fail.
Contexte.
J’essaye depuis un mois de faire un portrait hebdo à partager sur les réseaux sociaux (Linkedin, Insta, TikTok). L’objectif est simple comme plouf :
1/ Découvrir ensemble la diversité des acteur·rices liant les enjeux sociaux et environnementaux.
2/ Comprendre ces mêmes enjeux.
3/ Ajouter des astres à la constellation qui illumine la perspective de construire un futur désirable envers et contre tout.
Habituellement, le format tient en un carrousel d’une quinzaine de pages ou une vidéo de 3 minutes max.
Et, une fois n’est pas coutume, j’ai pris la vague.
Je me suis rendue compte en rédigeant que ce portrait était hors-format. J’ai tenté d’élaguer quelques infos par ci par là… Peine perdue. Alors j’ai joué la carte joker (soit, randomadaire) pour me dire « On va en faire une édition ! »
Je te propose donc une immersion dans le thème de la mode éthique en partant à la rencontre de Chloe Asaam, designeuse et activiste. (Je peux déjà te dire qu’on reprend le thème en mai.)
Fasten your bouée, we’re about to take off 🏊🏾♀️
Je te laisse, see you en fin d’édition.
Apolline 🐋
🦑 construire la mode du futur – une éthique durable et inclusive
Temps de lecture : 8min
au commencement était kantamanto market
Ce samedi aprem, je suis en mode week end chill à la casa. (100% en pyj’ donc.) En guise de musique de fond, j’entends la mélodie monotone de ma lessive qui tourne en rythme. Tiens. Ça clique. Je crois que le cycle vient de changer. Bon. Ça me laisse quasi une heure avant de pouvoir l’étendre et partir faire ma séance du jour. Whale, what to do ?
Un plaid, une tisane et un plouf sur YouTube plus tard, me voici en tête à tête avec l’enquête de France TV Slash sur Shein. Bonne ambiance. (Tu verras, finalement, pas tant 😬)
Je te passe le début pour se téléporter ensemble à la minute 34. Long story chlorée short, Claire Latour (la narratrice) rencontre Chloe Asaam sur un marché local afin parler fast / slow fashion, de ses coûts environnementaux, et de ses engagements dans le secteur.
Une fois le tour du marché terminé, Chloe emmène Claire à l’extérieur de la ville, en direction d’une colline, tout en poursuivant son discours.
Une centaine de mètres devant elles, les contours du mont urbain se font plus nets.
Sur ses flancs, un troupeau de zébus en liberté paît tranquillement. En bas, dans la vallée, quelqu’un a installé un abreuvoir à leur attention. Autour de celui-ci, deux zébus attendent, chassant les mouches au rythme du balancement de leur queue. En haut du monticule, trois hommes échangent, entourés de caisses vides sens dessus dessous.
On pourrait presque croire à une scène bucolique, tout droit tirée d’un tableau de Nicolas Poussin. Presque 🤏🏾🤏🏾🤏🏾
On y est.
Chloe s’arrête, s’écarte légèrement, et nous laisse découvrir la scène aux côtés de Claire.

En lieu de colline, c’est une décharge devant laquelle on se trouve – composée de tous les habits qui n’ont pas trouvé acquéreur·se au marché de seconde main que l’on vient de quitter.
Chaque semaine, on compte environ 15 millions de pièces venant du Nord Global acheminées depuis le port voisin jusqu’à Kantamanto Market (Accra, Ghana) sur la tête des femmes Kayayei. Le lieu est né dans les années 1970. Aujourd’hui, on compte environ 30 000 vendeur·ses sur place.
Malgré l’upcycling, la revente à prix (ultra-)compétitif et les transformations diverses, il y a beaaaucoup de déchets.
À flanc de « colline », Les zébus paissent bien sur le monticule d’habits, cherchant de quoi se sustenter dans les sacs en plastique – aucunement perturbés par notre présence.
« C’est évident, on se trouve dans une zone extrêmement polluée. L’air est pollué : tu vois bien toute la fumée autour de nous. L’eau à nos pieds l’est tout aussi [polluée] … tout comme la terre. Tout ça à cause de cet amas de déchets textiles. Ce que tu vois, c’est le revers de la fast-fashion. » précise Chloe.
Pour la jeune femme, la scène est tout aussi révoltante que familière. Chloe est designeuse – engagée pour la mode responsable. Au moment de se présenter, elle raconte brièvement que c’est cette réalité qui l’a mené à s’engager auprès de The Or Foundation – avec qui elle travaille pour « réparer » la mode.
De mon côté de l’écran, je freeze. J’ai déjà entendu ce discours quelque part… Mais où donc ?
En trois clics dans mes archives, je retrouve le nom : Buy Now de Netflix ! (Oui, encore 😬)
Dans ce docu’, on retrouve Chloe et Sammy – son binôme dans la fondation – au bord d’une plage noyée sous les déchets textiles, régurgités au compte-goutte par la marée. Et, en revenant sur leur parcours, tous·tes les deux mentionnent le fait « qu’à l’origine, on est designer » mais que le contexte climatique d’Accra a forcé leur métamorphose en militant·es.
En croisant les bribes de discours, j’ai ressenti l’envie (ou plutôt, le besoin) de poursuivre mon immersion et comprendre à la fois le parcours de Chloe et les enjeux auxquels elle se heurte. C’est ce que je te propose donc de découvrir ici ↓
PS – La question que je me pose avec ces documentaires, c’est : dans quelle mesure nourrissent-ils vraiment notre engagement ? Et dans quelle mesure transforment-ils les premières conséquences environnementales en un spectacle sensationnel (impressionnant au demeurant) ?
la mode durable, une histoire de famille
Je ne sais pas ce qu’aurait répondu Chloe à la question « Tu voulais faire quoi / devenir qui plus tard ? » mais je suis persuadée que la transmission aurait été au cœur de ses vocation·s.
Chloe grandit dans les terres du Ghana, à Kumasi. Ses premiers repères éducatifs, elle les acquiert auprès de sa grand-mère, le pilier de sa famille. D’ailleurs, c’est elle qui lui a appris la valeur de la transmission, surtout dans le textile.
Dans sa concession, il y a beaucoup de gens qui se croisent. Des jeunes, des ados, des adultes (et des moins jeunes). Et pour éviter de jeter des habits – ou les laisser moisir dans un casier de piscine 👀 –, sa grand-mère organise de manière aléatoire des moments de mise en commun.
Le déroulé du rituel est simple : chacun·e apporte ses vêtements qu’on dispose au milieu de la pièce afin de faire le tri tous·tes ensemble.
Pendant ce moment, on échange, on donne, et on partage.
Qui des habits trop petits, qui des habits trop grands, et qui des histoires en relation avec certaines pièces adorées. Plus qu’une transmission matérielle, c’est un tissage émotionnel – quasi un bout de soi – que les générations s’échangent. Les pièces trop usées sont elles aussi transformées – en torchon, serpillière, ou que sais-je.
« Ce n’était pas juste quelque chose qu’on portait une fois et qu’on jetait. […] On pourrait dire qu’on était écologiques dans notre manière de faire. » souligne en souriant Chloe au micro de Venetia La Mana.
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assembler les fils – des récits au design
Ce premier lien, Chloe le renforce en grandissant lorsqu’elle épaule sa tante – designeuse et couturière – dans la confection d’habits. Malgré tout, au moment de choisir son orientation, Chloe choisi de plonger dans le journalisme. (I know, mon biais de complétion aussi était déçu ! Après on connaît déjà la fin de l’histoire…)
Très rapidement, la jeune femme change de ligne de nage. « Je dessinais, je peignais, la mode m’a semblé être la suite logique. » Et dès ses premiers jours à la Radford University de Ghana en design de mode, c’est la révélation. « Je me suis dit : mais ça me plaît ! Et je me débrouille plutôt bien. Je pourrais carrément en vivre ! » (All the small things, 2021)
Pour créer ses pièces, Chloe prend le parti de chiner ses pièces à Kantamanto market dont on parlait plus tôt. De cette manière, elle peut dénicher de nouvelles textures ou échantillons qu’elle n’aurait pas eu ailleurs. C’est là aussi que, progressivement, elle découvre les conséquences de la fast fashion.
Comme :
🏊🏾♀️ Le manque de traçabilité des pièces – au détriment de l’environnement et des conditions de travail des personnes autour.
🏊🏾♀️ La tonne de déchets textiles (au sens propre comme figuré) dont la pollution a un impact direct sur ses conditions de vie au Ghana.
🏊🏾♀️ La compétition nouvelle des designers avec les produits de la fast fashion (et sa seconde main via Kantamanto market) qui précarise la profession.
Pour tenter de renverser la tendance, Chloe agit à son échelle de designeuse. En 2019, elle lance sa propre marque : Bold underline.
🏊🏾♀️ Fidèle à son héritage, Chloe utilise la mode « comme un moyen de renouer à sa lignée de femmes », craftant des pièces où modernité et tradition s’entremêlent.
🏊🏾♀️ Pour limiter l’impact environnemental de sa production, la jeune femme décide de se sortir deux collections par an.
🏊🏾♀️ Guidée par cette même volonté éthique, elle continue de mettre l’upcycling au cœur de son art.
🏊🏾♀️ Enfin, par souci de transparence, elle choisi d’apposer un QR code sur chaque pièce.
Petit à petit, l’oiseau marin fait son nid. Chloe collabore avec Mercedes-Benz à l’occasion de la Fashion Week d’Accra en 2021. Elle rejoint aussi la promotion des Gucci Design Fellowship.
C’est à peu près au même moment qu’elle rencontre The Or Foundation lors d’un évènement.
Créée en 2011 par Liz Ricketts et son compagnon Branson Skinner, la fondation s’est donnée pour mission « d’identifier et de faire advenir des alternatives au modèle dominant de la mode ».
Tant pour transformer la clientèle en ambassadeur·rices de la transition que faire de ces nouveaux modèles un ressort d’abondance et non d’appauvrissement. (D’ailleurs, le « OR », c’est pour induire la notion de choix dans le futur qu’on veut dessiner ensemble.)
Pour Chloe, c’est la révélation. Après avoir assisté à quelques autres tables rondes, elle plonge à l’aventure pour rejoindre l’équipe (quasi) full time.
Depuis qu’elle s’est associée à la Or Foundation, Chloe a plusieurs bonnets de bain (enfin, plusieurs casquettes quoi). Elle sensibilise, forme et accompagne les différentes parties prenantes de la mode d’Accra – et d’ailleurs.
Pour soutenir cet effort colossal, la fondation a décidé de (littéralement) faire payer les entreprises qu’elle tient responsables de ce désastre socio-écologique. (Souvent situées dans le Nord global.) Et ça marche !
La première à avoir mis la main à la poche, c’est le kraken titanesque de l’ultra-fast fashion, j’ai nommé : Shein. (Oui, tu as bien lu.)
En Juin 2022, l’entreprise signe un contrat soutenant l’entreprise à hauteur de 15 millions d’euros. Avec ce deal – 5 millions par an pendant 3 ans –, l’entreprise permet à la fondation de : recycler les pièces, mener des opérations de nettoyage, construire de nouveaux programmes, et faire du lobbying.
Plutôt pas mal.
Dis toi que grâce à ça, la fondation est passée de 2 nettoyages de plage par an à des nettoyages mensuels.
⚠️ Attention cependant. Loin de considérer ça comme une association à Shein, The Or Foundation préfère parler de « juste réparation ». Et, pour elle, obtenir ce don équivaut aussi à un aveu concernant leur impact négatif.
👋🏾 Pour rappel, si tu souhaites soutenir le média – c’est la meilleure manière d’assurer sa pérennité et me permettre de payer mes séances piscine –, tu peux :
→ Rejoindre le Spa – l’espace de contenu additionnel de la Ploufletter. Tu y trouveras un condensé ma veille (sous forme de résumés et analyses de livres) et des templates introspectifs.
→ Ou bien faire un don libre sur Stripe.
et demain ?
Et bien, avec cette première palme dans la porte de l’ultra-fast fashion, Chloe et The OR Foundation espèrent pouvoir continuer à faire payer – encore une fois, littéralement, – d’autres entreprises du secteur.
Qui sait, peut-être que demain d’autres suivront ?
Et qui sait aussi… peut-être qu’après la réparation viendra la prévention ? La dé-consommation ? (Parce qu’in fine, c’est cela qui se joue aussi. Consommer moins = produire moins = jeter moins = polluer moins. Le « schéma » est super caricatural, mais t'as compris ce que je veux dire.)
On verra bien, mais je croise les doigts pour que ce soit le cas.
👀 so what ?
Si tu me lis encore, tu l’as certainement compris : dans la mode ou l’écologie, Chloe porte la même vision. Celle d’un avenir où les savoirs ancestraux et modernes participent ensemble à tisser les fils d’une société aussi inclusive que durable.
Pour être transparente, à l’origine, à l’origine j’avais plongé dans le récit de Chloe pour compléter des recherches sur un autre portrait. (Aussi sur la mode durable, mais concernant l’autre extrême de la chaîne de valeur – soit, la confection des articles.).
Et, in fine, en plongeant dans son parcours, j’ai pu découvrir une multitude d’enjeux relatifs à cet « après » qu’on édulcore – ou ignore – encore trop. J’espère que c’est le cas pour toi aussi !
🛟 kit de fin - 3 raisons d'utiliser linkedin et quelques templates pour faciliter ta prise de contact
Temps de lecture : 2,5min
Je sais, je passe de l’hippocampe au cachalot mais j’ai une bonne raison ! (Pas du tout.)
Pour le contexte, la discussion dont je te parle a eu lieu un autre samedi, cette fois, à l’heure de l’apéro.
On était tous·tes là, installé·es tranquillement autour de la table, un verre de jus de tomate à la main lorsque le sujet tombe : « mais tu utilises Linkedin toi ? » ; « je comprends pas ce réseau, moi je m’en sers que pour regarder les actualités des gens » ; « ça sert à quoi ? ».
Face à ces questions, je vois défiler dans mon esprit : mes commentaires « trop cool ! » ou « slay » (moins fréquents), mes MP de prise de contact ponctués de « whalecome », et ma création de contenu régulière sur le réseau. Bon, c’est clair. Je crois que je suis en minorité.
Pourtant, si je fais le bilan, je crois que c’est vraiment un des réseaux que je kiffe le plus. Et ce pour plusieurs raisons :